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Merveilleuse et très jeune Helena Bonham Carter dans le rôle d’une jeune fille de séjour à Florence, sous la surveillance de sa cousine jouée par la formidable Maggie Smith, qui fera l’expérience d’un amour naissant, jeune et passionné avec l’un des occupants de l’hôtel dans lequel elles résident toutes deux. James Ivory s’attache à inscrire la jeunesse et la vitalité de ses jeunes acteurs dans les décors vibrants eux aussi de l’Italie florentine et peuplé à son image. Tout y est plus intense et la jeune Lucy reçoit la beauté des statues florentines avec la même violence qui s’imposera à elle lors d’une scène de bagarre tournant au drame.
Le tempérament et le coeur de Lucy résonnent au diapason des cloches de Florence dont l’écho se fera sentir bien après que la jeune fille ait quitté la ville, Charlotte, la cousine, écourtant leur séjour, horrifiée d’une scène de baiser à laquelle elle assiste malencontreusement et qu’elle interprétera comme une agression à l’égard de sa jeune cousine.
Lucy s’exprime à travers la musique. Jouant du Beethoven qui laisse deviner en elle un caractère passionné sous la docilité affichée, le prêtre de la famille décèle en elle une force insoupçonnée, une indépendance et une liberté salvatrice que la famille de la jeune fille semble ignorer.
De retour en France, la jeune fille accepte la demande en mariage d’un aristocrate en tout point opposé au jeune homme rencontré à Florence. Le jeu des acteurs est en cela très révélateur du caractère de chacun : Cecil est un corps raide, statique, pudique tandis que le corps de George est constamment en mouvement, occupant l’espace de mille façons, sautant, grimpant, roulant, il n’y a aucune retenue, seulement de la spontanéité, et le contraste est saisissant avant même que n’intervienne la scène du « baiser » entre Lucy et son futur mari lui demandant très chastement l’autorisation de l’embrasser. La fougue de Lucy le surprend et le baiser ne durera qu’une demi-seconde à peine, Cecil reculant soudain effarouché. On pourrait regretter, dans le film d’Ivory, un dessin presque caricatural ou stéréotypé de ses personnages qui sont presque « attendus » dans la fonction qu’ils occupent dans cette histoire. Charlotte dans le rôle de la vieille cousine coincée mais qui ne l’a pas toujours été, à la fois obstacle et agent vis-à-vis de notre héroïne, est un personnage assez fade du reste et qui fait l’objet des moqueries de chacun malgré sa bonne volonté. La comédie est cependant une réussite : franche partie de plaisir lors de la scène de la baignade où chaque acteur s’abandonne à une simple et authentique dispense des corps. Utilisation de cartons comme des « chapitres » qui fragmentent le récit au montage et renvoient à une tradition du cinéma muet (ou peut-être son origine littéraire) sans que l’astuce ne dépasse cependant la simple référence.

Ga_bri_elle
7
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le 11 mars 2021

Critique lue 62 fois

Ga_bri_elle

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