La confrontation de l’idéalisme de la "Greatest Generation", celle qui a combattu durant la seconde guerre mondiale avec la morale plus "grise" de l’époque moderne est le moteur de nombreuses aventures de la sentinelle étoilée. Les scénaristes Christopher Markus et Stephen McFeely (Captain America : The first Avenger, Pain & Gain) l’ont bien compris concevant une intrigue dans la droite ligne des thrillers paranoïaques des années 70, cette filiation est renforcée par la présence au générique d’une de ses figures les plus emblématiques du genre Robert Redford (Les hommes du président, Les trois jours du Condor).


La thématique du film sur les libertés qu’on est prêt à sacrifier pour une plus grande sécurité est d’une actualité brûlante en ces temps de défiance envers les"grandes oreilles du gouvernement" sur fond d’affaire Snowden. Dans l’univers Marvel, le S.H.I.E.L.D sert de substitut aux grandes agences de renseignement (CIA, NSA) représenté jusqu’à présent de manière positive par Nick Fury (Samuel L.Jackson) il prend ici une tournure plus inquiétante. C’est parce qu’il met à jour une conspiration qui se niche au cœur du S.H.I.EL.D que Captain America va se retrouver traqué par les autorités, considéré comme un traître alors qu’il mène la chasse à un mystérieux assassin : Le Soldat de l’hiver. Ne pouvant plus faire confiance aux autorités il va se trouver en la personne de Sam Wilson aka Le faucon un nouveau partenaire. On ne peut aller plus loin dans le résumé sans déflorer les multiples rebondissements qui parsèment le film.


Parce qu’ils ont déjà écrit le premier volet Markus et McFeely assurent parfaitement la connectivité avec celui-ci parvenant par un procédé ingénieux à le résumer aux spectateurs ayant rejoint la franchise depuis le succés d’Avengers. Mais si il prend la forme d’un thriller Captain America : Le soldat de l’hiver reste un pur film Marvel, s’ils n’adaptent pas une histoire en particulier les auteurs empruntent de nombreux éléments issus de plusieurs comics, ceux d’ Ed Brubaker créateur du personnage du Soldat de l’hiver bien sur mais trouvent aussi leur inspiration dans une mini série "Nick Fury vs Shield" publiée en 1988.

Le partenaire emblématique de Cap, le Faucon un des premiers super-héros noir fait ici ses débuts à l’écran sous les traits d’Anthony Mackie dans une version plus proche de sa version Ultimate. Même Batroc ennemi francais (cocorico) de Captain America a même droit à une apparition (sous ses couleurs !). Captain America : Le soldat de l’hiver est parsemé de références aux précédents films Marvel mais aussi à ceux à venir (un certain Stephen Strange est mentionné) ainsi qu’aux courts métrages "one -shot" supplément des blu-ray en particulier "Agent Carter" présent dans celui d’ Iron Man Three.

La ou les liens entre les films de la phase 1, imposés par la nécessité de construire un univers partagé paraissaient forcés, ceux nés de façon naturelle depuis Avengers donnent une vraie dynamique aux films de la phase 2 ( IronMan 3, Thor : le monde des ténèbres , Captain America : Le soldat de l’hiver).


Les hommes du président

C’est peu dire que l’on attendait pas les frères Anthony et Joe Russo aux commandes d’un tel film, ces piliers du show TV Community n’ayant à leur actif que deux films Bienvenue à Collinwood (2002) et la comédie Toi et moi… et Dupree (2006) dont on peut pas dire qu’ils ont mis le feu au box-office. Les deux frères fanatiques de comics ont fait une campagne intense pour décrocher le job envoyant Steven Soderbergh (qui avait produit leur premier long) plaider leur cause auprès de Kevin Feige big boss de Marvel Studios. Et pourtant le résultat est formidable ils se montrent particulièrement à l’aise dans la mise en scène de l’action qui prend dans sa dernière demi-heure des dimensions cataclysmiques.

Si l’humour reste présent (guettez les clins d’oeil à Pulp Fiction ou WarGames) Captain America : Le soldat de l’hiver est le film Marvel plus sombre à ce jour, les scènes d’action à haute intensité se succèdent les Russos disposant d’un sérieux atout dans leur manche avec la présence comme directeur de seconde équipe de Spiro Razatos. Ce dernier a débuté sa carrière de coordinateur de scènes d’action sur des séries B dans les années 90 (Maniac Cop 1 & 2) ou, malgré des budgets étriqués, il livrait des scènes incroyables, œuvrant désormais sur des superproductions (Fast 5) il n’a pas son pareil pour rendre particulièrement brutales des scènes d’action dans un film qui reste "tout public".

On perçoit l’œil de fan des Russos dans le choix de leurs cadres et en particulier dans l’iconisation du personnage principal.La visualisation des mouvements de Captain America de la la chorégraphie de son jeu avec son bouclier à la représentation de sa force comparativement a ses adversaires tout est parfait.

Le caractère épisodique des films Marvel les privent parfois d’un réel poids dramatique. Si Captain America : Le soldat de l’hiver ouvre sur de futures aventures il laisse un univers Marvel profondément bouleversé. Seul point faible comme pour la plupart des films Marvel l’absence d’un vilain principal vraiment mémorable.


Ennemis d’état

Chris Evans visiblement réconcilié avec Marvel Studios si on en juge par son physique "augmenté" (il avait refusé de s’entraîner pour Avengers parce qu’on ne lui payait pas de personal trainer) prouve qu’il était le choix idéal pour Cap. Son Steve Rogers malgré son coté "boy-scout"est plein d’humour , son décalage avec notre époque ne porte pas sur notre mode de vie (c’est un adepte d’internet) mais sur les interrogations quant sa place dans ce nouveau monde plus cynique et la perte de tous les êtres qu’il a a connu (très belle scène ou il retrouve Peggy Carter son amour de jeunesse à l’hospice). La confrontation avec le Soldat de l’Hiver va réunir ses deux angoisses et le pousser à prendre des décisions drastiques.

Samuel L.Jackson tirant partie du caractère ‘S.H.IE.L.D-centré’ du film se trouve au centre de l’intrigue et au cœur de l’action, héritant d’une scène d’action particulièrement mémorable qui prouve a quel point il est dangereux de sous-estimer Nick Fury !

Scarlett Johansson à l’occasion de poursuivre le développement de son personnage en suivant les pistes amorcées dans Avengers approfondissant sa relation avec Captain America. Elle est toujours aussi à l’aise dans les scènes d’action ou elle a enfin l’occasion d’utiliser ses bracelets!

Nouveau venu dans l’univers Marvel Anthony Mackie apporte un enthousiasme palpable au personnage de Sam Wilson dont il fait ressentir toute l’admiration et la loyauté qu’il éprouve pour Steve Rogers.

Le plus grand compliment qu’on puisse faire à un acteur dans un tel film est de dire qu’il semble semble directement sortir des planches du comics.C’est exactement le cas ici avec Sebastian Stan qui parvient malgré un rôle quasi-muet à apporter toute l’émotion qu’on attendait du Winter Soldier.

Franck Grillo (The Grey, Warrior) dans le rôle de Brock Rumlow, un soldat d’élite du SHIELD qui accompagne Cap dans ses missions mais révèle vite ses vrais couleurs (ce qui ne surprendra pas les fans du comics puisqu’il s’agit de l’alias de CrossBones un des pires ennemis de CA),rend mémorable par son intensité ce qui n’aurait pu être qu’un simple homme de main. On serait ravi de le retrouver dans d’autres épisodes…

Conclusion : Captain America : Le soldat de l’hiver est non seulement un des meilleurs films Marvel avec Avengers et Iron Man mais aussi l’adaptation de Captain America dont j’ai toujours rêvé un pur film d’action qui peut rivaliser avec les meilleurs du genre! 9/10

Comme tous les films Marvel restez bien jusqu’à la fin du générique car vous manqueriez non pas une mais deux séquences (comme pour Thor : le monde des ténèbres). Sans rien révéler de leur contenu sachez que l’une d’entre elle seulement est réalisée par les frères Russo l’autre est l’oeuvre d’un certain Joss Whedon…
PatriceSteibel
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le 19 mars 2014

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PatriceSteibel

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