Chats perchés
7.2
Chats perchés

Documentaire de Chris Marker (2004)

C'est au travers du regard d'un drôle de gros chat jaune au sourire éclatant que l'illustre Chris Marker compose cet étrange documentaire, moyen métrage indiscutablement orienté vers les aspirations d'une gauche révolutionnaire et contestataire en même temps qu'il développe une assez réjouissante poésie ludique. A l'aube des années 60 le cinéma et sa vague nouvelle emportaient les caméras dans les rues... Quarante ans plus tard c'est au Street Art de prendre le relai d'une parole en mouvement perpétuel, celle d'une liberté d'expression braquée contre les politiques d'extrême-droite, contre la guerre en Irak, contre la misère dans le monde, contre la précarité du prolo et cetera, et cetera, et cetera...


Chris Marker parvient à retracer un édifiant panorama de la France du début des années 2000 au gré d'un montage d'une forte puissance évocatrice, allusive et plutôt cohérente dans son ensemble. Si les tendances gauchistes du cinéaste ne sont pas inconnues du cinéphile averti elles atteignent ici leur acmé au détour d'intertitres à la fois roublards et systématiques, pancartes provoquant un agacement relatif tant l'impression de martèlement se fait sentir de minute en minute... agacement contrebalancé par la forme ludique de ce Chats Perchés, forme expérimentale permettant une lecture proprement unique à chaque spectateur : au détour des affiches, des tags et des banderoles le visionnage de ce documentaire devient - si l'on écarte sa dimension populiste - réellement agréable car poétique et singulier en plus d'être synthétique. On pense bien entendu au plus récent Film Socialisme godardien, la qualité du support en moins puisque ici la caméra DV ne permet guère autre chose qu'un emballage fauché et d'apparence brouillonne.


Le film semble comme traversé de trous d'air, comme perforé dans sa narration mêlée d'ellipses et de réminiscences... il en devient d'autant plus stimulant sur le plan formel ! Nuançons en ajoutant que les intentions de Marker auraient été davantage pertinentes si elles n'avaient pas été aussi faciles de bien-pensance et de démagogie. Rapprocher les différents éléments du contexte historique avec autant d'insistance relève tout de même d'une certaine forme de manipulation intellectuelle, aussi respectable soit-elle. L'ami Chris marque des points quant aux cadrages, souvent brillants dans leur manière d'associer les idées reçues par l'oeil du capteur. Excellence du montage.

stebbins
7
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le 30 avr. 2015

Critique lue 398 fois

stebbins

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