Bronx
5.2
Bronx

Film de Olivier Marchal (2020)

Le commandant Vronski dirige un groupe de la BRI de Marseille.Il s'agit d'une bande très soudée de têtes brûlées fonctionnant à part des autres services et s'affranchissant volontiers des procédures.Chargés d'enquêter sur un règlement de comptes sanglant entre truands corses et gangsters des quartiers Nord,les mecs ne vont pas trop gérer et tout va salement partir en vrille.On pouvait légitimement se méfier de cette production Gaumont dans la mesure où elle a été diffusée non pas en salles mais sur la funeste plateforme Netflix.Comme quoi il faut se garder des a priori car ce polar noirissime écrit et réalisé par un cador du genre,Olivier Marchal,constitue un choc conséquent tout-à-fait inattendu.C'est du très bon Marchal,qui renoue avec sa forme olympique du temps de "Gangsters","36 Quai des Orfèvres" ou "Braquo".L'ex flic,qui semblait avoir un peu perdu la main et s'être plutôt consacré à sa carrière d'acteur,nous balance dans la gueule un brûlot sur fond de dégénérescence phocéenne qui se paye le luxe d'arriver un an avant le célèbre "BAC Nord".Au-delà de la police,c'est le portrait de toute une société à la dérive qui nous est proposé là,un monde ultra-violent où la mort est devenue la chose la plus banale qui soit.C'est le bal des criminels qui n'ont plus peur de rien,et surtout pas des flics,prêts à s'entretuer pour des territoires à exploiter,avec évidemment en priorité le trafic de drogue,des trahisons multiples,des exécutions sommaires,des rivalités entre services policiers,de la corruption endémique,de l'alcoolisme et de la dinguerie à tous les étages.Pour être efficaces,les représentants de l'Ordre sont contraints d'adopter les méthodes des voyous et les bavures vont se multiplier alors que les drames atroces s'accumulent.Cette spirale tragique ne connaîtra de fin que dans l'élimination totale de tous les protagonistes,rarement a-t-on vu un tel nettoyage par le vide.Tous les personnages sont complètement borderline et participent à ce mouvement effroyable où chaque décision plonge les intervenants un peu plus profond dans l'abîme.Marchal maîtrise à la perfection cette description terrifiante d'un univers où tous les repères s'effacent pour faire place à un festival de meurtres et de cruautés en tous genres au fil d'un long requiem scandé par une partition ad hoc d'Erwann Kermorvant,le musicien attitré du cinéaste.Il en fait même un peu trop dans la mesure où les libertés prises par la police semblent largement excessives,tout comme le nettoyage final,plombé par une conclusion énigmatique,qui parait disproportionné en regard de la seule mort,de surcroit accidentelle,d'un agent infiltré dans un gang.Question publicité pour Marseille c'est assez moyen,et on ne peut que se dire qu'on va autant que possible éviter de s'approcher de ce bled de près ou de loin.Hélas la gangrène s'étend un peu partout et il est à craindre que ce type d'évènements ne soit désormais universellement répandu.Le casting,riche en habitués des films de Marchal,est proprement extraordinaire.Lannick Gautry confirme sa progression dans le métier en incarnant un Vronski charismatique en dépit des décisions malvenues qu'il ne cesse de prendre.Beau mec et doué,il est passé des téloches aux seconds rôles ciné et il est plaisant de le voir accéder au vedettariat.Ses potes sont Stanislas Merhar,étonnant en grenade dégoupillée qui va finir par exploser,Kaaris,qui prouve avec sa force tranquille que les rappeurs sont définitivement meilleurs comédiens que chanteurs,et David Belle,le fondateur du Parkour et des Yamakasi,qui démontre qu'il vaut beaucoup mieux que les bessonades à la con du style "Banlieue 13".Parmi les huiles de la police il y a Patrick Catalifo,qui arbore une gueule incroyable et se montre tout bonnement extraordinaire en commissaire aux prises avec des influences contradictoires,Jean Reno,impavide et raide comme la Justice en directeur de la PJ pourtant équivoque,Moussa Maaskri,un habitué des tournages marseillais,fantastique en ripou de la BRB coincé par les gangs,Eriq Ebouaney,froid comme une lame en ponte parisien impitoyable,et Catherine Marchal,l'ex d'Olivier,excellente en inspectrice de l'IGPN tombée dans un sacré nid de vipères.Du côté de la pègre il y a Gérard Lanvin,dont l'autorité tranquille sied au vieux caïd corse emprisonné Maranzano,un Francis Renaud,l'acteur fétiche de Marchal,explosif et hallucinant en criminel cintré sans limites,Claudia Cardinale en matriarche du clan Bastiani,Alain Figlarz,autre habitué de la maison qui comme d'hab règle en sus les cascades,Virgile Bramly intense en balance malgré lui et de vrais corses comme Pierre-Marie Mosconi,avec sa tronche idéale pour l'emploi,et Cédric Appietto qui tenait un des rôles principaux du superbe "Une vie violente" qui relatait sans concession l'histoire du mouvement terroriste Armata Corsa.Apparaissent aussi la délicieuse Erika Sainte,en épouse enceinte de Vronski,qui a été la partenaire de Marchal dans la série "Les rivières pourpres",dans laquelle le comédien interprétait le commissaire Niemans,joué dans la version ciné par ....Jean Reno,la sublime Jeanne Bournaud,surtout utilisée à la télé où on peut actuellement la voir dans la série "Le négociateur",très bien ici en médecin-pompier pote du héros,et la chanteuse Dani qui crève sur un lit d'hôpital avant de le faire réellement deux ans plus tard.

pierrick_D_
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le 10 avr. 2024

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