Je suis allé voir Blade Runner 2049 en ayant vu pour me donner envie que quelques secondes d’images. Pas de bande-annonce ni même un teaser. Et pour tout dire je n’avais même pas aimé le premier volet de 1982. Mais les seules petites images je j’avais pu voir m’avaient insufflé l’envie folle d’aller découvrir ce film.


En ce qui concerne les images, pour lesquelles je me suis déplacé, j’ai été absolument époustouflé. Chaque plan de ce film est d’une incroyable beauté. Les images sont toutes si bien construites que chacune d’elle pourrait donner lieu à une interprétation réservée aux peintures les plus chargées en symboles.


Il est difficile de se remémorer l’intégralité des 2h43 du film mais une scène, ou plutôt un plan, pas le plus spectaculaire mais un des plus symboliques, m’a fait penser à des tableaux de la Renaissance. Notamment, l’un des plus célèbres d’entre eux: Les Époux Arnolfini de Jan Van Eyck peint en 1434. Ce qui m’a rappelé ce tableau est le chien de Deckard (Harrison Ford) qui, dans une scène, s’installe au milieu de son maître et de K (Ryan Gosling) dans une composition triangulaire particulièrement forte et qui souligne la place des protagonistes dans l’histoire. K, près de la fenêtre, du monde extérieur, comme l’époux Arnolfini. Deckard vers l’intérieur, en retrait, menant une vie d’ermite, comme l’épouse Arnolfini. Il y a aussi cette lumière orangée qui émane des tentures dans le tableau, ainsi que de la flamme de la bougie caractérisant la présence divine que l’on retrouve dans cette scène, témoignage des flammes d’un soleil dissimulé, disparu.
Il y a aussi cette scène magique où la géante rose holographique apostrophe K pour lui demander s’il se sent seul et le pointe du doigt comme Dieu va toucher le doigt d’Adam sur la fresque de la voûte de la Chapelle Sixtine peinte par Michel-Ange entre 1511 et 1512: La Création d’Adam. Une scène d’autant plus chargée en symbolique puisque le thème de la (pro)création est au centre de l’histoire.


Peut-être est-ce un peu exagéré d’émettre des parallèles entre le film et des tableaux de la Renaissance mais, après tout, ce film ne parle-t-il pas de renouveau ? de bouleversements ? et de naissance ?


Si la (pro)création est au cœur des affaires de K, l’humain est au cœur des nôtres. La question que nous pose l’intrigue est « à partir de quand est-on un humain » ? C’est aussi là toute la tension du film, reconnaître les humains des non-humains. À certains moments l’on en joue même, comme avec l’entrée en scène de Joi (Ana de Armas), personnage particulièrement saisissant et intéressant dans ce qu’elle peut répondre à la grande question.
Et lorsque les humains paraissent sombres, froids et font preuve de la plus grande cruauté, les réplicants, pleurent, saignent, sont en quête d’eux-même. Ils doutent, se questionnent et nous questionnent par la même occasion. Les rôles stéréotypes sont inversés. L’humain tue, le non-humain (se) protège.


Il y a beaucoup d’éléments dont je voulais parler, mais je vais m’arrêter là C’est une œuvre riche, sur tous les plans. Un beau coup de cœur pour ce film dont je n’attendais rien.

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le 10 oct. 2017

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Dan Mngn

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