Charlot joue Carmen par Maqroll
En ce début d’année 1916, Charlot tourne son avant-dernier film pour Essanay. Et comme le précédent (Charlot au music-hall) et malgré un titre français trompeur, le personnage de Charlot en est de nouveau absent. Il s’agit ici ni plus ni moins que d’une adaptation (très libre) de l’œuvre de Bizet, elle-même inspirée d’une nouvelle de Mérimée. Mais, comme le précise le titre original, Chaplin fait une intéressante diversion vers le genre qui l’a déjà consacré, à savoir le burlesque. Les principales péripéties de l’histoire se retrouvent et sont autant de prétextes pour Chaplin de montrer son personnage ridiculisant successivement tous ses adversaires grâce à sa facilité à se faire des alliés des objets. Le duel à l’épée notamment est un chef-d’oeuvre de rythme, de précision et d’humour. Quant à la scène finale, grandiose dans le tragique, elle est retournée dans un clin d’œil dont on voit bien qu’il s’adresse à la caméra, comme pour sauver des apparences et pour rester coûte que coûte dans le registre de départ. La seule réserve que j’émettrai concerne le choix - évident à ce moment-là - d’Edna Purviance pour jouer le rôle titre et qui n’est guère vraisemblable en bohémienne andalouse.