Chronique d'un été rassemble beaucoup de thèmes, dont certains n'avaient sans doute pas été prévu lors de l'élaboration du projet.

Là repose la magie du film documentaire, si ce film en est un. On ne sait jamais vraiment où commence la comédie. On peut penser que parler devant une caméra pourrait atténuer la part de vérité qu'on voudrait partager. Mais on peut également penser que c'est en parlant devant une caméra qu'on peut devenir le plus sincère, que ce soit conscient ou non.
La dernière scène montre les protagonistes en train de regarder leur film, et débattent à son sujet.
Certains disent qu'Angelo joue trop la comédie. D'autres disent qu'il est le plus sincère, et que cette comédie pourrait y contribuer.
Certains disent que Marceline et Marylou se confient trop et parlent plus pour elles-mêmes que pour la caméra. Cet excès de sincérité les gène, ils ne se sentent pas à leur place dans leur intimité.
Le genre documentaire est donc mis en question. Lors de la première scène, Jean Rouch et Edgar Morin se posent la question sur le rôle de ce cinéma vérité. Est-on capable de filmer la vérité et à partir de quel degré préfère-t-on la comédie ?
On sort du film en s'en posant de nouvelles, nos préjugés étant chamboulés.

Mais ce n'est qu'un film sur le cinéma, il expose plusieurs thèmes du début des années 60, comme la situation paradoxale des ouvriers, l'intégration des Noirs en France, le rôle des jeunes, et bien évidemment la situation globale des français. Sont-ils heureux et épanouis, considèrent-ils le travail comme une souffrance ?
Un ouvrage sociologique et historique qui nous replonge dans ces années, où l'image que l'on veut montrer soi semble être prédominante.
On en revient donc au rôle du cinéma dans cette société : la caméra permet-elle de se libérer de cette carapace, et de pouvoir enfin s'exprimer librement ?
yaya-dc
8
Écrit par

Créée

le 21 janv. 2014

Critique lue 424 fois

2 j'aime

yaya-dc

Écrit par

Critique lue 424 fois

2

D'autres avis sur Chronique d'un été

Chronique d'un été
cinewater
7

Critique de Chronique d'un été par Ciné Water

Un cinéaste - Jean Rouch - aux côtés d'un sociologue, Edgar Morrin se "baladent" dans la France de 1961. Ils veulent y faire un film, enfin un documentaire sous forme de micro-trotoir. Les...

le 25 mars 2012

14 j'aime

Chronique d'un été
Val_Cancun
7

Le joli juillet

D'abord c'est simplement fascinant de se replonger presque sans filtre dans la société française de 1960, par le biais de cette "Chronique d'un été". Ensuite on se dit que le documentaire est quand...

le 5 mai 2020

13 j'aime

3

Chronique d'un été
Morrinson
7

"Un cinéma-mensonges et ces mensonges, par un hasard singulier, sont plus vrais que la vérité."

Jean Rouch peut parfois être agaçant dans sa façon d'aborder des sujets d'ordre anthropologique, dans le documentaire comme dans la fiction, notamment à travers le recours fréquent à la voix off pour...

le 26 déc. 2017

9 j'aime

2

Du même critique

Hurry Up, We’re Dreaming
yaya-dc
9

I want to be the king of my own land

Il était une fois une jeune fille convaincue qu'essayer de comprendre le monde était futile et bien trop compliqué. En effet, à quoi bon chercher quand il suffit d'imaginer ? Alors elle a crée son...

le 4 janv. 2014

23 j'aime

1

Illuminations
yaya-dc
10

Le dernier métro

"Le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques ; (elles n’existent pas.)" Barbare Dans certaines situations les mots ne peuvent retransmettre ne serait-ce que la plus...

le 8 févr. 2014

15 j'aime