C’est comme si Yann Gozlan avait pris le meilleur de Haute tension (mais tout est bon dans celui-là), de Ils et de Martyrs, avait tout mélangé et secoué comme un dingue au shaker, rajouté quelques effets cons pour éviter (exprès ?) le sans-faute (trauma psychologique un peu lourd, pas assez de radicalité, musique envahissante), puis servait le tout avec un sourire malin en coin. Résultat de l’expérience ? Un Captifs convenu et ordinaire, mais réalisé avec suffisamment d’envie(s) et d’efficacité pour que l’on veuille bien se prendre au jeu (de massacre) en suivant le calvaire de trois médecins en mission humanitaire dans les Balkans, enlevés soudain par des hommes armés et retenus prisonniers sans aucune explication.

Malgré une construction tout ce qu’il y a de plus linéaire, le scénario se suit avec intérêt grâce à ses différentes "étapes" dans le suspens ; d’abord film de l’attente et de l’angoisse (que se passe-t-il et que va-t-il se passer ? Quelles sont les intentions des ravisseurs ?), puis huis-clos oppressant, puis survival bien troussé dès que les révélations macabres ont été révélées (peut-être un peu trop rapidement) et qu’il s’agit de pouvoir rester vivant en se confrontant à la violence.

Privilégiant la tension et les ambiances plutôt que le gore à tout prix et à tout bout de champ (même si plusieurs scènes ne se privent pas d’y aller avec moult effusions de sang), Gozlan mise avant tout sur un souci de "réalisme" (pas de dégénérés consanguins ni de serial killers increvables, mais des êtres veules et pathétiques profitant du chaos de la mondialisation) et une identification immédiate aux personnages, principalement celui de Zoé Félix qui s’en sort très bien, belle et juste interprétation dans la droite lignée de ces héroïnes qui en ont quand il s’agit de faire face à l’horreur pure (Alien, The descent, Eden Lake…).

Sans parvenir à éviter totalement les clichés et les références, ou même à imposer quoi que ce soit de puissant, de vraiment tripant, Captifs remplit gentiment son contrat avec juste ce qu’il faut de cradingue et de technicité bien carrée. Et pour ce qui du chef-d’œuvre (tant) attendu dans le genre français, celui qui, enfin, viendra nous sauver de la misère cinématographique, et bien on attendra encore…
mymp
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le 27 déc. 2012

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