Acteurs, costumes, décors, tout cela serait très bien si cette relecture du conte de Blanche-Neige, prétendument plus fidèle à l’œuvre des frères Grimm, proposait de relire quelque chose. Or, en lieu et place, une succession de séquences dépourvues de la moindre mise en scène et dont l’incidence reste médiocre : ça se suit, ça se ressemble sans s’influencer vraiment, et le désintérêt du spectateur va croissant à mesure que les actions se précipitent, que les gargouilles sortent leur nez crochu et que le sang coule à gros bouillons tel un sceau d’eau colorée jetée à même la neige. Le film aimerait ressembler au formidable long métrage de Neil Jordan, The Company of Wolves, sorti treize ans auparavant, mais n’aborde le cinéma que comme une boîte à images sans relief ni personnalité. En résulte un produit informe dont le seul parti pris est celui de la noirceur opposée à la candeur d’un Disney bien plus sombre qu’il n’y paraît. Et reconnaissons enfin que si Sigourney Weaver est excellente dans son rôle – quoiqu’elle ne suffise pas à sauver l’ensemble du désastre –, Sam Neill emperruqué s’avère on ne peut plus ridicule.