(m'en voulez pas, je vais vous raconter ma vie, ça m'aide)


Mercredi vingt-et-un juin deux mille dix-sept.
Aux alentours de quatorze heures.


Je suis alors assis dans les couloirs de mon école, attendant de passer ma dernière épreuve de partiels avant les vacances, quand soudain un ami voit sur la page Facebook de SensCritique un post disant noir sur blanc ALERTE WES ANDERSON EST À PARIS. Donc je sursaute trois fois, puis je check à mon tour : en effet, mon idole de toujours et maître à penser vient à la dernière minute présenter BOTTLE ROCKET au Champs Elysées Film Festival. Je savais que y'avait Bottle Rocket, mais je pensais que c'était le court, et en fait c'était bien le long, son tout 1er film, et en présence de lui mais c'est l'occasion ou jamais ! Parce qu'en plus c'est pas comme si Bottle Rocket était trouvable facilement. J'ai donc acheté ma place en 2-2, et le soir nous revoilà pour la 2ème fois de l'année à voir Wes (à Montreuil, en début d'année, j'avais eu l'occasion de le voir au festival Toute la Mémoire du Monde). À défaut d'avoir loupé Edgar Wright venu présenter Baby Driver il y a quelques jours.



BREF



La séance commence par un entretien mené par Alex Ross Perry (aucune idée de qui c'était, mais après check Wikipédia, il s'agit d'un autre réalisateur américain faisant partie de ceux qui réalisent leurs films avec un budget ridicule voire absent et des acteurs non professionnels). Il interrogea Wes à propos de la création de ce 1er film. Voici quelques bribes retranscrites :
Bottle Rocket a vu le jour après 4 ans de préparation, de répet’, de plusieurs sessions d'écriture (si ils avaient gardé le script original, cela aurait donné une comédie de 3h30 !) et de tournage. D’abord un court-métrage en noir et blanc, repéré dans un festival par un producteur qui a proposé 7 millions de dollars (!) à Wes pour en faire un long. Chose qui serait assez rare de nos jours. Surtout que Bottle Rocket a été un échec commercial et critique. Mais que parmi les rares zigotos à avoir adoré le film, il y avait des gentils producteurs, qui ont permis à Wes de continuer son chemin.


Ce qui m’a le plus marqué c’est la résonance que ça a eu en moi, jeune étudiant en cinoche. Parce que quand Bottle Rocket est sorti, Wes avait 25 ans, ça veut dire qu’il a commencé à travailler dessus à 20 ans et quelques, ce qui est pas loin, à peu de choses près, de mon âge. Et qu’il a fait ça tranquillou avec ses potes, Owen et Luke, qui au départ ont joué juste pour dépanner, Robert Yeoman en directeur photo, Mark Mothersbaugh à la musique, qui ont tous par la suite continué à collaborer avec Wes et donc à participer à cette « Wes Touch ».
Et c’est à la fois beau que tout ce pti monde ait été là dès les débuts, (Alex Ross Perry nous a dit que les 1ers films des réalisateurs l'intéressaient beaucoup car on assistait à des rencontres entre des futurs grands); mais c'est aussi hyper encourageant de te dire que si ça se trouve, tes petits films que tu fais avec tes potes à l’arrache, tu pourras travailler encore avec eux dans 10 ans et vous serez connus et vous ferez des trucs trop ienbs.



REVENONS-EN AU FILM



Plusieurs critiques disaient qu’ils trouvait que la patte de Wes était pas encore trop trop là.


BAH C FAU


Dès le début, on reconnait entre mille l’univers. Les gros plans, le découpage très soigné en pleins de plans minutieusement composés, les décors, les dialogues, l'humour léger qui émerge des discussions, la bande originale, les chansons rock 60's, les lumières, le montage cut, le générique en police Futura; on a tout, mais en version "amateure", sans les décors roses géants en stop motion et les têtes d'affiches brochettes de stars. Je pensais pas que dès son premier essai, il aurait inventé toute cette grammaire.


D’ailleurs c’est un peu amusant parce que je réalise que le style fait penser à Edgar Wright. Et curieusement dans celui-ci, y’a aussi limite un côté parodie de Tarantino (en même temps le personnage de Bob, leur chauffeur, est le sosie de John Travolta). Mais aussi dans cette ambiance de ptites magouilles dans les banlieues et les motels. Mais avec ce filtre doux, mignon et naïf typique de Wes, dont je suis amoureux.


Y’a une histoire amusante entre ces persos who are not criminals, but everybody has to have a dream, qui cambriolent leurs propres maisons, et qui remercie les boutiques qu'ils braquent, je trouve ça limite touchant. Mêlée à cela : une histoire d’amour naïve, pas niaise mais presque, mais donc aussi terriblement touchante.


Malgré quelques temps un peu plus mous, notamment pendant la 34ème scène où ils parlent en marchant dans la rue, y’a toujours une ambiance légère, une bonne humeur, qui se dégage. Et une inventivité cinématographique stupéfiante.


Et ce dès son 1er film, c’est fou.

Zliott

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