Haletant, percutant et irrésistible !


C'est de cette étoffe que sont faits les rêves de l'homme. Maintenant, tu comprends. Si quelque chose tourne mal, que ce soit de ta faute ou de la mienne, peu importe. Je vais te faire sauter la tête. C'est aussi simple que ça. Peu importe ce qui se passe ou qui sera tué, je vais te faire sauter la tête.
 




L'aventure avec un grand "A" !



Big Jake réalisé par George Sherman est un western trépidant qui dès la scène d’introduction, nous embarque dans une période chaotique de l'histoire américaine alors en pleine période de transition sur une interaction intéressante où l'Amérique moderne de 1909 se confronte au modèle archaïque et sans pitié, de l'Ouest américain. Une dualité idéologique bienvenue dans laquelle les voitures se confrontent aux chevaux, les pistolets semi-automatiques aux pistolets automatiques, jusqu'à une lutte générationnelle entre le héros aux méthodes périmées et ses enfants civilisés. Un esprit bon enfant tumultueux que l'on pense voir perdurer jusqu'à ce que le cinéaste pose les enjeux de manière beaucoup plus claire et gravissime. Une approche crue concentrée autour d'une scène d'ouverture implacable qui surprend par sa brutalité et sa cruauté. Scène durant laquelle un enfant est enlevé au prix d'un véritable bain de sang perpétré par un gang de bandits avec à sa tête "John Fain"(Richard Boone), qui veut une rançon d'un million de dollars en échange de la vie du garçon. C'est là qu'intervient "Jacob McCandles"(John Wayne), qui va jouer les durs pour sauver son petit-fils. Accompagné de ses deux fils : "James"(Patrick Wayne) et "Michael"(Christopher Mitchum), ainsi que son ami "Sam Nez-court"(Bruce Cabot) et son chien "Duke", il se lance dans une traque qui va vite s'avérer être une sacrée surprise pour le spectateur. Avec ce film, le cinéaste atteint parmi le meilleur du cinéma d'aventure, via un récit palpitant bénéficiant d'une bonne écriture de Harry Julian Fink et R.M. Fink sur une réalisation au poil.


Une surprise que l'on retrouve autour d'une agressivité qu'on n'attend pas pour un western mettant en avant John Wayne, qui va insuffler à cette violence quelques moments de légèretés apportant à la noirceur, un savant et brillant cocktail d'humour, d'angoisse, de charme et d'aventure. Un mélange d'émotions qui fait des merveilles, développés autour d'une histoire qui orchestre son récit avec génie tout en donnant de l'importance et de la consistance à tous les protagonistes. Une aventure explosive et drôle à la fois articulée autour d'un suspense rondement mené pour un maximum de divertissement. Le cinéaste multiplie les scènes de bravoures, à l'image de l'embuscade au sein des collines avec la poursuite à moto; le guet-apens avorté dans la ville avec un John Wayne sous la douche qui flingue sans la moindre pitié un bandit, ou encore la conclusion haletante dans une hacienda abandonnée durant une nuit orageuse offrant un cadre de fin parfait. Une confrontation finale percutante où chaque personnage trouve sa minute de gloire. Un moment de tension et de plaisir sensationnel, où on se régale de bout en bout. Des actions percutantes qu'on alterne avec des moments plus légers savamment intégrés dans l'intrigue de l'histoire. Des gags hilarants comme lorsque Michael McCandles essaye un pistolet automatique Bergmann révolutionnaire pour l'époque avec lequel il se révèle être dangereusement incompétent dans son maniement. Une séquence savoureuse où tout le monde se retrouve à prendre les jambes à leur cou. Par la suite, le pistolet est porté par James McCandles plus adepte des armes de poing avec laquelle il va nous livrer quelques séquences de tirs sympathiques, dont un duel final plutôt satisfaisant. Michael quant à lui nous gratifie d'un fusil sniper avec lequel il fait de jolis cartons pleins. John Wayne, lui, il fait du sale. Une action rondement menée soutenue par une tension qui ne se relâche pas un instant sur quelques bons moments comiques. Haletant, percutant et irrésistible !



Vous deux, faites attention ce soir. Parce que si jamais vous vous faites tuer, votre mère me laisserait même pas le temps de lui annoncer la nouvelle.



La réalisation de Sherman est impeccable particulièrement lorsqu'il filme les scènes d'action. Une mise en scène énervée qu'il adapte intelligemment selon le contexte et la situation pour un maximum de réussite. Une habileté technique que l'on retrouve également du côté visuel grâce à la superbe photographie de William H. Clothier qui parvient à rendre un effet de grandeur sur des décors naturels à couper le souffle. Un environnement superbement exploité où se succèdent des panoramas grandioses avec des chutes d'eau et des chaînes montagneuses magnifiques que l'on doit à Ray Moyer. Une direction artistique au top de Carl Anderson, qui ne laisse rien au hasard afin de rendre à ce western le meilleur rendu possible afin d'immerger totalement le spectateur dans une atmosphère prenante. Un travail poussé jusqu'au développement des dialogues qui nous offrent plus d'une citation percutante et amusante :
« - Papa ?
- Oui ?
- Tu as besoin de lunettes ?
- Juste pour voir. »

Ou encore :
« Petit, tu seras que lorsqu'on se retrouve au milieu d'une fusillade il vaut mieux rester sur ses fesses. Ne l'oublie jamais. Il y a toujours une espèce de petit mariole de l'autre côté qui a suffisamment un sens de l'humour pour te tirer dans le cul plutôt que dans la tête. »
Mais aussi :
« - Ça va, papi ?
- Tu peux m'appeler "Père", "Jacob", "Jake", "fils de pute", mais si tu m'appelles encore "papi", je t'étale pour de vrai. »

Enfin, la musique d'Elmer Bernstein parvient à installer une atmosphère aventurière capable de virer aussi bien sur des thèmes graves que légers. Des musiques dignes des grands espaces américains.


John Wayne dans une version surannée en tant que "Jacob McCandles", apporte toute sa classe, son charisme et son savoir-faire à son personnage. Un cowboy solitaire exclut de sa famille qui de par son mode de vie et ses opinions, semble se rattacher à un lointain passé appartenant à une époque révolue. Un bourru au grand cœur qui n'a pas peur d'être extrême lorsque la situation l'impose. John Wayne qui retrouve pour la dixième fois en tant que producteur son fils, "Michael Wayne", mais aussi pour l'occasion son autre fils "Patrick Wayne", ainsi que son dernier "Ethan Wayne", sachant que le fils de Robert Mitchum, "Christopher Mitchum", se joint à la partie. J'imagine à quel point le tournage a dû être bienveillant et souriant. Patrick Wayne en tant que James McCandles m'a bien fait rire avec sa grosse moustache, de même que Christopher Mitchum en tant que Michael McCandles. Deux personnages pétillants qui avec John Wayne forment un trio savoureux en constante confrontation. Ethan Wayne, en tant que Jacob junior petit-fils de Jacob, fait le taf. La comédienne Maureen O'Hara pour Martha McCandles ne plaisante pas. Les disputes entre O'Hara et Wayne sont hilarantes. L'indien "Sam Nez-court" par Bruce Cabot est plutôt cool. Le chien qui dans la version originale s'appelle "Dog" mais en version française "Duke", le surnom de ce cher John Wayne (pour une fois, je trouve qu'un doublage français gère au niveau des changements de noms), est un personnage important qui offre un superbe compagnon de route à Wayne. C'est d'ailleurs lui qui tire tout l'aspect dramatique du récit. En cela survient mon seul reproche : "l'insensibilité" autour de la mort de Sam Nez-court et de Duke qu'on élude tout simplement en présentant une fin qui tranche sec avec le sourire victorieux des héros sans le moindre retour dramatique autour des compagnons morts. C'est dommage ! Enfin, Richard Boone sous les traits du chef des bandits "John Fain" assure le spectacle. La dualité qui le confronte à Wayne est une réussite totale. Le lot de méchants qui l'accompagnent fait partie des plus beaux représentant de salopards existants. Une troupe d'assassins impitoyables.  



CONCLUSION :



Big Jake réalisé par George Sherman est un western sorti en 1971, qui va marquer pour la dernière fois le nom de John Wayne en numéro un du box-office américain. Un périple généreux pour une aventure mouvementée remplit de péripéties en tous genres avec un lot de rebondissements percutants, de suspense, et d’humour pour un cocktail savoureux. Un excellent western articulé autour d'un groupe de personnages sympathiques qui nous régale.


Une grande aventure pour un grand John Wayne !




  • Papa, tu sais pourquoi est-ce que tu fais tout ça au fait ?

  • Il y a un petit garçon de 8 ans dans les parages. Il est effrayé, seul et se demande ce qui lui arrive. On est venus le chercher pour le ramener chez lui. Vivant, si possible.


Créée

le 14 sept. 2022

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