La faute des parents doit-elle retomber sur les enfants ?

La question de la virilité parcourt tout ce film, le plus célèbre des drames de Minnelli (qui en a réalisé de très grands, même si de nos jours on les oublie un peu, au profit de ses comédies musicales). Dès le début, on est entre mecs : les femmes sont reléguées à l'éducation des enfants. Et c'est justement avec ce type de considérations que s'ouvre le film : Wade (Mitchum), riche propriétaire terrien et éleveur texan, a des activités dopées à la testostérone : chasse, vitesse, alcool et surtout les femmes. Ce qui lui vaut de petits problèmes dès la scène d'ouverture : il se fait tirer dessus par un mari jaloux. ça commence bien !
Mais si Wade est "sévèrement burné", ce n'est pas forcément le cas de son fils, un peu naïf, renfermé sur lui-même et, à 17 ans, ne connaissant encore rien, ni du monde, ni des femmes (ni même de la chasse). Alors, Wade va décider de prendre en main l'éducation de Theron. Il est largement temps, selon lui, de le sortir de l'influence néfaste d'une mère.

Le problème de la virilité, c'est qu'elle peut avoir des revers. Ainsi, le fils Theron se voit rejeté par le père de sa chérie à cause de la réputation du père.
Plus grave encore : comment savoir quels sont vraiment les enfants de ce Wade qui court impunément après tout ce qui porte jupon ?
Si, à cela, on ajoute le thème de la mort, elle aussi omniprésente dès le début du film (avec les marécages ou la terrible scène de la chasse), il ne nous faut pas longtemps pour comprendre que l'ambiance ne sera pas joyeuse.

Ce film est remarquable en de très nombreux points. Long (2h30), il ne comporte strictement aucune scène inutile. On ne s'y ennuie pas un instant, grâce à un scénario exceptionnel. Chaque séquence apporte de nouveaux éléments qui viennent encore enrichir l'intrigue, qui la font progresser vers un final inexorable.
La réalisation, elle aussi, est une grande réussite. Jamais Minnelli ne sombre dans le pathos. Sa caméra reste éloignée des personnages (il n'y a quasiment pas de gros plans), créant un cadre mêlant homme et nature, mais aussi instaurant une distance pudique. Mais, en même temps, il sait nous passionner pour cette histoire grâce à un sens du rythme sans égal.
Bien entendu, personne n'aurait pu aussi bien interpréter Wade que Mitchum. Lui qui fut un des acteurs les plus talentueux obtient ici un de ses rôles les plus marquants, surtout avec la finesse qu'il déploie dans son jeu. Car il est impossible de jeter toute la faute sur lui : Wade n'est pas un salaud (personne ne l'est dans ce film, tout le monde a des raisons d'agir comme il le fait), il aime son fils et il fait ce qui lui paraît le mieux pour Theron. Mitchum parvient à accomplir ce délicat travail d'équilibriste. Un travail de génie.
SanFelice
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le 14 août 2012

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SanFelice

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