Critique rédigée en octobre 2017


Ah Blade Runner... une très longue histoire. Je l'ai regardé pour la première fois à 8 ans (je ne rigole pas...), je l'ai reregardé par la suite, on me l'a expliqué et réexpliqué, j'avais perdu ce film de vue durant de nombreuses années... Je le redécouvre quelques années plus tard, l'effet est toujours intact. Et, à l'occasion de la sortie de la suite: Blade Runner 2049 par Denis Villeneuve et avec Ryan Gosling et le retour de Harrison Ford, je décide de voir pour la première fois la version director's cut" de 1992, tandis que jusqu'ici j'avais uniquement vu la final cut de 2007... Un écran noir, la musique de Vangelis qui surgit. 1h52 plus tard: Ah la la... Comment décrire l'émerveillement que je peux ressentir devant ce film, ayant profondément marqué l'histoire de ma cinéphilie? Et surtout, comment décrire un tel phénomène, qui fut une oeuvre précurseur dans son genre et une grande source d'inspiration pour de nombreux cinéastes par la suite? C'est un défi difficile auquel je vais m'essayer en écrivant cette critique.
Adaptation très romancée du roman de Philip K. Dick: Les androïdes rêvent-t-ils de moutons électriques ? (roman qui par ailleurs m'a énormément déçu par rapport à son adaptation, cela doit surement être dû à mon amour pour ce film), le film se déroule à Los Angeles en 2017, là ou l'Homme a créé les réplicants. Ces androïdes aux apparences tout à fait humaines sont reconnus grâce à quelques détails sur lesquels s'appuient les humains pour reconnaître un répliquant. Les répliquants, ayant tous une durée de quatre ans de vie, ont été conçus dans un seul but : les exploiter dans l'esclavage légal sur les colonies martiennes. Lassés d'être traités comme des esclaves, les réplicants déclenchent une révolte sanglante contre les responsables de tous leurs malheurs. Rick Deckard, un Blade Runner (une unité de police spéciale ayant pour objectif d'éliminer les répliquants), est alors chargé contre son gré de retrouver chacun d'entre eux: Roy Batty, Pris, Léon Kowalski et Zhora, séjournant clandestinement sur Terre et de les abattre. Mais ce n'est que le début d'une longue quête qui lui fera perdre tout ses repères et changera à jamais sa vision du monde. Mais qui est réellement humain, ici ? Qui sont réellement ces robots ? Voilà pour le pitch global en détails.


Tout d'abord, mettons les points sur les i, le scénario de Blade Runner est excellent ! Le film est très lent et pourtant tient le spectateur en haleine pendant 1h50 (il m'a toujours été impossible de m'y ennuyer), et ce grâce aux mystères qu'englobent les personnages et leur réelle nature, cette ambiance froide et ces longues scènes de dialogues qui ne se révèle être qu'un prétexte à une chose : permettre une réflexion philosophique passionnante sur l'Homme et la machine. D'où les réplicants tirent leurs sentiments et leur empathie ? Ont-ils une âme ? Autant de questions auquel le film va apporter des réponses à interpréter à sa manière.
Pour ma part, les personnages les plus humains du film ne sont pas vraiment les humains: puisqu'en effet, je trouve que créer des humains dotés de sentiments mais ne pouvant vivre plus de quatre ans est abominable.



Je pense Sebastian, donc je suis !



Il s'avère que ces androïdes éprouvent des sentiments et sont capables d'autant de sensibilité et d'intelligence qu'un humain lambda, je pense notamment à la scène dans laquelle


Roy Batty pleure à la mort de Pris, avant de pousser un hurlement de loup montrant ainsi qu'il possède ses émotions et ses souffrances.


Par contre, Roy n'est pas non plus l'"enfant modèle" espéré,


sachant qu'il effectue le "Baiser de la mort" à son créateur, Tyrell, tel un enfant qui tuerait son père, ne pouvant lui accorder plus de temps pour vivre (scène me marquant par ailleurs encore profondément).


Rachel, elle l'est tout autant, puisqu'elle n'est confrontée à l'une des plus mauvaises passions de l'Homme qu'à une seule scène du film :


le meurtre de Léon, qui s'apprêtait à tuer Deckard, parce qu'à part durant cette scène elle ne commet pratiquement jamais le mal.


Sinon, les nombreuses questions posées par Léon au début du film lors de l'entretien avec le Blade Runner montre qu'ils sont intelligents et attentifs ; Pris, elle montre dans son dénouement qu'elle est agile, une capacité physique donc.


Ensuite, la plus grosse claque du film: ses décors. Dans un Los Angeles futuriste méconnaissable, le film se déroule dans une ambiance terriblement oppressante : toute l'action a lieu de nuit, et il pleut sans arrêt sur un monde dans lequel la nature quasi-inexistante, sur une vaste métropole cauchemardesque dominée par l'immense pyramide de la Tyrell Corporation, du nom du concepteur des réplicants. Avec un monde futuriste sombre et inquiétant, Ridley Scott parvient à nous offrir du début à la fin des plans d'une qualité visuelle incomparable.
J'ai toujours beau être un peu sceptique sur les univers froids, je ne me lasse pas de me replonger dans cette ville si horrible et si splendide à la fois.


Et puis surtout, il a cette musique. Adorant particulièrement les bandes originales durant mon enfance, cette BO a passé de nombreux tours dans mes oreilles pendant celle-ci ! Le grec Vangelis a réalisé un travail incroyable en composant cette magnifique et ambitieuse bande originale "électro" qui fait dérouler le film sous plusieurs facettes musicales (l'inquiétant Tales of the Future chanté par la voix haut perchée de Demis Roussos, ami de Vangelis, dans une langue fictive, Main Title et Tears in Rain qui me donnent des frissons à chaque écoute, ou encore le fantastique End Titles qui donne l'impression de voler dans les airs à travers les vaisseaux spatiaux présents dans le film).


Enfin, autre gros point du film, son casting: Harrison Ford (l'ambigu Blade Runner Rick Deckard) dans ce qui restera pour moi son meilleur rôle ; la moins célèbre Sean Young (la mystérieuse Rachel) et surtout Rutger Hauer dans le rôle de Roy Batty, le charismatique meneur des réplicants clandestins, transcendant le film à chacune de ses apparitions, jusqu'à son monologue rempli d'humanité, tel que les mots me manquent pour le décrire.



Tous ces moments se perdront dans l'oubli comme les larmes dans la pluie : il est temps de mourir.



En conclusion, Blade Runner est mon film de science-fiction préféré, devançant même Terminator 2, le jugement dernier. Parfait à tout point de vues, ce n'est pas seulement un monument intemporel du cinéma et une adaptation surpassant largement le support originel : c'est surtout une expérience cinématographique qui se ressent dans le plus profond de l'âme et qui se regarde avant tout avec le cœur puisque avec Interstellar de Christopher Nolan une trentaine d'années plus tard, j'ai enfin pu constater à quel point un film de ce genre peut être émotionnellement puissant. Une CAPITALE !!!!!!!!

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le 18 déc. 2020

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