Un biopic décevant qui ne rend ni justice ni hommage à une femme qui a pourtant marqué son temps.
Avant d’en venir aux points gênants, il faut saluer la réussite esthétique qu’est ce film. Décors, costumes, maquillage, lumière, photographie, mise en scène tout concourt à la beauté et à une forme d’harmonie malgré les tensions entre les personnages, leurs histoires et leurs passions.
On est transporté au XVIIIème siècle, en Angleterre où les idées et les hommes bouillonnaient. Si la situation américaine est présente en arrière-plan, elle ne reste qu’un décor.
Les acteurs brillent par leur jeu d’une grande sobriété et surtout de leurs silences si parlant. Keira Knightley et Hayley Atwell sont impressionnantes.
Dès lors, qu’est-ce qui pêche ? Le parti pris scénaristique est sans doute ce qui m’a provoqué des plaques d’urticaire. La duchesse était une femme d’esprit qui brillait dans des salons tant pour ses robes en soie que pour ses bons mots. Or, là, on cherche la femme qui couvrait l’Angleterre de ses traits d’esprit et qui donnait le ton en matière de mode ; encore que sur ce point, on s’y retrouve un peu.
On regrette donc que le film se concentre seulement sur la vie sentimentale de la duchesse. Il y aurait eu matière à exploiter quelques trios amoureux célèbres pour renforcer l’histoire. Je pense notamment à Huis clos de Jean-Paul Sartre qui aurait bien servi la trame de fond et renforcé les faiblesses narratives. Il n’en n’est rien c’est bien triste pour le film.
Enfin, à réaliser un biopic, autant le faire jusqu’au bout et aborder la perte de son œil, sa relation amicale avec Madame de Polignac, ses voyages à Versailles, la Révolution française… Bref, The Duchess, un film sur la mode qui ne dit pas tout, des relations amoureuses plutôt mal abordées et une injustice pour une femme d’esprit.