BigBug
4
BigBug

Film de Jean-Pierre Jeunet (2022)

Voir le film

A la fin de BigBug, on apprend que l'erreur est humaine.


Jean-Pierre Jeunet est donc aussi humain...


Car on peut légitimement se demander ce qui lui est passé par la tête et se montrer assez effaré par le spectacle proposé en exclusivité sur Netflix, qui se plaît à aligner les grands noms comme autant de prises de guerre pour assurer la domination de sa plate-forme.


On peut aussi penser qu'une telle politique n'en a finalement pas grand chose à faire de la qualité de ce qu'elle finance, pourvu que les abonnés et nouveaux convaincus se ruent sur la nouveauté maousse venant aujourd'hui faire clairement concurrence à un agenda des sorties cinéma moins alléchant en ce début d'année 2022.


D'autant plus que Jean-Pierre Jeunet, cela faisait presque dix ans qu'il n'était pas réapparu sur nos radars, soit après l'abandon de sa version de l' *Odyssée de P***i et la réception fraîche de l'incompris ***L'Extravagant Voyage du Jeune et Prodigieux T.S. Spivet*.


BigBug ne dépare pourtant pas, à première vue, dans l'univers du réalisateur, dans son décalage constant ou dans sa visite de canons esthétiques rétro. Et ici, Jeunet n'hésite jamais à se rapprocher du futurisme un peu toc aux allures d'années 70, ou encore des impressions laissées par les souvenirs de Mon Oncle, de Jacques Tati, pour nourrir une critique de l'hygiénisme de notre temps et de notre dépendance consentie à la technologie.


Le début de BigBug intrigue, tandis que les images et les couleurs pétaradent et donnent envie d'aller plus loin. Sauf qu'un esprit dans la machine nous susurre à l'oreille, minute après minute, que quelque chose cloche. Parce que l'on se rend compte que la galerie des personnages proposés n'a rien d'attachant. Parce que certains acteurs évoluent en roue libre ou se montrent tout simplement à côté de la plaque, Youssef Hajdi en tête.


Et même si la fine fleur française des seconds rôles ou des trognes défile à l'écran, le plaisir procuré s'étiole beaucoup trop vite en étranglant l'intérêt de BigBug, qui mute en un huis-clos neurasthénique et horriblement simpliste, versant de temps à temps dans un ridicule achevé que l'on ne connaissait pas chez Jean-Pierre Jeunet.


Le film sombre ainsi carrément dans un néant mou à mi-parcours, laissant ces personnages errer et se monter dessus histoire de tuer le temps, et le spectateur au passage. Dans un mépris impérial du genre humain qui laisse pantois, le tout dans une caricature facile, épaisse et peu inspirée, irrigués de saillies et de bons mots se rêvant d'Audiard mais ne se montrant souvent qu'odieux et dénués d'esprit et de spontanéité.


Les aspirations étaient là, assurément. Il y a à l'évidence de l'ADN de Jean-Pierre là-dedans, mais BigBug se montre si brouillon et périmé dans son propos que le goût du ratage reste longtemps en bouche après le générique de fin, laissant perplexe quant au retour d'un réalisateur que l'on avait connu plus inspiré et investi dans un cinéma plein de gourmandise et de défis.


De quoi penser que s'il a été un jour question d'intelligence là-dedans, elle ne peut qu'être artificielle...


Behind_the_Mask, 502 bad getaway.

Behind_the_Mask
3
Écrit par

Créée

le 15 févr. 2022

Critique lue 1.1K fois

27 j'aime

Behind_the_Mask

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

27

D'autres avis sur BigBug

BigBug
Plume231
1

Unable to connect!

J'ai une espèce de candeur qui me pousse naturellement à prendre parti pour un cinéaste quand il est face à de grands méchants producteurs qui refusent de lui fournir le pognon pour réaliser son...

le 12 févr. 2022

46 j'aime

19

BigBug
estonius
8

Ça cartoon !

On a parfaitement le droit de ne pas aimer un film, après tout, tout le monde n'a pas le même ressenti. N'empêche que certains arguments de ceux qui vomissent le film (le mot est faible) semblent...

le 13 févr. 2022

34 j'aime

17

BigBug
lugdunum91
6

BigBug : Objet Visuel Non Identifié

17eme film de l'année 2022 et découverte du nouveau délire de Jeunet, on peut dire que c'est très clivant mais pas inintéressant!!! Un groupe de banlieusards qui se chamaillent se retrouvent coincés...

le 13 févr. 2022

30 j'aime

11

Du même critique

Avengers: Infinity War
Behind_the_Mask
10

On s'était dit rendez vous dans dix ans...

Le succès tient à peu de choses, parfois. C'était il y a dix ans. Un réalisateur et un acteur charismatique, dont les traits ont servi de support dans les pages Marvel en version Ultimates. Un éclat...

le 25 avr. 2018

204 j'aime

54

Star Wars - Les Derniers Jedi
Behind_the_Mask
7

Mauvaise foi nocturne

˗ Dis Luke ! ˗ ... ˗ Hé ! Luke... ˗ ... ˗ Dis Luke, c'est quoi la Force ? ˗ TA GUEULE ! Laisse-moi tranquille ! ˗ Mais... Mais... Luke, je suis ton padawan ? ˗ Pfff... La Force. Vous commencez à tous...

le 13 déc. 2017

189 j'aime

37

Logan
Behind_the_Mask
8

Le vieil homme et l'enfant

Le corps ne suit plus. Il est haletant, en souffrance, cassé. Il reste parfois assommé, fourbu, sous les coups de ses adversaires. Chaque geste lui coûte et semble de plus en plus lourd. Ses plaies,...

le 2 mars 2017

182 j'aime

23