Corse... Ilien qui attend que le vent souffle pour aller à la page suivante de son livre.

Pour ne rien vous cacher, je ne me suis jamais précipité dans les salles pour regarder (bien souvent "subir") un film de Luis Buñuel (1900-1983) surtout dans sa "période mexicaine".

Rappelons que, espagnol de naissance, et ennemi de la censure franquiste, le réalisateur, scénariste, acteur, monteur, écrivain, compositeur, poète, producteur de cinéma, photographe, avait préféré s'exiler au Mexique mais tournait aussi parfois en France.

Loin de son goût du surréalisme au temps du cinéma muet, où il était proche des idées de Dali, Luis nous propose ici un film tout ce qu'il y a de plus conventionnel et franco-italien...

Tout ce qu'il y a de plus "commercial" avec un coté fleur bleue, un zeste de polar, de lutte en faveur de la veuve et de l'orphelin, des amours impossibles...

A la limite du roman-photos que chérissaient les femmes au foyer des années cinquante lorsque leur mari était au boulot et la progéniture à l'école ou au patronage... La télé n'avait pas encore droit d'envahissement à l'intérieur des foyers... Les pubs intrusives encore moins. Chacun trouvera son compte dans cette belle histoire faite pour tout le monde !

Et ça a marché : 1 149 667 entrées en salles françaises lors de sa sortie en 1956 : le nom de Luis avait encore un côté sulfureux. Il eut pu même figurer à la 40° place du box office n'était-ce une erreur de classement...

Côté casting : que des acteurs inconnus... Le médecin et héros principal est joué par Georges Marchal, éternel rival de Jean Marais avec un poil de Gabin, et un des acteurs préféré de Luis et qui a pourtant une filmographie impressionnante. Aussi Lucia Bosè, son amante, qui fut reine de beauté et récemment décédée de la covid en 2020... Sa dernière apparition en Italie fut en automne 2019 à la Festa di Roma, où l'actrice était invitée pour présenter sa biographie. Il semble bien qu'elle ait été la dernière survivante des acteurs ayant tourné ce film. Sa rivale dans le récit nous offre elle aussi, une prestation admirable dans le ton BCBG de la femme mariée à un médecin de l'époque : la suissesse Nelly Borgeaud ne tourne ici que pour la troisième fois et se tire d'affaire d'un rôle difficile... mais qui se souvient d'elle ?

On ne sait pas par contre ce qu'est devenue la jolie petite tortue qui n'aimaut pas voir la vie à l'envers... Si vous en aviez des nouvelles ?

Ne parlons pas de la musique : sourd, Luis ne pouvait conjuguer l'auditif au visuel et ça explique peut-être la beauté de ses images ?

Un film qui m'a surpris agréablement même si son côté moraliste, grand cœur, semble aujourd'hui bien vieillot...


Arte le 11.07.2022




270345
7
Écrit par

Créée

le 16 juil. 2022

Critique lue 31 fois

270345

Écrit par

Critique lue 31 fois

D'autres avis sur Cela s'appelle l'aurore

Cela s'appelle l'aurore
Ronny1
7

Elle s'appelle Lucia

A la première vision « Cela s’appelle l’aurore » surprend les fans de Luis Buñuel par son académisme. Les ruelles de la ville (Bastia ?) une utilisation très contrastée du noir et blanc et une...

le 4 mai 2021

4 j'aime

1

Cela s'appelle l'aurore
walterhego
4

Clara et les sales types

Elle est bien mignonne la petite Lucia Bosé... et c'est bien la seule personne aimable de ce film balbutiant ... où tout fout le camp, à commencer par la morale délétère de ces "corses" à l'accent...

le 3 mars 2013

2 j'aime

Cela s'appelle l'aurore
YasujiroRilke
5

Critique de Cela s'appelle l'aurore par Yasujirô Rilke

Bunuel est un auteur caméléon qui, tout en variant et en adaptant son style à son sujet, sait conserver ses constantes. En se fondant dans le réalisme social à la française, Bunuel garde aussi sa...

le 12 juil. 2022

1 j'aime

2

Du même critique

Gorge Profonde - Quand le porno est sorti du ghetto
270345
2

Tu te laves toi après avoir fait l'amour ? Ben oui, pourquoi ? (suite ci-après)

Tu te laves toi après avoir fait l'amour ? Ben oui, pourquoi ? (suite ci-après Ben parce que tu devrais baiser plus souvent !Ce film commente deux choses : la sortie du film "Gorge Profonde" en...

le 19 août 2022

8 j'aime

13

La Baule-les-Pins
270345
3

La Baule ? Sans le punching !

La Baule ? Sans le punching !La réalisatrice et aussi co-scénariste (ça fait déjà beaucoup !) avait très mal vécu jadis le divorce de ses parents quand elle avait douze ans... De là à faire de...

le 20 janv. 2021

8 j'aime

13

Nell
270345
8

La femme, même sauvageonne, sera toujour un sujet sur lequel j'aime m'étendre...

Malgré toutes mes recherches, je n'ai pas réussi à savoir pourquoi ce si beau film avait été affublé d'un titre aussi neuneu ! C'est même la seule chose ratée dans cette oeuvre ! Certes, l'histoire...

le 21 déc. 2019

8 j'aime