Blade Runner 2049 sublime Blade Runner, permet de le comprendre et de le savourer, met en place une histoire cyclique de la création humaine. Je lis ça et là que le film est lent et froid, contemplatif, dénué d'émotions, sans joie de vivre et sans couleur, c'est à mon sens passer à côté de l'entièreté du sujet du film : la recherche de l'humanité qui hante des générations de robots héritiers d'un monde détruit qui petit à petit perd la mémoire de ses habitants, leur goût leur art, leur joie de vivre.


Le médium reflète avec brio ce monde en ruines. Rien ne subsiste, pas un chien, pas un arbre, plus âme qui vive. Quelques essaims d'abeilles mutantes, quelques vers en culture. Des insectes et du métal. Partout, à perte de vue, du métal. La nature a disparu. Et tout s'efface, la ruine elle-même tend à s'évaporer. Le temps de l'action n'a pas d'importance. Les éléments naturels se diluent et s'oublient. La pluie, la neige, la chaleur ou l'amour et tous les souvenirs qui les mettent en scène, tout ne fait sens qu'à travers les sens des hommes.


La ruine elle-même ne peut être conservée car les anciennes habitudes sont tenaces. La course du fer est éternelle. Des générations de robots se détruisent entre elles à la façon des hommes et ce faisant suppriment les souvenirs et des comportements de plus en plus lointains acquis aux contacts de l'humanité. La vie est fugace, perdue, nous ne savons plus ce qu'elle est. Seuls quelques-uns possèdent désormais des souvenirs par bribes. Des anciennes versions imparfaites, des héritiers, des reclus. Quelques-uns résistent à la destruction des sens. L'un d'entre eux, non-identifié, cherche une tentative de sortie du cycle de destruction/reconstruction infini. L'un d'entre-eux se doit de naître de l'idée de l'amour humain, l'un d'entre-eux se doit d'être le créateur d'une nouvelle génération. Mais lequel ?


L'un d'entre-eux peut-il seulement créer l'homme et l'humain, l'un d'entre-eux peut-il donner naissance à la vie ? Qu'est-ce que la vie ?
Le thème cher à Villeneuve est cette fois encore la recherche du constitutif de l'humanité en vue d'une réflexion sur sa pérennité. Arrival faisait la part belle au langage et à l'empathie, ce film repose tout entier sur la recherche de la caractérisation de l'humanité dans tout ce qu'elle a de plus terrible de plus beau, la recherche infinie de sens. Il est un miroir réfléchissant de la nécessité de l'établissement d'un mythe de la création pour donner sens à la vie.


La course éternelle du fer, une recherche des sens des hommes pour donner sens à la vie.

Quintus-Flavius
9
Écrit par

Créée

le 19 janv. 2018

Critique lue 282 fois

3 j'aime

Quintus Flavius

Écrit par

Critique lue 282 fois

3

D'autres avis sur Blade Runner 2049

Blade Runner 2049
Djack-le-Flemmard
5

Blade Ruinneur

Denis Villeneuve est un metteur en scène qu'on apprécie. Sicario, Enemy, Premier Contact... la plupart de ses œuvres sont puissantes, et on sait le bonhomme capable de mettre une beauté plastique...

le 4 oct. 2017

209 j'aime

40

Blade Runner 2049
Chaosmos
9

Simulacres et simulation

Pourquoi Blade Runner 2049 ? Cette question se posait à l'annonce d'une suite aussi intrigante qu'inquiétante et force est de constater qu'elle se pose encore aujourd'hui. La nouvelle création de...

le 5 oct. 2017

161 j'aime

32

Blade Runner 2049
Behind_the_Mask
9

Solitudes hémorragiques

Pour ne pas être seul, on se réfugie dans une mégalopole techno. On vit les uns sur les autres dans des cités dortoirs. Et personne ne se connaît. Et les rues sont remplies, de gens qui baissent la...

le 4 oct. 2017

154 j'aime

35

Du même critique

Premier Contact
Quintus-Flavius
8

De l'empathie dans le pathos

La mode est aux films de science-fiction qui traitent du fonctionnement de l’intime humain. Arrival est l’un de ces films. Ex Machina, que je viens de visionner, en est un autre. Car en effet, la...

le 8 févr. 2017

5 j'aime

1

Blade Runner 2049
Quintus-Flavius
9

La course éternelle du fer

Blade Runner 2049 sublime Blade Runner, permet de le comprendre et de le savourer, met en place une histoire cyclique de la création humaine. Je lis ça et là que le film est lent et froid,...

le 19 janv. 2018

3 j'aime

The Revenant
Quintus-Flavius
7

Pour le scénario on reviendra

The Revenant est un film qui construit à tout bout de champs un Tom Hardy dénué de sentiments et un Léonardo Di Caprio frappé par la bonté qu'il rencontre dans une étendue d'animalité et de...

le 16 avr. 2016

3 j'aime

7