Sans aller crier sur tous les toits que qu'il s'agit du film le plus effrayant de tous les temps. Candyman demeurera toujours comme étant celui qui m'a le plus terrifié. Un des plus grands chocs cinématographiques de mon enfance. Au point de me gâcher plusieurs nuits durant cette période, pendant des années. Le film qu'aucun de mes amis proches n'avait vu, sauf moi, éternel inconscient qui voulait juste rejoindre sa grande soeur pour mater un bon film en deuxième partie de soirée.

Je vois Candyman, le calcul est vite fait. "Batman? Superman? Spider-Man?
Et maintenant Candyman? " Cool ! Une soirée qui s'annonce bien...

Et qui se termine... Dans. Le. Chaos. Absolu.

Cauchemars à foison, phobie des miroirs, du noir, sans compter les membres de la famille qui me taquinent sans relâche, je l'avais bien cherché. Il y a école demain. Une époque qui, un jour, se devra d'être révolue en affrontant mes peurs une bonne fois pour toutes.

Quelques années plus tard, je décide de le revoir en allant l'acheter dans une boutique spécialisée. Le seul exemplaire qu'il restait devait être mien. C'est le destin.

En bon cinéphile qui se respecte, je prends quelques minutes pour observer les autres oeuvres. Rangées après rangées, je persiste à faire semblant de ne pas la voir mais la jaquette me fait de l'oeil. (celle-ci en même temps...)

Le geste s'impose.

Premier jour à la maison. Il est enfin là. Chez moi. Mon pire ennemi. Un vrai pas de franchi et ce soir c'est le grand duel. L'acheter était déjà un Round de remporté, je vais pas jeter l'éponge avant même d'avoir sué un petit peu... Et cette fois quand je m'y mets, je connais les scènes par coeur, mon traumatisme est présent mais je tiens bon. Je vais jusqu'au bout, ça me semble plus facile que prévu...

Le temps passe vite... beaucoup trop vite. Tellement vite que c'est déjà fini.
"Déjà? C'était ça l'horreur?!" J'ai a peine flippé, juste quelques petits frissons a cause des traumatismes enfouis dans les souvenirs de l'enfance. Mais pas vraiment une désillusion, car je le trouve excellent.

J'avais oublié à quel point à quel point la bande originale signée Philip Glass, avant de poser une ambiance horrifique par moments, pouvait se doter de partitions lyriques aussi variées que réussies. Tantôt posées, mélancoliques, pour enfin amener a un stress de plus en plus palpable. J'y suis même allé jusqu'à me choper les morceaux pour les mettre dans mon lecteur mp3. Les écouter et les fredonner à la grande surprise de ma famille.

D'abord en solitaire. Après avec un ami, ensuite deux autres , pour finalement réussir à le montrer a l'intégralité de ma classe entière avant les vacances de fêtes... (that's what she said) Je prends plaisir à tous les voir tétanisés lors du visionnage.

Surexcités, certains braillent tous à la fois devant le miroir de la pièce, en cherchant à se faire peur. Pauvres inconscients. C'est vivre dangereusement tout ça. D'autres désirent être raccompagnées ce soir (ah les filles...) de peur de tomber sur une ombre, une silhouette ressemblante au loin, peut-être même lui...

Par ailleurs de mon côté, ça va faire un bon moment depuis que je ne sens plus cette présence, cette ombre. Nulle part. Ni à l'ombre ni à la lumière. Je me surprend même parfois à veiller seul dans le noir à l'attendre. Il n'y a que moi au beau milieu de la chambre, errant comme un spectre lugubre. Après ça, plus aucun film du genre va m'atteindre comme il l'a fait, c'est bien trop ancré en moi. Bien sûr d'autres films sauront invoquer quelques frissons par leur mise en scène, leurs histoires et les belles prestations d'acteurs, mais ça restera de courte durée, juste le temps que le film se termine, au mieux. Non, ce que je veux moi, c'est retrouver cette terreur, c'en est jouissif, j'en ai besoin !
Car cette madeleine de Proust, c'est tout ce qui me reste.

Cependant, les rumeurs et bruits de couloirs du collège me donnaient le sourire aux lèvres. Je deviens chez certains élèves "le type à la cassette qui fait peur". Quelques-uns me connaissant de loin, trop fascinés par le bouche à oreille que ça a provoqué iront même jusqu'à me demander timidement de leur prêter le film. (ces filles ont exagéré...) Voire même de venir de le regarder avec eux. Les autres ne veulent plus y repenser.

Car la peur n'est plus. Les ombres ont disparu. L'image d'un grand film fantastique reste inchangé dans mon coeur. Plus qu'un film fantastique, Candyman restera à mes yeux une histoire d'amour horrifique. De la belle et la bête, au miel et les abeilles. L'histoire de deux êtres qui se cherchent, se fascinent mutuellement. Fascination qui mènera vers la folie. Liés à jamais par les flammes de l'amour. Spectacle qui remplit son contrat grâce à la performance envoûtante de Tony Todd, immense (littéralement) et de la sublime Virginia Madsen. Mais l'ennui de ne plus avoir ce plaisir sadique quand je le montre à mon entourage me fait de la peine. Dommage, j'y avais pris goût, c'était bien sympa...

Aujourd'hui, il me reste plus que les rares sursauts d'effroi de mes camarades quand je les surprends au tournant d'un escalier. Juste assez pour faire ressurgir en moi, un sentiment de puissance qui me procure un plaisir assez exquis.
Ils me disent à la fois d'une voix tremblante et un air rassuré :

- "Putain mec, j'ai cru que c'était Candyman, tu veux me tuer ou quoi?!"

Puis comme d'habitude, je me mets à rire aux éclats. Mais...

... Et si c'était moi?

Créée

le 19 déc. 2012

Modifiée

le 21 déc. 2012

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facaw

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