Ou l'art de donner le bâton pour se faire battre.

Hello à tous et à toutes ! J'écris pour la deuxième fois cette trèèèèès longue critique, car la première, fausse manip, j'ai tout perdu ! Alors on recommence, dans la joie et la bonne humeur !

Je commençais en disant que j'avais vu le film dans un contexte très particulier, ita est la soirée de la St Valentin au Grand Rex, où ils ont organisé un before avant le film dans leur boîte, avec plein d'animations et ... autres sur le BDSM. De plus j'étais avec mon amoureuse, donc autant vous dire que le contexte était idéal, et je pense sincèrement que ça joue beaucoup sur ma vision du film.

Je me suis fait tendrement harcelé par mon éminent collègue et bien plus actif que moi sur SC, Kévin Stach', qui me demandait donc d'écrire une critique sur 50 Nuances, lui ne l'ayant pas du tout aimé, et moi bin ... Vous avez dû voir la note ^^.

Je précise aussi également que je m'efforcerai ici de critiquer le film et uniquement le film, pas le fait que ce soit une adaptation, pas le roman, pas le rapport entre les deux, mais bien l'objet filmique uniquement ... Bon à part peut-être une ou deux fois. D'ailleurs critiquer le rapport entre les deux serait éxtrèmement malvenu de ma part, car contrairement à beaucoup de critiques que j'ai pu voir (keskispass autour de ce film ! Tellement de haine ! Comme si les gens se sentaient trahi ou je ne sais quoi ...), je ne me permettrais pas de critiquer quelque chose que je n'ai pas lu ... Mais j'ai eu beaucoup d'échos de la manière dont c'est écrit. Ma chère et tendre en est presque à la fin du 3, et je ne vous surprend certainement pas si je vous dis que c'est le genre de roman à faire parler les demoiselles ...

Mais trêves de préambules et jetons nous (doucement quand même) sur ce film. Je commence par ce que j'ai le plus vu, et ce qui m'a le plus chiffonné dans toutes les critiques que j'ai pu lire : le jeu d'acteur. Honneur aux dames donc, et jetons-nous sur Dakota Johnson ... Non là du coup le verbe sonne bizarre ... Bref. Arrêtons de la critiquer si durement ! Qu'est-ce que vous avez contre elle bon sang ? Certes elle est un peu niaise, mais qu'est-ce qu'elle est drôle ! Si il y a bien une chose qui m'a surpris dans le film, c'est la dose d'humour. Que je trouve vraiment bienvenue, le figure fantasmatique ultime de Grey aurait tellement pu faire sombrer la pauvre Ana Steele dans un jeu perpétuellement mièvre, mais ce n'est pas le cas ici ! De nombreuses fois dans le film, une étincelle dans le regard, voire carrément un rire bien placé, remet les choses à leur place, et entre ses moments de maladresse (un peu lourds par moments je le concède) et ses moments de foutage de gueule de Grey, je lui trouve un équilibre assez juste. Attention, on est pas face à une révolution, mais jamais je n'ai senti le jeu assez faux pour me sortir de l'intrigue. D'autant que (seule et unique référence au roman, juré craché) la performance était un vrai tour de force, déjà dans les scènes de sexe, mais on y reviendra, mais aussi dans la redondance hypra-usée des "didascalies" émotionnelles du texte d'origine. Tout cet ouragan intérieur décrit dans le roman, résumé selon moi très habilement par de simples mimiques, un rythme respiratoire variable, des regards par en bas, quelques mordillages de lèvres peut-être un soupçon trop présents ... Mais tout en simplicité, sans prétention ni fausse modestie.

Ensuite le King, le Roi de la jungle, le grand, le beau, le fort, l'ultime Grey. Pas facile d'interpréter un personnage aussi parfait que Christian Grey. Et pourtant, de la même manière que Johnson, pas une fois sa performance ne m'a fait sortir du film. Déjà, Jaimie Dornan est fu*king SEXY, en toute objectivité, soyons sérieux 5 minutes. "Ouais mais tu parlais du jeu d'acteur là ... C'est pas comme si il avait travaillé pour être canon", certes ! Parlons du jeu alors ! Je ne comprend absolument pas la critique commune dénonçant le fait qu'il ne soit pas assez sombre, pas assez ceci, pas assez cela ... Hé ho, on est d'accord qu'on va voir le même film hein ? Celui qui parle d'une HISTOIRE D'AMOUR ! Ouais, Dornan ne joue pas le psychopathe dans 50 Nuances de Grey, mais ça serait tellement malvenu dans une romance ! On n'est pas dans Shame là ! La volonté artistique n'est absolument pas la même ! Pour moi Dornan livre une prestation d'un Grey charismatique, dominant et omni-présent dans sa relation avec Steele, naviguant à vue entre ses fameuses 50 Nuances de folie et sa passion incontrôlée pour Ana, avec le véritable soucis de se faire comprendre par cette dernière. Donc alternance entre des moments de doute, de questionnements, de remise en question, pas révolutionnaires non plus, mais justes; et ces moments à se tordre sur son siège, où il drague comme un prédateur, avec son regard profond et ses micro-tics de visages (ses fossettes ! Ses spasmes de lèvres et de sourcils !)

J'en finis rapidement sur l'alchimie entre les deux acteurs, pareillement lapidée par beaucoup de gens. Sur ce point je suis un peu plus d'accord. On sent quelques moments où les acteurs ne sont pas 100% convaincus par la situation, notamment des moments comme la fin, ceux ayant vu le film sauront de quoi je parle ... Les deux peinent un peu à convaincre. Mais à part la scène de fin qui pour moi est vraiment pas réussie, et c'est vraiment dommage, ce n'était jamais assez mauvais pour me sortir de l'enjeu du film et des personnages. Je veux dire, on a fait mieux, je suis d'accord, mais les romances mainstream américaines font teeeeellement pires teeeeeellement souvent ! Et toute la première moitié du film, j'ai été vraiment embarqué par la tension sexuelle omniprésente. On ne nous lâche pas une seule minute, et je trouve que c'est un choix de mise en scène particulièrement couillu.

Maaaagnifique transition pour parler de la réalisation en elle-même. Notamment donc sur cette première partie de film, quand on est encore dans la phase dragouille des deux côtés. Tellement de tension comme je disais ! De suggestions (encore une fois sur la fin de cette première partie, ça commence à être un poil lourdeau) dans les images, que ce soit le bâtiment, la scène de l'hélico, toute la première interview, la scène dans le magasin d'Ana ... Wah ! On est complêtement pris en otage, et à travers la réalisation, on entre d'autant plus en empathie avec Ana selon moi. On découvre tout avec elle.

Et parlons de cette découverte justement. Dans 90% des films romantiques on a le schéma suivant (je grossis bien sûr) : 10 première minutes, rencontre/coup de foudre, puis naissance du couple, happy life, on baise, on baise etc ... Puis, oh non ! Problématique. Genre ma mère veut pas, mon père est juif, ma soeur est transexuelle ... etc etc. Enfin résolution : c'est pas grave! Tu m'as trompé mais je t'aime quand même ! Youhou ! Fin. Dans 50 Nuances de Grey, on assiste à 2 heures de simple rencontre. On ne dépassera jamais ce stade. Et j'adore ça, le film prend le temps de tous les éléments bouleversant la vie des deux protagonistes, encore une fois pour moi c'est sacrément couillu ! Jamais le film ne s'installe dans quelque chose d'acquis ! Jamais le spectateur va être en mode : Ouf ! Ca y est je peux souffler, ils sont ensemble, tout va bien aller. Et j'apprécié qu'on se foute pas de ma gueule en me prenant la main et en me tapotant sur la tête : "tu vas voir, ça va aller". Yes !
Avant de conclure je passe vite fait sur les scènes de sexe. Retour dans le passé, il y a quelques mois : "Omagad ! Je viens de finir le roman et j'ai tellement adoré ! J'ai appris qu'ils allaient l'adapter au cinéma. Diable ! Je suis méfiant, vais-je retrouver le même état face au film que face au roman ? Allons nous renseigner un peu plus. Comment donc ? Il n'y aura que 20 minutes de sexe dans le film ?! Vade retro ! Trahison ! Viol ! Maladie ! Colère ! Vengeance ! Je fonce sur Sens Critique et je lui met 2 tiens ! - Mais attend, le film n'est même pas enc... - M'en fout ! 20 minutes de sexe, ça vaut 2 !" Oui ..? Bon ... Vous vouliez sincèrement voir Dakota Johnson et Jaimie Dornan se sauter dessus toutes les 10 minutes ? Si c'est le cas, faut pas aller au cinéma les ptits loups ... Faut aller sur Internet. Ces 20 minutes suffisent amplement dans le déroulé du film. Plus ça aurait été gratuit, et encore une fois, il s'agit d'une histoire d'amour, pas d'un porno. Donc, comme dans un bon film d'amour, les scènes d'amour sont classes, même un peu fascinantes de part l'originalité des tendances sexuelles de monsieur, mais ce n'est pas une surprise ... Ou alors, si vous êtes réellement déçus, consolez-vous, d'ici quelques mois, voire quelques semaines, je suis presque sûr que vos tubes pornographiques préférés auront fait leur propre adaptation du roman. Niveau sexe, vous serez très clairement servi, mais je parie 10 000 dollars plus ma tête, que le propos sera mille fois moins intéressant.

Pour résumer, j'aime ce film parce qu'il est rafraîchissant. Après le phénomène Love Actually (<3 <3) et tous les échecs qui ont suivi, on nous sert un film original à la fois dans son propos et dans sa forme globale. Honni à tout ceux qui seront offusqués de la manière dont est transformé le roman. Il s'agit d'une histoire d'amour avant tout, et elle est diablement bien ficelée. Avec des personnages certes caricaturaux dans leur présentation, mais authentiques par rapport à la problématique sexuelle de Grey et à tout ce qu'elle implique. Mega point bonus pour la bande son qui est juste magique. Je conclus en citant l'article d'Allociné, ils ont fait leur propre critique (chose assez rare me semble-t-il), et ils terminent comme ça : "Une comédie sentimentale (dé)culottée qui mériterait qu'on la laisse simplement exister, qu'on lui fiche la paix. Il n'y a pas de mal à se faire du bien après tout...".

Comme d'habitude j'ai eu la flemme de me relire, donc tout ça est sans doute farci de fautes dû à la rapidité d'écriture et à l'inattention, et de phrases alambiquées. Je vous prie donc de bien vouloir m'excuser, mais comme d'habitude, je ferais les mêmes erreurs à la prochaine ^^.

D'ici la prochaine critique, tchou tchou, XOXO, allez au cinéma, jouez au jeux vidéo, lisez, sortez, dansez, écoutez de la musique, même de la merde. C'est important aussi, la merde.
PtitPierreOphle
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le 16 févr. 2015

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