Le moment idéal pour adapter ce super-héros Marvel

Stan Lee,grand faiseur de Marvel, a cette audace de proposer Black Panther comme une série à part entière en 1977.Quarante ans plus tard, le film Black Panther sort.Entre les deux,quarante années nécessaires pour attendre le moment idéal pour adapter ce super-héros noir,dont les pouvoirs ne sont pas une finalité et où le background temporel et spirituel a son importance.Le film ne s’y trompe pas en faisant débuter son action en 1992,une date charnière pour l’identité noire aux Etats-Unis.Pris hors contexte du Wakanda qu’on découvre un peu plus tard,on prendrait presque le frère du Black Panther et Zuri comme deux délinquants cachant des armes.Cette scène à faux-semblants font que Ryan Coogler donne sa tonalité politique au film d’entrée.Ce qui suit, soit la présentation du royaume africain,enclave technologique gardant ses valeurs traditionnelles, pose question sur l’existence inspirée ou fantasmée d’un tel endroit ( les critiques voyant un rapprochement avec l’Ethiopie).L’habileté de Stan Lee et de ses adapteurs,c’est de montrer que le continent africain aurait une légitimité aux yeux du monde sans cacher le rayonnement d’un royaume n’ayant rien à envier à l’Occident.Un postulat positif et militant et où le personnage de Ch’tala,nouveau Black Panther du Wakanda,est le symbole d’une Afrique moderne,remplie de valeurs et éclairée ( loin du trafic d’armes,des enlèvements de civils contre rançon ou autres plaies rongeant l’Afrique de nos jours).Toute cette évocation merveilleuse est tempérée par l’efficacité légendaire du genre comic.En effet,faire de la ressource du Wakanda un enjeu de l’histoire est gros sabots, quand le secret du père de Ch’tala autour de son frère constitue l’intérêt de Black Panther.Preuve qu’il en faut pour tous les goûts et que le dosage Marvel entre action et intellect veut toujours contenter plusieurs publics qu’un seul.Et c’est là que l’entreprise est fine,que l’impact sur les fans d’action pure ou ceux qui aiment réfléchir les réunit au lieu de les diviser.C’est ce clivage qui rend Black Panther aussi puissant que Spiderman.Le film a aussi la bonne approche en montrant la même proportion de Blancs ou de Noirs déviants que ce soit pour l’appât du gain ou le pouvoir.Ainsi,il ne tombe pas dans un manichéisme maladroit à sens unique.Un dernier mot comme mes collègues de Sens Critique qui aiment voir enfin Andy Serkis prouver que son boulot de l’ombre en motion capture se fait dans le prolongement de sa propre enlevoppe charnelle.Sa performance sur Klaue est à la fois nerveuse et ironique et vaut le coup d’oeil.Vraiment ravi d’avoir vu Black Panther qui n’a pas bénéficié d’un buzz trompeur et dont le succès international est mérité.

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le 7 mars 2018

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