Souriez vous êtes filmé !
Chronique d'un été rassemble beaucoup de thèmes, dont certains n'avaient sans doute pas été prévu lors de l'élaboration du projet.
Là repose la magie du film documentaire, si ce film en est un. On ne sait jamais vraiment où commence la comédie. On peut penser que parler devant une caméra pourrait atténuer la part de vérité qu'on voudrait partager. Mais on peut également penser que c'est en parlant devant une caméra qu'on peut devenir le plus sincère, que ce soit conscient ou non.
La dernière scène montre les protagonistes en train de regarder leur film, et débattent à son sujet.
Certains disent qu'Angelo joue trop la comédie. D'autres disent qu'il est le plus sincère, et que cette comédie pourrait y contribuer.
Certains disent que Marceline et Marylou se confient trop et parlent plus pour elles-mêmes que pour la caméra. Cet excès de sincérité les gène, ils ne se sentent pas à leur place dans leur intimité.
Le genre documentaire est donc mis en question. Lors de la première scène, Jean Rouch et Edgar Morin se posent la question sur le rôle de ce cinéma vérité. Est-on capable de filmer la vérité et à partir de quel degré préfère-t-on la comédie ?
On sort du film en s'en posant de nouvelles, nos préjugés étant chamboulés.
Mais ce n'est qu'un film sur le cinéma, il expose plusieurs thèmes du début des années 60, comme la situation paradoxale des ouvriers, l'intégration des Noirs en France, le rôle des jeunes, et bien évidemment la situation globale des français. Sont-ils heureux et épanouis, considèrent-ils le travail comme une souffrance ?
Un ouvrage sociologique et historique qui nous replonge dans ces années, où l'image que l'on veut montrer soi semble être prédominante.
On en revient donc au rôle du cinéma dans cette société : la caméra permet-elle de se libérer de cette carapace, et de pouvoir enfin s'exprimer librement ?