Sacrée gageure quand même que de filer le portrait d'un jeune Américain de ses 6 ans jusqu'à l'âge adulte en utilisant les mêmes acteurs - le fils, la sœur, la mère et le père - pour un tournage étalé sur 10 années.
On appréhende dès lors le film avec un double regard. Celui, classique, du cinéphile armé de ses codes, de sa sensibilité et de ses exigences. Et un second regard qui s'attache à l'aspect OFNI (Objet filmique non identifié) du film, à la performance en cours, d'épisode en épisode, aux transformations qui font disparaitre l'enfant, puis l'ado, aux signes subtils de vieillissements des parents (et donc des acteurs).
Et de se souvenir (pour ceux qui ont au moins la quarantaine) d'un des ancêtres de la téléréalité : dans les années 80, un dispositif télévisuel intitulé Que deviendront-ils ? destiné à suivre, 10 ans durant, une poignée de gosses de la sixième jusqu'à leur majorité. Un rendez-vous de deux heures chaque année avec ces filles et garçons qui vieillissaient en même temps que nous.
Avec Boyhood le mécanisme est accéléré. On ne s'identifie pas vraiment au personnage de Mason mais l'émotion est quand même là.
Mais après le film on ne sait plus très bien ce qui nous a ému. Le film lui-même, l'histoire, le scénario, la mise en scène, la relecture de l'Histoire (les années 60, 70). Ou bien ce miroir que représente le film où nous nous voyons nous même vieillir ?
Scénario/histoire : 8/10
Interprétation/Personnages : 9/10
Mise en scène/réalisation : 8/10
8/10