Un film aux enjeux pour le moins important.

Black Panther, premier du nom, est un film considérable comme un véritable OVNI dans l'univers cinématographique Marvel, probablement pas au niveau de sa structure, suivant les codes érigés par ses prédécesseurs, mais bel et bien au niveau de son atmosphère. Alors certes, une importante politisation et campagne publicitaire fut mise en place pour l'œuvre, comme porte-étendard d'une communauté bien souvent peu représentée (de même pour sa suite finalement)... On parle tout de même du premier film Marvel centré sur un personnage afro-américain et pas n'importe lequel, sur le premier super-héros noir des comics. Mais à raison, Black Panther est un bon film, aux quelques défauts certes présents, mais aussi aux nombreuses qualités non-négligeables. Réalisant de plus un excellent score au box-office mondial (près d'1,3 milliards dans les salles obscures), autant dire qu'avec pareil quantité d'argent engendré, une suite fut bien vite mise en chantier. Néanmoins, ce n'est pas quelque chose à prendre à la légère, les Marvel et les suites font généralement du bon sans pour autant égaler l'original et parfois du médiocre voire du mauvais, avec évidemment quelques rares exceptions : la pression est donc à son comble pour l'équipe, le film se fera, pour sûr, mais doit se montrer à la hauteur.


C'était du moins ce que tous pensaient avant le tragique et précoce décès de son aujourd'hui regretté acteur principal, Chadwick Boseman. Véritable moteur du premier film, comment faire une suite sans le héros dudit film ? C'est là tout l'enjeu de ce second opus, après la mort de son roi, comment le Wakanda et ses personnages autrefois secondaires et désormais au centre de l'intrigue vont-ils faire pour se relever ?


The king is dead. The Black Panther is gone.

Une année s'est écoulée depuis la mort du roi et protecteur du Wakanda, Black Panther. Toutes les nations sont désormais au courant des importantes réserves de Vibranium que recèlent ce pays que l'on croyait autrefois peuplé de simples et pauvres fermiers et cherchent à avoir leur part, de gré, ou de force... Ici, chaque personnage vivra le deuil de son frère, fils, amant, rival ou roi à sa manière, parfois similaires mais généralement opposées entre elles. Entre conflits géopolitiques, deuil prématuré d'un régent et arrivée d'un nouvel antagoniste aux motivations loin d'être manichéennes, le film a la recette pour être un très bon, si ce n'est un excellent Marvel.

Un hommage me laissant pour le moins perplexe.

La mort du personnage éponyme doit avoir un impact pour le moins important pour être crédible et prise au sérieux. Il est donc tout naturel de penser que le décès du roi va être l'élément moteur de ce second film, à l'instar de la vie et fougue du roi qui étaient l'élément moteur du premier film.


Mais ce n'est pas l'impression que j'ai eu lors du visionnage de l'œuvre, c'était même plutôt l'inverse : j'avais l'impression que le sujet était plutôt vite expédié pour ensuite être mis au second plan sans jamais pour autant revenir au centre de l'intrigue. Et c'est dommage. Certes, je ne m'attendais pas à un début prenant le ton à la légère et finissant par devenir pour le moins irrespectueux comme avait pu le faire Spider-Man : Far From Home avec un Power-Point aux fondus enchaînés d'images du regretté acteur sur une musique de Whitney Houston, mais j'aurais aimé que le centre de l'intrigue s'attarde davantage dessus.


Car si lors des premières minutes, on pourrait croire que le film va pleinement exploiter les aspect géopolitiques, avec un pays affaibli en proie aux attaques de nations peu scrupuleuses, dont la France fait évidemment partie, il n'en est rien. Le scénario se concentre plutôt sur le sauvetage et la protection d'une adolescente ayant créé une machine permettant la localisation du Vibranium, métal et source d'énergie quasi infinie mais surtout source de la puissance du Wakanda, pour au final la laisser de côté par la suite et se diriger en grande bataille. Néanmoins, une autre nation, jusqu'à lors inconnue, se voit elle aussi posséder ce précieux métal et alors mise en danger par cette invention qui pourrait révéler son existence aux yeux du monde : Talocan.

Un scénario se cherchant tout du long du film.

La mort de Chadwick Boseman a évidemment dû bousculer de nombreux plans, y compris au niveau du scénario initial, donnant lieu au résultat final ici présent. Pour être clair, il semble ne pas vraiment savoir sur quel pied danser, rendant le tout avec parfois d'inutiles longueurs, qu'il aurait été possible d'éviter, et de moments expédiés, sur lesquels il aurait peut-être fallu s'attarder davantage, le tout parsemé de sous-intrigues parfois, si ce n'est complètement dispensables.


Pour ce qui est du côté dispensable, peut-être car il fait tâche par rapport au reste du ton du film, je pense ici à la présence d'Everett Ross, interprété par Martin Freeman, que l'on avait pu voir dans le premier opus, ainsi que de Valentina Allegra de la Fontaine, interprétée par la spectaculaire Julia Louis-Dreyfus, et vue dans Black Widow mais aussi la série Falcon & The Winter Soldier, censés dans le film montrer l'épée de damoclès que représentent les États-Unis et qui planent sur le Wakanda pour obtenir leurs ressources... Ross cherchant à éviter le conflit, connaissant le Wakanda et ayant été sauvé par ces derniers, et Valentina représentant les USA. Or, aussi puissants soient-ils, je ne vois pas en quoi ils représentent un tel danger, le Wakanda étant décrit comme la nation la plus puissante au monde, au point d'avoir pu repousser (avec une aide super-héroïque tout de même) l'armée d'un conquérant extraterrestre ayant réduit bon nombre de systèmes en cendre, et ce, deux fois, lors d'Infinity War et Endgame, ne devrait pas vraiment se sentir en danger face à une nation, quelle qu'elle soit.


Parfois intimiste en abordant les introspections de chacun, en particulier celle de Shuri qui se cherche en tant que désormais dernière héritière du trône, et celle de la Reine Ramonda, devant faire face à la perte de son mari et son fils à quelques années d'intervalle à peine, le tout en assumant la lourde tâche de dirigeante en tant que reine régente de son pays, le film saura apporter une place de taille à l'émotion, les acteurs sublimant particulièrement les scènes dramatiques par des performances devenues trop rares dans les derniers blockbusters de ces dernières années.


Et malgré un rythme saccadé, le film saura offrir de magnifiques scènes, en particulier lors de la découverte du Royaume de Talocan, qui aurait pu souffrir de la comparaison avec le Royaume Sous-Marin d'Atlantis d'Aquaman mais qui parvient à l'éviter avec une approche néo-classique, se servant des temps anciens pour faire du neuf, le peuple Talocan descendant du peuple Maya, jouant avec des jeux de lumière pour le moins très agréables à voir, même si la photographie sur le reste du métrage reste un niveau en dessous du premier, mais aussi de ses combats.


Je pense particulièrement au combat final, opposant Namor et Shuri, désormais Black Panther, à l'ambiance très épurée, tous deux combattant sur une plage, seuls, avec presque une absence totale de musique, les seuls sons pouvant être entendus étant ceux des râles de douleur mais aussi des griffes tranchant la peau et des coups fracassant l'adversaire. Il s'agit peut-être selon moi de l'une des plus belles scènes du film, ça, et la découverte de Talocan.

Conclusion

Black Panther : Wakanda Forever n'est pas un mauvais film.

En ce cas, pourquoi seulement 5/10 ? (Sur 20, il aurait peut-être eu 11.)

Car il m'a grandement mitigé.


Peut-être mes attentes étaient trop grandes, mais mon envie de voir la mort de Black Panther au centre de l'intrigue et moins expédiée me rend intransigeant sur le rendu du film -certains diront que je suis obtus. Les caméos sont bons et agréables, la bande originale, toujours signée Ludwig Göransson, est bien qu'en dessous de celle du premier reste très agréable à l'oreille, en particulier les thèmes concernant le défunt roi, tandis que les chansons créées pour le métrage sont parfois très bonnes, parfois très moyennes, et donc légèrement en deçà de celles du premier opus. Comme dit plus tôt, la photographie reste bonne, mais rien de comparable aux scènes de combat de nuit du premier film : le premier dans la jungle, les tirs des armes à feu étant la principale source de lumière et celui dans Busan, où les néons et les impacts luisant violets du costume donnaient au tout une ribambelle de couleurs agréable à voir.

Les personnages de M'Baku et Okoye sont toujours aussi appréciables et l'évolution de Shuri est intéressante et l'un des points forts du film.

Le tout était agrémenté de petits défauts, parfois personnels peut-être, qui m'ont légèrement sorti du film.

J'ai en tête la mort de la reine, rendant la mort de T'Challa moins importante : avoir 1 mort est impactante, en avoir 2 c'est amoindrir l'impact des deux, mais aussi le personnage d'IronHeart que j'ai eu du mal à apprécier malgré l'affection que j'ai pour elle dans les comics, à voir dans la série qui lui sera dédiée.


Namor s'inscrit néanmoins dans les meilleurs méchants du MCU à mes yeux, à croire que la phase 4 contient les antagonistes les plus intéressants mais mis dans des films très moyens, ce qui est plutôt triste. Il n'y a plus qu'à espérer que Kang soit à la hauteur de mes attentes !


Le film n'en est pas mauvais pour autant, mais conclut la phase 4 déjà bien trop variable sur un ton amer en bouche, comme celui qui l'avait inauguré, Black Widow.


Un second visionnage me sera probablement nécessaire pour avoir un avis autre que "à chaud", car au fond de moi, je veux laisser une autre chance au film.


Post-Scriptum : Il s'agit de ma réelle et première critique sur le site après plusieurs années d'activité plus ou moins régulière, sans jamais pour autant écrire la moindre critique, me limitant d'ordinaire à de simples notes. Si vous avez des conseils ou envie de discuter de mon avis, les commentaires vous sont ouverts.

Koupin
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le 12 nov. 2022

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