Sept preuves que "Black Panther" est un film important (à défaut d'être excellent)

EN.FIN. Après des débuts remarqués dans Captain America: Civil War sous les traits de Chadwick Boseman (42, Get On Up), Black Panther, le premier super-héros noir, a droit à son film live. L’occasion pour Marvel de poser les bases de ce personnage moins connu, avant de l’intégrer de façon pérenne dans son univers via Infinity War, le prochain volet des Avengers qui sortira sur les écrans le 25 avril. Pop Up’ vous explique pourquoi le 18e film du Marvel Cinematic Universe (MCU), engagé autant dans la forme que le fond, marque une rupture dans le monde super-héroïque.


Il raconte la genèse du premier super-héros noir


Comme annoncé, Black Panther reprend exactement où l'on avait laissé son personnage éponyme dans Captain America: Civil War. Après que son père, T’Chaka (John Kani), roi du Wakanda, est tué dans un attentat perpétré lors d'une réunion des Nations Unies à Vienne (Autriche), T’Challa (Chadwick Boseman) revient au pays pour lui succéder. Lors de son couronnement, il absorbe la potion qui lui permet de devenir à son tour Black Panther, un combattant aux capacités décuplées. Mais sa légitimité est bientôt défiée par un autre prétendant au trône.


Apparu pour la première fois dans un comic-book daté de 1966, le personnage de Black Panther est, comme Spider-Man, Iron Man, Hulk et tant d'autres, à porter aux crédits des légendaires créateurs américains Stan Lee et Jack Kirby. Au cinéma, le premier volet de ses aventures - confié à Ryan Coogler (Creed : L'Héritage de Rocky Balboa) - "tranche avec tout ce que [Marvel] a fait auparavant", de l’aveu même de son producteur, Kevin Feige. Car T’Challa n’est pas un héros ordinaire. C’est d'abord un souverain qui règne sur un petit pays africain qui, en dépit des apparences, est aussi le plus riche et le plus puissant du monde. Et il consacre les pouvoirs de Black Panther à la protection de sa nation. A ce titre, il est considéré par son peuple comme un guerrier, et non comme un super-héros.


On découvre enfin à quoi ressemble le Wakanda


Souvent évoqué dans les films du MCU, le royaume du Wakanda se dévoile pour la première fois au cinéma. Ce pays africain imaginaire, qui vit en autarcie depuis des millénaires, est réputé pour être l’un des plus pauvres au monde. Mais cette façade cache en fait une toute autre vérité. Probablement parce qu’une météorite s’est écrasée sur ses terres, le pays dispose d’un important gisement de vibranium, un métal fictif quasi indestructible qui a servi à concevoir le costume de Black Panther mais aussi le bouclier de Captain America. Cette ressource, que le Wakanda a su exploiter, lui a permis de devenir le pays le plus développé de la planète. Une richesse et un savoir que le Wakanda refuse pourtant de partager avec le reste du monde.


C’est le premier film du MCU où l’on parle culture et identité


Avec Black Panther, les studios Marvel vont beaucoup plus loin que lorsqu’ils nous dévoilent le royaume d’Asgard de Thor. Coogler n’a pas seulement imaginé les paysages du Wakanda (certes, à grand renfort de fond vert, mais tout de même). Il a créé toute une identité visuelle, puisée autant dans la pop culture que dans le folklore africain, sans jamais tomber dans la parodie ou le déguisement kitsch. Sa vision emprunte au passé de l’Afrique à laquelle il ajoute de la modernité, transformant le Wakanda en une version fantasmée de ce pourrait devenir le continent dans un futur plus ou moins proche. C’est coloré, somptueux, et surtout Black Panther nous offre une autre vision de l’Afrique. Lumineuse et optimiste.


Mais Ryan Coogler va plus loin. La première scène dans laquelle apparaît Erik Killmonger (Michael B. Jordan) - l’homme qui va défier T’Challa pour lui ravir son titre - se déroule dans un musée londonien. Après avoir interrogé la conservatrice du lieu sur les provenances d’objets africains, Killmonger lui explique qu’il vient récupérer une arme d’origine wakandienne. Quand elle lui répond que l’objet n’est pas à vendre, il lui rétorque que ce sont ses ancêtres à elle qui l’ont volé au peuple africain. Le ton est donné, et le réalisateur n’aura de cesse de le répéter. Black Panther est un film qui se souvient que le parti révolutionnaire Black Panther a été fondé seulement quelques mois après la première apparition de T’Challa dans un comic-book. Au point que les studios Marvel avaient alors jugé opportun (pour un temps) de rebaptiser leur nouveau héros Black Leopard, pour éviter les collusions. Mais aujourd’hui, Coogler assume fièrement cet héritage politique en livrant un film engagé.


Michael B. Jordan incarne un méchant (enfin) parfait


Certes, il y a Andy Serkis (un des rares comédiens blancs au casting) qui incarne avec jubilation Ulysses Klaue, l’ennemi juré du Wakanda, spécialisé dans le recel de vibranium. Mais le vrai méchant de l’histoire n’est pas l’homme blanc. C’est un ancien soldat américain, Erik Killmonger, qui va donner véritablement du fil à retordre à T’Challa. Incarné par Michael B. Jordan (que les fans de la série The Wire connaissent bien), que Ryan Coogler a déjà dirigé à deux reprises, ce méchant plus profond et moins caricatural que les autres villains du MCU est un régal. Complexe et engagé comme le propos du film.


Son casting (composé presque à 100% d’acteurs noirs) est une réussite


Au-delà des deux protagonistes principaux, on se réjouira de cet excellent casting, presque exclusivement composé d’acteurs noirs. Mention spéciale à Sterling K. Brown (récemment récompensé par le Golden Globe de Meilleur acteur dans une série dramatique pour This is Us) et Forest Whitaker (dont la présence toujours aussi charismatique irradie les écrans de cinéma depuis 30 ans) qui incarnent des seconds rôles malheureusement trop peu à l’écran.


Toutes les femmes ont des rôles ultra badass


Que dire de toutes ces femmes qui entourent Black Panther ? Elles sont fortes, elles rayonnent et ne sont pas là pour décorer. A l’image de Shuri (Letitia Wright, aperçue dans la dernière saison de Black Mirror), la petite sœur délurée de T’Challa qui est à Black Panther ce que Q est à James Bond : une experte en technologie qui passe son temps à améliorer l’équipement de son grand-frère.


Les fidèles de la série The Walking Dead reconnaitront Danai Gurira, l’inoubliable Michonne, qui incarne avec force et respect Okoye, cheffe des Dora Milaje, la garde rapprochée du roi du Wakanda. On peut aussi citer l'immense Angela Bassett, flamboyante mère de T’Challa ou encore Lupita Nyong'o (Twelve Years a Slave) qui incarne Nakia, l’ex de T’Challa, fière et insaisissable.


Le film délivre un message politique et humaniste


Que faire de cette incroyable richesse sur laquelle est assis le Wakanda ? C’est l’une des questions que soulève Black Panther. Tandis que T’Challa, comme son père et les souverains qui l’ont précédé, est partisan d’une vie en autarcie afin de préserver son peuple, Erik Killmonger, son rival, souhaite utiliser le vibranium pour armer les populations noires et se révolter contre l’oppression. C’est de leur confrontation que va naître cette réflexion qui amènera T’Challa à se dévoiler au reste du monde et à choisir de partager enfin les richesses et les savoirs qu'abrite son pays.


Comme le rappelle Time magazine : "Ce n’est pas juste une film sur un super-héros noir ; c’est un film complètement noir. Il porte un poids que ni Thor, ni Captain America ne pourraient soulever : être au service d’un public noir qui a toujours été sous-représenté". De la même manière que Wonder Woman, pourtant très imparfait, a suscité l’enthousiasme des jeunes femmes dans le monde entier.


On ne peut que se réjouir de ce tournant plus grave pris par Marvel. Après le teen-movie Spider-Man: Homecoming et la comédie potache Thor: Ragnarok, Black Panther redonne du crédit à la Maison des Idées. Les quelques blagues osées du bout des lèvres durant les 2h14 que dure le film ne font d’ailleurs pas rire les spectateurs, conscients de ce qui se joue sur l’écran. Mais, combiné avec des scènes d’actions peu convaincantes, un scénario sans grande originalité et un dénouement prévisible, Marvel y perd aussi un peu de son âme. Dommage, Black Panther aurait pu être un grand film.


Critique publiée sur franceinfo.fr / Pop Up'.

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le 14 févr. 2018

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Elodie Nelson

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