On y trouve du thriller sur fond d’espionnage, une réflexion sur l’eugénisme et le clonage tout droit sortie de l’idéologie nazie, de la science-fiction, quelques envolées comiques. Ces Garçons qui venaient du Brésil mélange étroitement les registres pour un résultat on ne peut plus original, osé – il s’agit en effet de jongler avec les codes éthiques d’une période historique afin de les réinjecter dans une œuvre de fiction – et réussi, en dépit de quelques longueurs qui, de prime abord, peinent à embarquer le spectateur dans son intrigue. Cette valse tonale se fait également valse musicale : la partition que signe Jerry Goldsmith inscrit le film dans une rythmique lancinante sous forme de va-et-vient, comme régi par le mouvement d’un temps – de l’expérience traumatique des camps au présent de l’action –, d’une géographie – Schaffner n’a de cesse de balader ses personnages du Brésil à l’Autriche en passant par l’Angleterre – et d’une intrigue où les protagonistes initiaux laissent leur place à celui dont on ne soupçonnait guère la carrure de héros (interprété par Laurence Olivier). Très instable, Ces Garçons qui venaient du Brésil conjugue les contraires, unifie les continents dans la perspective de dépeindre la propagation du mal nazi très justement mis en perspective avec toute forme de fanatisme, notamment lors de la clausule, admirable. Franklin J. Schaffner a cette manière de ne jamais rien trancher, de laisser planer sur ses personnages une fatalité incarnée à l’écran par un collier. Les hésitations ainsi créées aèrent le métrage, le percent de trous interprétatifs qui s’offrent au spectateur de toute époque comme une possibilité d’ajouter au nazisme ici traité le fanatisme idéologique qu’une société contemporaine peut traverser. Une œuvre très intelligente et audacieuse.