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Je suis très heureux qu'on m'ait récemment offert un coffret de DVD de David Lean et surtout de retrouver ce film que j'ai dû voir au Cinéma de Minuit, il y a pas mal d'années et dont j'avais gardé un souvenir assez vif.
C'est un des chefs-d'œuvre de David Lean réalisé au sortir de la deuxième guerre mondiale en Angleterre. Le scénario est de Noël Coward à partir de sa pièce de théâtre "Still Life". Noël Coward fut d'ailleurs le scénariste de plusieurs autres films de David Lean à cette époque.


L'histoire est très simple et concerne une brève et intense passion, bien que chaste, que se livrent un homme et une femme, mariés tous deux et a priori heureux en ménage. Leur rencontre est fortuite au buffet d'une gare en banlieue londonienne où chacun d'eux attend un train qui vont dans des directions opposées.


Le style et les dialogues sont absolument délicieux, dans le plus pur style anglais où la courtoisie et la noblesse des sentiments sont prépondérants. On sent dans les échanges entre eux deux, le souci permanent de ne pas heurter l'autre. Je ne m'en lasse pas. C'est presque une leçon d'anglais comme on ne le parle plus.


Le casting repose sur Trevor Howard, jeune et élégant médecin Alec dans le film et sur Celia Johnson dans le rôle de Laura ; mais, j'y reviendrai, il repose aussi sur deux seconds rôles symétriques Stanley Holloway en truculent chef de gare et Joyce Carey en pincée mais coquine patronne du buffet de la gare


Mais c'est surtout le travail de mise en scène qui est fabuleux.


Détaillons, en exemple, la première scène : la caméra pénètre dans le buffet de la gare et s'attarde quelques secondes à peine sur un couple (quelconque) qui semble silencieux à une table (comme très souvent dans une gare) puis est magnétiquement attirée par le marivaudage amusant, insipide et bruyant que se livrent chef de gare et patronne du buffet au comptoir. De temps à autre, la caméra jette un coup d'oeil vers la table du couple mais est ramenée automatiquement vers la discussion sans intérêt du couple du comptoir. Et pourtant on sent bien que c'est à la table du couple, qu'il se passe quelque chose. Et quelque chose de grave. Arrive l'instant d'une fausse libération car entre en coup de vent une femme, une simple connaissance de la femme du couple qui s'installe carrément à leur table. Mais c'est foutu de chez foutu. On ne saura pas ce qui se passe à la table du couple car l'exubérante bonne femme accapare l'attention et rompt la fragile relation tendue qu'on imaginait dans le couple. C'est l'heure de départ du train de l'homme.


On saura un peu plus loin dans le film que c'était la dernière fois que Laura et Alec se voyaient.


Tout le film est monté en flash-back pendant lesquels Laura revient peu à peu sur la relation qui s'est établie entre elle et Alec et qui se sera étalée sur quelques semaines. Les moments les plus intenses de la rêverie de Célia sont accompagnés par un lancinant concerto n°2 pour piano de Rachmaninov.
La scène dans le train où elle imagine, en se mirant dans la vitre du wagon, la nuit, une vie brillante et mondaine à l'Opera de Paris, à Venise, que sais-je encore, pourrait faire penser à une scène à l'eau de rose sauf que le ton de Celia Johnson nous dissuade tout de suite en montrant qu'elle sait que ce ne sont juste que des rêves mais des rêves où il est plaisant de s'y abandonner un instant.


Le train est un instrument puissant de la mise en scène car il rythme de façon implacable les différentes scènes du film ; David Lean aura régulièrement recours au train comme personnage secondaire et fondamental par exemple dans "le docteur Jivago" et "la Route des Indes".


La mise en scène est en décors extérieurs réels somme toute assez banals. Les héros sont, aussi des personnages ordinaires, de la classe moyenne auxquels le spectateur n'a pas de mal à s'identifier. Tout ceci concourt à donner un effet très réaliste au film avec une photo très soignée des personnages et notamment du visage inoubliable de Celia Johnson dont c'est certainement un de ses plus grands rôles. Comment oublier ces yeux, complètement dévastés, remplis de chagrin et sans larmes !


Une des plus belles histoires d'amour du cinéma

JeanG55
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le 13 juil. 2021

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JeanG55

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