C'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule ! par pierrick_D_

Phano,truand très malin,a concocté un coup fumant,le braquage d'un coffre-fort accessible depuis les toilettes de la Gare de l'Est.En panne de main-d'oeuvre,il se résout à faire appel à deux voleurs minables et abrutis,Max et Riton.Les trois hommes se relaient donc pour percer le mur d'une des cabines de chiottes qu'ils doivent monopoliser en permanence.Pour ne pas être repérés,notamment par la dame-pipi présente continuellement, ils déploient tout un arsenal de déguisements dont ils changent à chacune de leurs apparitions dans les gogues.Le réalisateur Jacques Besnard a essentiellement fait carrière dans la comédie franchouillarde bas de gamme,dont ce film est un des fleurons.La caractéristique de ce nanar est de constituer la rencontre du vieux bis comique et de la nouvelle vague humoristique des années 70 issue du café-théâtre.En effet,si Besnard réalise sur un scénario de Jean Halain,autre briscard du genre,ils s'inspirent d'une idée de trois jeunes comédiens-auteurs de la troupe du Splendid nommés Christian Clavier,Gérard Jugnot et Thierry Lhermitte,lesquels triompheront trois ans plus tard avec "Les bronzés".Les trois zigotos jouent en outre de petits rôles dans le film qui est produit par Yves Rousset-Rouard,qui n'est autre que l'oncle de Clavier et le futur producteur de la plupart des hits de la bande du Splendid.Pour être complet ajoutons que Tsilla Chelton,l'interprète de la dame-pipi,avait été la prof d'art dramatique de la bande en question.Ce long-métrage fait partie de la très fournie mode des films aux titres à rallonge plus drôles que leur contenu et si prisée dans les années 70-80.On se souvient entre autres de "En cas de guerre mondiale,je file à l'étranger","Qu'il est joli garçon l'assassin de papa","Mais qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes?","Mieux vaut être riche et bien portant que fauché et mal foutu","N'oublie pas ton père au vestiaire","L'aventure extraordinaire d'un papa peu ordinaire","Ne prends pas les poulets pour des pigeons" ou "Comment réussir quand on est con et pleurnichard".En l'espèce les auteurs nous livrent un truc assez barré aux péripéties répétitives et rarement hilarantes se passant presque exclusivement dans l'espace circonscrit de toilettes publiques.Tout est basé sur l'abattage de trois géants de la discipline,Blier,Serrault et Lefebvre,et sur leurs incessants changements de tenues caricaturales et folkloriques couvrant à peu près toutes les nationalités et toutes les professions,du plombier au hippie,du marin au facteur en passant par l'aviateur,de l'anglais distingué à l'écossais en kilt en passant par le bavarois en culotte de peau.C'est amusant au début puis ça devient lassant malgré l'entrain du trio de loustics qui s'en donne à coeur-joie.Une fois le méfait perpétré on tombe dans une nouvelle spirale de répétitions avec le gag interminable de la valise qu'on essaie de récupérer,tout finissant en eau de boudin avec une conclusion qu'on voit bien venir.Ce mélange de comédie poussiéreuse et de théâtre filmé en forme de film de hold-up se révèle au final plutôt fastidieux en dépit de la valeur et de l'enthousiasme des acteurs.Halain tente de donner à ses dialogues des airs audiardesques mais ne parvient qu'à produire du sous-Audiard malgré la présence de deux des vedettes des "Tontons flingueurs".Bernard Blier,impérial en génie de la cambriole excédé par la nullité de ses complices,y met pourtant l'intonation mais ça ne suffit pas.Jean Lefebvre en fait trop en abruti congénital mais Michel Serrault est fabuleux de subtilité entre ses deux compères.Si la distribution comprend principalement des habitués de longue date de ce genre de plaisanteries,on voit cependant apparaître les Splendid's boys Jugnot en contrôleur de train incontinent,Clavier en flic homo et Lhermitte en militaire.Sinon la théâtreuse Tsilla Chelton,bien avant d'exploser au ciné avec "Tatie Danielle",excelle en pipelette de pissotière maligne et observatrice.Il y a aussi Maurice Travail en jaloux énervé,la très jolie Marion Game, Popeck en policier,alors que Marcel Gassouk et Sébastien Floche passent pisser un coup.La musique est de Gérard Calvi et l'assistant est Michel Lang,qui connaîtra l'année suivante le succès avec sa première réalisation,"A nous les petites anglaises".Notes et critiques de films de Jacques Besnard publiées précédemment:"Le jour de gloire"-1,"Le grand restaurant"-6.Moyenne:3,3.