Pour les adeptes de deuil et de nouveau départ...

La sortie en salle de « Black Panther » il y a quelques années a été un événement important dans la chronologie du MCU. Il s’agissait du premier opus construit autour d’un héros de couleur. La symbolique était forte et le succès commercial s’est avéré être une agréable nouvelle. Ce premier chapitre des aventures du héros félin avait été accompagné de critiques plutôt positives. Néanmoins, mon avis personnel avait été assez mitigé à l’époque. J’avais certes passé un moment agréable mais il était loin d’être mémorable. Malgré cela, le charisme du héros était certain et la mythologie du Wakanda semblait posséder un potentiel narratif certain.

Wakanda forever s’insère dans la continuité de la chronologie du MCU. Cependant les liens narratifs avec les autres personnages de l’univers sont assez minimes. Ce film se présente davantage comme une suite de Black Panther que comme une nouvelle pierre à la construction de la complexe et riche toile Marvel. Les retours dans le passé sont fréquents et s’avèrent indispensables à la construction scénaristique. Il me semble donc indispensable d’avoir en tête, au moins dans les grandes lignes, la trame du précédent épisode. A l’opposé, une maîtrise fine de l’univers étendu me parait davantage anecdotique.

T’Challa est décédé. Le Wakanda a vu disparaître Black Panther. Le pays est source de crainte et de convoitise depuis que l’existence du vibranium est connue du monde entier. Le royaume est donc en danger. Mais il ne semble pas être le seul… En effet, un monde sous-marin semble également posséder des ressources du célèbre métal. Eux aussi sont menacés… Faut-il que le Wakanda conserve son indépendance ou s’associe avec cette mystérieuse nation au discours belliqueux ? L’issue à cette situation complexe et dangereuse se réside-t-elle pas dans l’avènement d’un nouvel héros ?

Au-delà de l’identité du nouveau Black Panther, la curiosité du film s’était construite commercialement autour de l’identité de l’antagoniste, Namor. Ce souverain du monde sous-marin possède la capacité à respirer sur terre comme sur l’eau. Ses desseins n’en font pas un méchant caricatural. En effet, il tend la main au Wakanda pour se protéger contre une menace commune. Son passé l’incite à adopter une stratégie guerrière plutôt que diplomatique. C’est cette différence de point de vue qui fait des deux royaumes deux adversaires. La construction du personnage s’avère donc intéressante car davantage travaillée et finalement peu manichéenne. Sans rentrer au Panthéon des personnages Marvel, Namor fait partie de ceux qui ne laissent pas totalement indifférent.

L’histoire se construit essentiellement autour de personnage de Shuri. La petite sœur de T’Challa n’arrive pas à faire son deuil suite à la disparition de son frère. Sa tristesse et sa souffrance sont mêlées à de la colère. Elle cherche sa place et son rôle. Elle veut défendre son pays mais a du mal à définir clairement le chemin pour y parvenir. L’interprétation de Letitia Wright est intéressante et touchante. L’actrice arrive à faire ressentir aux spectateurs sa douleur et donne une fibre émotionnelle rare dans ce type de film. Les autres protagonistes restent en retrait. Que ce soient les piliers du Wakanda, Ramonda, Okoye ou Nakia ou que ce soit la petite nouvelle, Riri Williams, elles se voient offrir une bien petite place par le scénario. C’est un regret car leurs interprètes sont charismatiques.

Comme dans tout film du MCU, la dimension spectaculaire n’est pas à négliger. Le bilan sur ce point est plutôt positif même si je dois bien avouer que je n’ai pas été subjugué ni par le Wakanda ni par le royaume sous-marin. Il n’y a aucune fausse note technique mais l’ensemble manque de magie et d’épaisseur. L’ensemble est coloré, dépaysant mais manque un petit peu de personnalité à mes yeux. Peut-être est-ce du au fait que l’accumulation de films de ce genre me rend plus difficile ou plus exigeant ?

Pour conclure, Wakanda forvever est un cru honnête du MCU. C’est le traitement d’un deuil des personnages qui m’a le plus intéressé. L’antagoniste sous-marin et son combat m’a peu passionné. Les scènes de combat ne m’ont pas passionné. Le ton est davantage mélancolique et ce n’est pas une mauvaise chose. J’ai eu le sentiment que ce film est un épisode de transition vers une nouvelle époque pour le Wakanda. Il ne reste plus qu’à découvrir où tout cela va nous mener…