L'Idole des Jeunes

Les biopics français ont rarement fait l'unanimité et un film sur la vie de Claude François n'est pas vraiment intrigant. Mais lorsque c'est Florent Emilio Siri qui réalise, on peut se laisser tenter par une insatiable curiosité maladive, le gaillard ayant prouvé que son style proprement efficace seyant à merveille au film d'action. Résultat : Cloclo est une impressionnante immersion dans le genre, que l'on soit fan ou non de l'ancien chanteur.

Contrairement à beaucoup de films encenseurs faussement réalistes, le long-métrage fait le choix de dévoiler toutes les facettes de Claude François. Toutes. Musicien talentueux mais exigeant, idole des jeunes aux petits soins avec ses fans mais qui n'hésite pas à coucher avec certaines mineures, amoureux fou de ses épouses mais amant volage, personnage souriant et enjoué mais tyrannique avec ses pairs... La star venue d’Égypte est présentée sur toutes les coutures pour un résultat à la fois touchant et résolument humain, Siri ne prenant absolument aucune pincette. Maquillé avec parcimonie, l'acteur lui ressemblant déjà assez, Jérémie Rénier signe ici le film de sa vie, littéralement habité par le personnage pour une prestation mémorable.

Le reste du casting (tout aussi excellent) est ainsi dévoré par sa prestance juste et survoltée. Dommage pour Benoît Magimel, peu crédible et quelque peu énervant en Paul Lederman, ressemblant presque à une parodie du producteur juif qui en fait des caisses sous un épais maquillage. Mais ce qui frappe le plus, c'est la dynamique du film, son montage millimétré calé sur la musique (on croirait voir un long clip par moments), cette capacité à ne jamais s'endormir sur des passages moins rythmés, cette puissance des images que le réalisateur parvient à capturer sur chaque scène, transformant le biopic en voyage visuel et auditif de toute beauté. Siri réalise ainsi un tour de force en présentant un long-métrage immersif et passionnant capable de scotcher le spectateur, qu'il soit fan ou non du personnage. Chapeau bas.