Rolf de Heer, se consacre à une cause perdue, pour offrir avec ce long métrage toute l'histoire des aborigènes australiens qui se déroule via la «quête» de Charlie.


Ex-guerrier, aujourd'hui sans armes, confronté au racisme et au désespoir d'une vie sans issue, Charlie essaiera de communier difficilement avec sa terre d’origine, oscillant lui-même entre fantasme et réalité.


Toute la puissance du propos est admirablement rendue, de splendides scènes naturelles, et un humanisme profond..Le cinéaste dresse un portrait poignant de l'homme. Empêtré dans ses problèmes, survivant dans une sorte de cahute, détruit, frayant avec les dealers ou les policiers, se sentant trahi, Charlie partira vivre dans le bush pour constater toute sa difficulté à renouer avec sa terre et ses origines, se perdra et peut-être se retrouvera.


La partie urbaine, bruyante et anonyme déprime... La partie du retour aux valeurs ancestrales, se fait poétique et silencieuse.
L'adversité, appuyée par des scènes d'immobilité, sous la pluie, et du regard à la fois perdu et perplexe de Charlie est magnifiée par un jeu de caméra qui suit l'acteur dans ses faits et gestes, qui se rapproche, recule, filme par ses yeux les paysages, par son regard la perte d'identité, flottant entre deux mondes, est fortement émouvant.


Des scènes traitées par l'humour qui dégagent d'autant plus de force par leur simplicité. La facilité des situations et de prises de décision, comme de laisser une voiture en plan, au beau milieu du chemin tout naturellement, appuie la révolte.
Mais les rapports aux armes et les contacts avec les policiers, amènera progressivement toute la haine et le racisme pour ces aborigènes étrangers dans leur propre pays.


Un message fort et plein de finesse sur l’intégration difficile d’une communauté encore victime de la domination des Blancs et « L'histoire » des peuples qui se répète.


On reste scotché par la puissance d’expression corporelle de David Gulpilil.
Sa démarche royale , ce corps fin qui ondule, rappellera une scène du film de 1990 Aux sources du Nil"de Bob Rafelson où les explorateurs rencontrent “Le Roi”. La crainte et la force qui ressortent du personnage sont justement appuyées par une démarche faite de légers sauts, aérienne, par une sorte de flottement assez extraordinaire.


La simplicité des contacts et des dialogues percutants allant à l'essentiel, de la même galère des uns et des autres, faite de trocs, ou de distribution d'argent pour ceux qui en manquent, les rires en lieu et place parfois de discussions, nous interrogera nous-mêmes de manière fort délicate.


Un final plein d'optimisme et des valeurs retrouvées.
Une réussite, impossible à quitter des yeux et l'émotion de certaines scènes prend à la gorge. Une tranche de vie de pauvreté, d'absurdité et d'adversité. Un film qui transporte.

limma
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le 3 mai 2016

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