Même réalisateur, même acteur principal, même nom et prénom de personnage, on prend les mêmes et on recommence.
Après s'être fait passer pour l'auteur d'un manuscrit de soldat de la guerre d'Algérie dans le film Un homme idéal, le personnage de Matthieu Vasseur (interprété par Pierre Niney) est de retour en tant qu'analyste méticuleux de boîtes noires dans un thriller ambitieux qui se concentre sur la modulation des signaux sonores.
Il faut dire que Boîte noire s'est engagé dans un pari risqué : réussir à tenir un thriller de plus de 2h. Risqué, mais qui s'avère être un succès. C'est dans sa durée que Yann Gozlan trouve sa réussite en exploitant de façon juste un récit à la tension grandissante en développant toutes les hypothèses et suspicions d'une enquête de crash d'avion divisée en plusieurs parties. La multiplication des pistes s'offre aux spectateurs comme une manière de faire sa propre enquête afin de mieux se faire surprendre.
Gozlan traite également de manière poussée et intéressante l'espace diégétique, lui permettant de jouer sur plusieurs fronts afin d'appuyer l'évolution de la folie du personnage de Matthieu ; que ce soit dans l'exploration mentale de l'avion concerné par le crash, les bureaux de la BEA, son appartement, sa voiture... Accompagné par une très forte présence du système de réduction de bruit des écouteurs et casques, absolument tout sonne comme des huis-clos et comme l'enfermement progressif dans une solitude provoquée par l'acharnement obsessionnel de la découverte de la vérité.
Si toute cette enquête peut laisser apparaître des éléments parfois grossiers, Boîte noire est un très bon thriller qui s'inscrit dans la lignée qualitative et immersive du film Le Chant du Loup. Les promesses sont tenues et laissent voir ce que le cinéma français peut encore proposer de meilleur.