Revoir ce film m'a plongé dans une époque d'insouciance et de libération des moeurs que j'ai vécue au début des années 70 alors que j'étais un pré-ado en ébullition devant cette révolution sexuelle qui s'amorçait en France. J'ai vu le film bien plus tard, mais en le revoyant récemment, ce sentiment m'a frappé. Aux Etats-Unis, ce fut sans doute pire car ce pays fut étranglé par des siècles de puritanisme exacerbé, ce film en marque donc la révolution des moeurs ; ce scénario aurait été encore impensable quelques années avant, mais en 1969, ce pays s'ouvrait au sexe, à l'amour libre, à quelques déviances aussi car il n'y a pas de fumée sans feu. C'est donc un film parfaitement ancré dans son époque de réalisation, en pleine libération sexuelle de la fin des années 60. Pour paraphraser une célèbre chanson de Gainsbourg, on pourrait dire que 1969 est une année érotique par excellence.
Ce film qui participe en même temps au mouvement du Nouvel Hollywood par l'audace de son sujet, se positionne comme une comédie satirique, avec un regard critique et amusé sur la société américaine des bobos californiens, à travers le parcours de 2 couples libérés et modernes mais dont l'un hésite encore à franchir le pas des relations extra-conjugales et de l'échangisme. Sous ses allures de comédie, Paul Mazursky pose des questions pertinentes (doit-on tout partager avec ses amis ? jusqu'où peut-on aller dans la relation extra-conjugale ? doit-on tout se dire ?...).
L'ensemble est sympathique, voire amusant parfois, la progression des personnages est bien menée, il y a l'excellence des dialogues et surtout le brio des 4 acteurs principaux qui incarnent les 2 couples, avec mention spéciale pour Natalie Wood qui est d'une beauté particulièrement rayonnante ; ce film marquait son retour sur les écrans après 3 ans d'éloignement suite à des difficultés professionnelles et des problèmes personnels, elle ne retrouvera hélas pas un rôle aussi brillant dans les films conventionnels qu'elle tournera ensuite jusqu'à sa disparition brutale en 1981.
Les dernières scènes qui montrent les 2 couples nus et hébétés dans un grand lit, sont restées assez drôles par l'embarras des personnages, mais il est clair que ce sujet risque d'être très daté, il faut donc essayer de recontextualiser tout ça, ce qui n'est guère facile pour les gens qui n'ont pas connu cette époque insouciante. Heureusement, les 4 rôles bien écrits et les acteurs font passer toutes ces appréhensions et balaient tout le côté vieillot qui aurait pu handicaper ce film, qui à sa sortie aux Etats-Unis, connut un succès aussi formidable qu'inattendu.

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le 30 oct. 2021

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Ugly

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