Le Capharnaüm dans sa plus belle des définitions !

Les goûts et les perceptions sont propres à chacun, ce qui ne m’empêche pas d’être très surpris par les critiques et le lynchage que subit le film « Capharnaüm ».
En effet, bien qu’il traite de différents types de misères humaines, le film n’est jamais larmoyant et son réalisme est sans faille et fait mouche.
Bien entendu, l’histoire de Zain va émouvoir aux larmes, mais sa débrouillardise, son franc parler et son caractère vont aussi faire rire à gorge déployée.
Si le film est à la frontière du documentaire avec ses caméras aux poings ainsi que ses plans façon caméra cachée, la mise en scène est intelligente et alterne entre plans au niveau des enfants et plans plus éloignés comme pour mieux montrer la grandeur du monde vu par les yeux d’un enfant.
La foultitude de thèmes abordés peut rebuter : enfants maltraités, esclavagisme moderne sous bien des formes, condition des femmes et des jeunes femmes, migrants, misère absolue et pas uniquement des réfugiés… Ce capharnaüm dans le dédale des faubourgs crades et les souks de Beyrouth ne cherches jamais le misérabilisme et se contente de montrer la réalité telle qu’elle est car elle est suffisamment éloquente ainsi.
Cette recherche constante de vérité est criante, les acteurs presque tous non professionnels sont effectivement sans papier et certain montrent leur vie…
Le problème des sans-papiers est un cheval de bataille pour la réalisatrice, Nadine Labaki, qui se bat contre les absurdités liées au fait de ne pas être pouvoir être une personne légalement reconnue alors que certains profitent de cette situation et que la plupart des autres détournent le regard pour ne pas voir ces vies faites de bric et de broc.
De façon totalement inattendue, il devient presque plaisant de suivre le combat et les péripéties de Zain et des autres réfugiés qui croisent son chemin. Non pas que ce qu’il vit soit facile ou drôle mais parce que son regard d’enfant devenu adulte avant l’âge nous livre de belles déclarations dans un vocabulaire pictural et sa saine révolte devient réjouissante ! Sans complexe, avec une débrouillardise et un aplomb hors du commun, liés à une volonté farouche de justice et surtout de survie, Zain va nous prouver qu’il est possible de se révolter contre l’injustice, et ce, à n’importe quel âge.
Si l'enfance est une période qui détermine le reste de la vie, parfois, dans un bordel absolu nait une conscience qui va changer les choses et mettre un peu d’ordre, tout en faisant prendre conscience de ce qui va mal à ceux qui avait, jusque-là, détourné le regard.

ATHMOS
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le 2 nov. 2018

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ATHMOS

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