Tac tac tac tac tac tac tac tac.

Une cinexpérience sans un bagage suspect à la gare qui empêche le RER C de s'y arrêter ne serait pas une bonne cinexpérience.


On a été spoilé du nom du film par Jean-Sens Critique qui distribuait les tickets à l'entrée de la salle.


Harmonium.


Je savais que c'était un film japonais, qui allait bientôt sortir, et que y'avait une scène sur la plage avec un appareil photo. Voilà. Le réal, Koji Fukada, est présent. Il nous introduit le film comme suit :



C'est un film sur la famille, mais surtout sur la solitude de chaque membre de cette famille.



Le film était à des années de ce que j'avais l'habitude de voir : il était japonais, et commençait dès le début a pas mal parler de religion.
Mais si pourtant il m'arrive d'être ouvert desfois.


Mais curieusement, j'aime. Y'a un truc, dans l'ambiance je sais pas, le jeu des acteurs, leurs dialogues, la façon dont ils interagissent entre eux, leurs relations, le cadrage aussi, on a le droit a de très beaux plans fixes, en tout cas je rentre tout de suite dedans.


C'est con mais c'est des petits trucs, genre la façon dont le titre apparait : un beau plan sur un harmonium, le métronome se lance, et à chaque tac apparait un caractère du titre, puis ça disparait petit à petit et la petite fille arrive au dernier moment pour arrêter le métronome. Bah c'est soigné, c'est chouette.


Si le film commence comme un film centré sur le quotidien de ce qui semble être une famille japonaise lambda, il part ensuite sur quelque chose de beaucoup plus tragique, avec l'arrivée de Monsieur Yasaka. Qui vient, plus ou moins malgré lui, déchirer cette espèce de famille qui fait semblant d'être unie. Et on arrive a certains moments de véritable tension…


(ne t'aventure pas trop loin si tu veux garder la surprise)


Certains moments de véritable tension donc (fin de la 1ère partie, l'accident de la petite fille Hotaru).
Puis le film part dans une 2nde partie assez différente, 8 ans plus tard, peut être un peu moins captivante car avec plus de pistes jetées qui ne sont pas trop résolues (j'y reviens dans 2 sec). Au final c'est dommage car la fin est plus bof, même si c'est un moment extrêmement fort : le père, seul, face à sa fille, sa femme, et son apprenti, tous inconscients, qui ne sait lequel soigner en premier, paniqué, faisant des tentatives de massages cardiaques aux 3, tour à tour, sans succès.


Mais le film s'arrête comme ça, un peu au quart de tour.


Globalement j'ai donc quand même bien apprécié la chose. C'est lent mais pas long, pas trop en tout cas. Y'a en plus pas mal de détails dans la mise en scène, pas mal de symbolisme dans les couleurs qui reviennent, ou de thèmes récurrents dans les dialogues, comme les mamans araignées, puis les mamans singes et les mamans chats (#bestiaire).


Puis rencontre avec Koji Fukada. Le réalisateur nous explique comment il a écrit le scénario, ses différentes idées (genre que le film devait dans un premier temps se centrer sur le don d'organe, mais il modifia le scénario pour que ce soit crédible vis à vis de la loi, genre le cas du film bah c'était pas possible légalement #anecdote). Il a tenu à ce que toutes les réponses ne soient pas dévoilées, afin de laisser une part de l'histoire à l'imagination du spectateur. Pour lui, il était intéressant que chaque spectateur puisse avoir une vision différente du film et de ses évènements, chose qui s'est confirmée lors des questions réponses.
Sa volonté également de s'éloigner des films japonais plus "traditionnels", qui font un portrait très respectueux de la famille, avec une figure paternelle respectable, alors qu'ici tout vole en éclat. Sans volonté pour autant de donner une leçon de morale.
Il s'inspire aussi énormément d'Eric Rohmer. C'est une info, comme ça, pêle-mêle, je sais pas comment l'intégrer à ma critique.


Malgré quelques ficelles scénaristiques un peu grosses (même si c'est assumé entre guillemets, car pour le réalisateur, un film est de toute façon un mensonge, après il ne s'agit que de le faire croire au spectateur, même si ça parait énorme. Mais là pour moi ça sonnait un peu faux parfois), le film parvient à proposer un véritable portrait de famille, qui va se déchirer pour mieux s'unir, ou s'unir pour mieux se déchirer. Le réalisateur, avant le film, était curieux de savoir si cette famille japonaise parlerait à un public français. Et pour moi, quand on voit la justesse, la sincérité et l'émotion de certaines scènes, la réponse est toute faite.


Et on se rend compte que le thème du film est universel.


Que toutes les familles du monde battent au même rythme.


Celui d'un métronome.


Nan en plus je suis content parce que c'est le genre de films que je serais jamais allé voir de mon plein gré.

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le 7 janv. 2017

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Zliott

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