Cinexpérience au Majestic Bastille. Dans une salle où les sièges sont trop près des jambes, on nous annonce simplement que le film a gagné le prix du Jury à Deauville. Le film commence.


Le 1er plan nous plonge dans le bain: on voit plusieurs rabbins marcher dans une rue. Brooklyn Yiddish nous plonge dans l'univers de la communauté juive de Brooklyn, plus particulièrement les hassidiques, qui vivent sous une très forte autorité du rav. Tout le film est centré sur Menashe, un père dont la femme vient de mourir, il galère un peu dans sa vie, son job le soule, et le rav lui retire la garde de son fils, pour le confier à son beau-frère Eizik. Ce qui le gonfle. Il va alors essayer de reconstruire sa vie, de récup son Ruben, pendant que le rav lui met la pression pour qu'il retrouve une femme.


Malgré de bonnes presta d'acteurs, et un beau thème musical principal (du banjo joué avec un archer de violon nous dit-on), le film est lent, vraiment pas passionnant. Tout est filmé en très longue focale, tout est hyper zoomé tout le temps, et y'a des galères avec la mise au point qui me déstabilisaient parfois. C'est paradoxalement trop centré sur les persos, à tel point que j'avais aucune idée d'où et de quand se passait le film jusqu'à ce que je vois son titre; mais de l'autre on reste quand même en dehors, on arrive pas trop à rentrer dedans. Surement parce que cet univers là, la communauté juive, est quelque chose que je ne connais pas, et donc du mal à rentrer dans le bain.


J'applaudis quand même à la fin, par respect pour Joshua Z Weinstein qui était venu. Un type mignon, l'air timide derrière sa barbe, qui se tapait une barre à chaque fois qu'il essayait de dire "Bonsoir" au début de ses réponses.


Et quand il a expliqué ses trucs, j'ai compris ses intentions, et déjà le film remonte un peu dans mon estime (mais bon il reste ennuyant).


Déjà il nous remercie d'être venu voir un film qu'on ne connaissait pas dans une langue qu'on ne comprenait pas. En effet le film est tourné en yiddish, et à ses dires, il n'y a qu'une quarantaine de films tournés dans cette langue, et la plupart datent d'avant guerre. Donc tu as le sentiment d'avoir vu un truc peu commun. Ce Joshua vient du documentaire à la base. Et la construction du film suit une démarche très documentaire : le réalisateur avait découvert le quartier juif de Borough Park, dans New York, qui l'a très vite passionné par sa culture, ses traditions, et il a voulu faire un film dessus. Il a rencontré un homme, Menashe, dont l'histoire est à peu près la même que celle du personnage. C'est ce même homme qui joue son propre rôle dans le film. Tous les personnages sont interprétés par des habitants de ce quartier, tous n'avaient jamais joué de leur vie. Dès qu'il rencontrait une nouvelle personne qui acceptait de faire partie du projet, Joshua Weinstein adaptait le scénario afin que ces personnes jouent vraiment leur propre histoire, leur propre rôle.


Leur motivation était ce sentiment assez universel qui est de partager leurs vies, leurs histoires. Et c'est quelque chose qui a de ce fait une ampleur assez grande, étant donné que ce soir là, nous étions 200 parisiens dans une salle à regarder un film sur la vie d'une famille juive de Brooklyn. Je découvrais comment fonctionnait la vie là-bas, à quel point la religion et le rav façonnaient leurs vies, même si comme le disait le réalisateur, si tu ne veux pas avoir l'opinion du rav, tu ne vas pas le voir. Et que d'ailleurs Menashe n'était pas allé demandé son autorisation au rav pour jouer dans Brooklyn Yiddish.


Comme dans un documentaire, l'intention de Joshua Z Weinstein n'était pas de montrer une véritable intrigue hollywoodienne, mais simplement des moments. Il voulait nous montrer ce grand feu que font les habitants dans la rue. Il voulait nous parler de ce tableau qui ferait fuir les souris de la maison.


Et du coup, si je l'ai trouvé ennuyant, je ne peux pas dire que le film est raté, parce que finalement il correspond totalement à la démarche de son réalisateur, que je trouve très louable.

Zliott
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le 13 sept. 2017

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