Une brise de fraîcheur dans le Marvel Cinematic Universe, avant la tempête ?

Black Panther fait vraiment du bien dans le paysage Marvel. Après de nombreuses productions relativement insipides dont Thor Ragnarok était le couronnement, les choses sérieuses reprennent, peut être même là où les promesses de Doctor Strange se sont arrêtées. Un réalisateur talentueux est arrivé à bord, et le changement en est sublimé. Ryan Coogler signe un film efficace, à l'identité marquée, tout en reprenant les codes du genre à son avantage.

Si on laisse de côté le discours malaisant et la discrimination positive propre à la société d'aujourd'hui, le voyage au Wakanda vaut réellement le détour, force à la fois visuelle, pour un sujet terriblement d'actualité. Après un Fruitvale Station puissant, et un Creed salvateur, Coogler s'approprie avec brio l'histoire et la lutte de couleur. Même si l'impression d'avoir un wagon de retard sur Hollywood est là et que les films sur ce sujets ont pullulé ces dernières années (12 Years A Slave, Le Majordome, La Couleur des sentiments, Django Unchained, Selma, Moonlight etc), et si Spielberg fait toujours figure d'avant-gardiste (Amistad, La Couleur Pourpre), ça fait du bien de voir des noirs parler de la cause noire sans que leur propos soient traités de racisme dans un film de divertissement.

Le sujet de Black Panther est fort car traité avec sérieux. On est loin de la niaiserie insupportable de Ragnarok, ici les gags sont réellement drôles et placés là où il faut sans que cela désamorce le moindre enjeu dramatique. L'antagoniste a des raisons valables d'être ce qu'il est et son plan de grand méchant fonctionne parfaitement dans le film. Enfin un méchant sympa chez Marvel ... ! D'autant plus qu'il se marie très bien avec le second couteau interprété par Andy Serkis, dans un rôle qui lui sied bien. Michael B.Jordan, fidèle de Coogler est très bon, mais malgré une présence physique remarquable, il faut avouer que Chadwick Boseman est extraordinaire. Charismatique, il confirme après le très bon Get On Up être un grand acteur en devenir.

Le film est d'une richesse incroyable, et la première demie-heure de film est réellement bluffante tant l'univers dépeint est beau, porté par une musique dont je manque d'adjectif pour la décrire. Loin des partitions redondantes et écoutées des milliers de fois, on a le droit à quelque chose d'unique. La direction artistique est très bonne, et cette ville futuriste superbe. Mariage naturel entre coutumes africaines et ville futuriste, les buildings sont beaux et si l'on se projette dans le futur, c'est l'évidence même.

Bien sûr, le film n'est pas exempt de défauts. Certains effets numériques laissent à désirer, et la technologie à un rôle prédominant, faisant littéralement de l'ombre aux personnages principaux. Regrettable, tant il aurait été cool de voir davantage la panthère noire en action. Passé les premiers instants, le film se standardise davantage dans son contenu, et une fois le passage de Corée, on retombe dans une formule Marvel assez classique. Par ailleurs, le Wakanda est traité comme un monde replié sur lui-même, tout comme ce film dans un univers pourtant étendu. C'est à la vision de la bande-annonce d'Avengers que l'on comprend pourquoi: nous reviendrons en terre africaine avec l'intégralité des super-héros.

Black Panther sera un succès commercial phénoménal, et cela renforce ma désillusion envers Justice League, incapable d'égaler ou de proposer un film d'égal à égal avec la énième production concurrente. Avengers Infinity War est lancé, et les espoirs renaissent. Le ton trouvé avec Black Panther est parfait, faut-il espérer que les Frères Russo donnent le meilleur d'eux-mêmes.

7/10.