Brillante gynéco, la quarantaine fine et racée, Catherine Metzer arrive pourtant à l'âge où une femme s'interroge sur son pouvoir de séduction, surtout quand on est mariée, comme elle, à un charismatique et populaire professeur de musique, assiégé en permanence par une nuée de jeunes étudiantes énamourées et qui a les traits et la force tranquille de Liam Neeson.


Le hasard la met en présence d'une très jeune femme, l'une de ces filles, quand elle les croise, qu'elle regarde à la dérobée : visage d'ange et courbes voluptueuses qui d'emblée l'émeut et la trouble. La blonde Chloé, intriguée, accepte le deal que lui propose l'épouse, moyennant finances : séduire l'époux et raconter ensuite.


" Avant toute chose déclare Egoyan, Chloé traite de la nature de l'intimité, mais je crois que le film parle en fin de compte de ce que nous cherchons tous au travers de notre relation à l'autre - voir autrui comme on voudrait être vu soi-même - et qu'il parle aussi de l'idée de protéger notre droit à être seul, à préserver notre solitude.
C'est à mon avis de cela que parle Chloé, de la manière dont il nous est permis de nous imaginer et d'intégrer cela à notre lien avec l'autre. Dans toute relation amoureuse, on doit se protéger soi, mais si on n'a pas conscience de l'objectif explicite de l'autre personne, ce décalage peut devenir vraiment dangereux, voire explosif. C'est sur ce terrain que s'avance le film, à la fois dans l'idée conventionnelle du couple et dans celle de l'alliance inattendue entre deux âmes à la recherche de quelque chose qu'elles croient avoir trouvé l'une chez l'autre."


Une exploration intéressante du mariage, de l'amour et de la trahison, et au-delà, du besoin impératif chez cette femme toujours amoureuse, de savoir, de comprendre et surtout de partager la vie érotique de son mari, par procuration en quelque sorte, tout un pan de son intimité qui lui échappe et attise en elle une insatiable curiosité.


Remarquable Julianne Moore une fois de plus, en femme tour à tour vulnérable et manipulatrice qui, par amour, va découvrir la face cachée de sa sensualité, confrontée à une fille entre innocence et perversité qui se refuse à n'être qu'un objet sexuel : Amanda Seyfried correspond bien à ce personnage touchant dans sa fragilité d'enfant livrée trop tôt à la vie, et qui n'a de cesse de prendre sa revanche.


Un film qui séduit malgré quelques lourdeurs, et deux beaux portraits de femmes qui se perdent l'une et l'autre pour mieux se retrouver.

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le 23 mai 2012

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Aurea

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