Bent
6.9
Bent

Film de Sean Mathias (1997)

Bent relate l’histoire de Max, un jeune homosexuel berlinois, insouciant et fêtard, jusqu’à ce que sa vie bascule la nuit suivant celle des Longs Couteaux *.

* du 30 Juin au 2 Juillet : Hitler craignant un coup d’état de la part des SA (milice autonome créée pour intimider tous ses rivaux) commanda une série d’exécutions sommaires pour consolider son pouvoir et empêcher ce Coup d’État, fabriqué de toute pièce par Goering et Himmler.

Les assassinats sont perpétrés dans toute l'Allemagne, surtout à Munich et Berlin .

Hitler profite de l'occasion pour inclure dans cette purge les conservateurs, les catholiques, les homosexuels. Il se servira même de l’homosexualité pour justifier cette purge.

Toutes ces cibles sont soit assassinées, soit déportées.

Reprenons l'histoire : Les SS font irruption dans une fête où se trouvent Max et son compagnon Rudy, ainsi que nombres de SA, la seconde nuit de la purge.

Les deux jeunes gens s’enfuient sur les routes d'Allemagne mais seront poursuivis, arrêtés et envoyés à Dachau.

Rudy, n'arrivera jamais à destination.

Max, terrorisé, renie son ami....

Dans le train de la mort, Max fait la connaissance de Horst qui porte le triangle rose (réservé aux homosexuels). Lui, choisira l'étoile jaune, reniant ainsi sa condition et espérant adoucir le traitement de ses geôliers.

Arrivé au camp, Max va tout faire pour se retrouver en compagnie de Horst et , ensemble, ils vont ainsi tenter de supporter les conditions effroyables et le travail absurde.

Ils vont également développer une relation qui ira jusqu’à un amour singulier et intense.

Cet amour permettra à Max de trouver le courage de résister face à l'ignominie et l'arbitraire du système concentrationnaire nazi. Il parviendra enfin à assumer son homosexualité, jusqu'à un ultime défi...

Si la première partie du film à Berlin ne fait pas trop ressortir le côté théâtre filmé, la seconde parti, à Dachau, en a toutes les caractéristiques. Mais l’intensité de ce qui s’y passe balaye ce léger inconvénient.

Le texte est à la fois indiscret et pudique mais contient quelques touches d’humour, véritables bulles d’oxygène qui aère le douloureux propos.

Il en appelle à nos émotions à l’état pur.

Le film est un exemple d'humanité, de volonté et d'amour face à l'ignominie, la cruauté et l’absurdité des camps.

Curieusement optimiste malgré tout.

Je n’en ai pas parlé pour ne pas dévoiler tous les évènements du film mais Ian McKellen y tient le rôle de l’oncle de Max, homosexuel qui mène une vie plus calme que son neveu et qui tente de l’aider, et Mick Jagger nous gratifie d’un numéro de Drag Queen succulent (mais pas que).

Le rôle de Max est tenu par Clive Owen et le rôle de Horst par Lothaire Bluteau et les deux nous livrent une prestation époustouflante.

Sans doute le plus grand rôle de Lothaire Bluteau,

A noter également, le jeune et fougueux Nikolaj Coster-Waldau en SA, amant de Max et, une apparition de Jude Law (que j'ai raté)

Bent, le film, a remporté le prix de la jeunesse à Cannes en 1997 et a été récompensé par le meilleur film au Festival du film gay et lesbien de Turin en 1998

Il est inspiré de la pièce de théâtre du même nom de Martin Sherman, crée en 1979 et jouée par Ian McKellen pour le rôle de Max et Tom Bell pour le rôle de Horst (son compagnon de déportation)

Pour la petite histoire Martin Sherman a été le compagnon de Ian McKellen pendant 10 ans et il a également participé au scénario du film.

La pièce a été reprise à Braodway par Richard Gere (Tony Award de la meilleure pièce) et a été régulièrement joué en Europe (meilleure pièce Molière 2002). Dernière création en 2020,

Le titre fait référence au mot slang "bent" utilisé dans certains pays d’europe pour désigner les homosexuels.

En 1979, on ne parlait qu’encore peu de la persécution des homosexuels dans l'Allemagne nazie. La pièce a, en quelque sorte, aidé à lever le voile sur le sujet.

https://mckellen.com/stage/00075.htm

Johngarpe
7
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le 31 juil. 2023

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Johngarpe

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