Les ambigüité de la caméra

On a sûrement dû tout dire sur ce film, que ce soit sur le fond ou la forme. Alors je n’en dirai presque rien si ce n’est l’impression qu’il m’a laissée à chaud.

Tout d’abord le film joue sur plusieurs mises en abîme qui articulent plusieurs temporalités ce qui introduit, à mon sens, la question du film, si tant est qu’il y en ai une : le rapport du cinéma a son objet.

Car, Wells nous le montre, le support vidéo peut nous résumer la vie du citoyen « Charlie Kane » en 5 minutes, alors à quoi tient le cinéma ? Citizen Kane se présente sous la forme d’une enquête, non pas policière, mais plutôt journalistique portant sur la vie de l’énigmatique et puissant Charles Kane, à partir de ses dernières paroles « bouton de rose ».

Ainsi la caméra se lance, inquisitrice à la traque de l’intimité, et peut être de l’ultime secret de Kane et de son mystérieux épitaphe. Le film questionne la place de ce « citoyen » dans la société, mi humaniste et (relativement) contestataire, mi homme d’affaires fortuné et mégalo se construisant, pour demeure, le plus grand édifice jamais réalisé par l’Homme.

Mais, à mon sens, la caméra se met en doute en même temps qu’elle enregistre, qu’elle capture. Elle remet sans cesse en question son aptitude à dire l’intimité d’un Homme, à dire l’Homme en général. C’est en cela que le film se conclut sur

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« Défense d’entrer », comme si la caméra devait s’arrêter, au même niveau que les yeux des pauvres journalistes qui enquêtent sans réel succès sur le sens des mystérieuses paroles de Kane. Alors que nous apprennent ces personnages ? Eh bien peut être qu’une phrase ne peut révéler un Homme, alors qu’en est il de la caméra ?

Là caméra résout l’enquête, elle la résout aux yeux des spectateurs, pas des personnages. En ce sens, la réponse est ambiguë, elle a un pied dans la fiction, un autre dans la réalité. Mais elle est aussi ambiguë dans le traitement de son sujet : Kane est il révélé, le cinéma est il un art surplombant, un troisième œil ? Car en un sens, les artifices propres à l’art du cinéma nous révèlent le personnage à bien des égards : jeux de lumières éblouissants qui laissent bien souvent Kane dans l’ombre lorsqu’il est au comble de sa gloire. Les flashbacks et flashforwards, les scènes rejouées … Tout nous pousse à croire que le film devient le lieu du dessillement et du surplomb, plaçant le spectateur et le réalisateurs en démiurge (réalisateur) / inspecteur nécessairement satisfait (spectateur).

Mais comme évoquée au dessus, la fin semble dépasser cette simple aporie en concluant sur le premier plan, formant une boucle hors du monde, hors des yeux, mais ce monde est il en hors champ ? Je ne répondrai pas à cette question car je n’ai pas la réponse, mais le débat est lancé :)