La première partie du film apparaît un peu laborieuse, il faut installer les (très) nombreux personnages et enjeux de l'intrigue, et surtout c'est le moment où Isabelle Adjani est le plus présente. Bien trop âgée pour le rôle, presque pathétique à surjouer les femmes enfants, c'est à mes yeux une erreur de casting, peut-être par fidélité de la part de Rappeneau, qui a déjà dirigé la comédienne 20 ans plus tôt ("Tout feu, tout flamme").
Mais ensuite, les personnages de Virginie Ledoyen, Yvan Attal et Grégori Derangère (notamment) prennent le relais pour nous offrir une ballade extraordinaire dans la France de 1940, avec tous les enjeux présents et à venir de l'Occupation allemande : réfugiés, patriotes, collabos, espions, traîtres, et la question de l'eau lourde en guise de prestigieux macguffin…
Le réalisateur Jean-Paul Rappeneau emballe tout ça dans une mise en scène aérienne et dynamique, le mouvement paraît sans fin au cœur de chaque séquence, jusqu'à ce dénouement en forme de magnifique hommage au cinéma.
Alors que "Bon voyage" présente toutes les caractéristiques d'un classique du cinéma français, le film a pourtant connu un échec injuste au box-office, tandis que son jeune premier joué par Derangère, auréolé du César du meilleur espoir masculin, disparaissait rapidement du haut de l'affiche, reclassé sur le petit écran...