Blonde par Ygor Parizel

Pour apprécier ce Blonde, il faut bien se mettre en tête qu'il ne s'agit non pas d'un biopic sur la star Marilyn mais bien d'une fiction évoquant Norma Jean Baker/Marilyn Monroe. Le scénario se base sur des événements véridiques vécut par Norma Jean mais aussi des supputations sur des situations souvent sordides et invérifiables qu'auraient pu subir l'actrice (invérifiables mais plausibles). En effet les auteurs n'épargnent pas le spectateur avec des nombreuses scènes déroutantes voit révoltantes nous montrant une fois de plus la vie merdique d'une artiste, d'une icône même ! Entre les viols, les divers manipulations, son exploitation, les avortements, l'addiction ainsi que les erreurs de jugements de la jeune femme, sa psychologie entièrement conditionnée par l'"absence du père" puis son trouble de la personnalité entre Marilyn-Mister Hyde le monstre sexuel et Norma Jean-Dr. Jekyll fillette attendrissante et cultivée le personnage n'arrive plus à se situer; c'est très riche sur ce point. Andrew Dominik est un esthète, adepte de la belle image parfois cela a été pour lui contre-productif or ici ce n'est pas trop le cas car son style onirique et lyrique correspond bien au sujet, les 40 dernières minutes cauchemar sous narcotique symbolisent parfaitement l'esprit de ce film, des ralentis, des effets lumineux, des nombreuses séquences en noir et blanc tout y passe en matière d'imagerie, le cinéaste n'hésite pas non plus à s'attarder sur les visages ou sur les dialogues comme dans les deux émouvantes scènes du casting en larmes et celle du premier verre avec Arthur Miller. Enfin comment ne pas parler d'Ana de Armas qui est absolument formidable de mimétisme, elle propose une Norma/Marilyn troublante de vérité dans les moindres détails, elle a sûrement longuement étudié son rôle.