[ ♣ Black & White ♣ ]

Je ne pense pas qu'on puisse apporter une critique réellement constructive concernant Black Swan. Qu'elle soit bonne ou mauvaise. Ni de pouvoir coller les mots justes sur ce film car j'estime qu'il est trop grand. Trop grand et surtout encore plus profond qu'il semble l'être. C'est une sensation. Ce n'est pas un film qui se regarde mais qui se ressent. Si on se contente de le regarder... Oui, si on a réellement et simplement l'impression de l'avoir regarder... Alors, il me semble évident qu'on ne peut pas l'avoir apprécié dans ces circonstances.

Mais la personne qui l'a ressenti, jusqu'au bout, qui a vécu le personnage, qui a cru sombrer avec elle, comment ne pas l'aimer et avoir l'impression que notre cœur était en apesanteur ? Comment ne pas dire que cette expérience était intense et qu'il serait cruellement beau de mourir ainsi. Le cygne blanc et le cygne noir... Deux opposés, deux extrêmes d'une beauté à en couper le souffle... Une beauté pure, trop pure pour une beauté monstrueuse.

Après tout, nous possédons tous une sensibilité différente. Il est tout autant compréhensif qu'une personne peut l'avoir autant détesté qu'une personne a pu l'apprécier. Je pense également qu'une part de notre vécu a de l'influence là-dedans. Certaines personnes ne verront en Nina qu'une simple fille pathétique qui ferait n'importe quoi pour obtenir son rôle ou alors se concentreront sur les petits détails casés dans l'étiquette « cliché » Mais il est parfois bon d'en user.

D'autres seront capables de voir au delà et vivre avec elle ce qu'elle ressent et souhaite accomplir. (Quelqu'un qui a pu faire de la danse classique comme moi et qui a pu connaître tout comme Nina, certes pas à ce point, un prof acharné d'une dureté angoissante, quelqu'un qui a pu ressentir un sentiment étrange pour une personne « inappropriée» Quelqu'un qui a pu être autant surprotégé par leur mère... Quelqu'un qui, encore une fois, tout comme moi, ressent sans cesse ce besoin de perfection et qui est prête à se donner complétement pour y parvenir mais qui en souffre par tant de retenue pour certaines choses... Et j'en passe.)

Pourquoi ai-je été autant bouleversée par ce film pendant que d'autres l'ont trouvé d'une platitude abominable ? Tout d'abord pour quelques raisons personnelles que j'ai pu vaguement évoquer un peu plus haut. Et que je suis une adepte de la folie et des métaphores et même si dans ce domaine, je reconnais qu' il y a des meilleurs films qui ont su exploiter ce sujet, là n'est pas la question, il n'y a pas que la folie dans ce film... Il y a la beauté, il y a l'amour, l'excès, la vie, la passion, les rêves, la réalité, la compétition, les paradoxes ambulants, les névroses et notamment la confrontation de soi qui évoque nos aspirations, nos désirs et surtout nos plus grandes exigences.

J'accorde vraiment un intérêt particulier à cette sensation d'oppression, ce genre d'œuvre qui ne laisse pas l'arrière goût d'un déjà-vu mais celui d'une captivité totale que cela en serait presque effrayant. Elle est pour moi la recette d'un Art Réussi.

Ce film est un malaise progressif, on chute, nous ne regardons pas Nathalie jouer le rôle de Nina, nous sommes Nina, cette pauvre fille frigide et apeurée par toutes ses angoisses, obsédée par son art, Nous ne comprenons pas plus ce qui se passe lorsqu'elle se confronte au cygne noir... Ce cygne noir qu'elle ne perçoit que de l'autre côté du miroir... Celui que nous avons tous au fond de nous... Celui qui est en mesure de pouvoir nous mener aussi loin... Vivre notre rêve tout simplement...

Le + : Il va sans dire que Nathalie Portman m'a agréablement surprise par sa beauté fragile et l'interprétation de son personnage, il est bien rare qu'une actrice se fonde à ce point là à tel point qu'on pourrait penser qu'elle n'existe pas sous un autre jour que celui de Nina et Vincent Cassel par sa dureté et charisme, qui est lui aussi un acteur doté d'un talent incroyable. Les musiques fabuleuses et réellement dévoilés au bon moment... (Très important dans un bon film)

Les scènes de danse... Pourtant, je ne suis pas adepte de ce genre de choses, mais la scène finale est d'une splendeur parfaite, parfaite, comme elle le dit si bien...

Le - : Mon petit côté nunuche de fleur bleue aurait apprécié une histoire plus intense entre le prof et Nina, quelque chose de plus malsain et de dérangeant. Une sorte de fusion passionnelle en prenant bien évidemment garde à ce que Vincent n'en fasse pas trop et qu'il demeure aussi abject. Je suis vraiment resté sur ma faim pour cette relation bizarre entre eux, c'est le seul défaut que je pourrais attribuer à Black Swan.. Mais après tout, là n'était pas le sujet... Nous parlions du Cygne Noir et il s'est achevé en une splendeur incroyable...