Avec Benedetta, Paul Verhoeven met en scène deux thèmes, celui du tabou de la sexualité homosexuelle dans un couvent du 17e siècle et celui du rapport parfois très vénal aux martyrs et aux stigmates. Ces deux thèmes sont reliés par l’orgueil qui perdra les différents protagonistes d’un récit dont on connait d’emblée la trajectoire funeste.


La promotion du film s’est bien sûr faite sur son caractère sulfureux et provoquant familier du réalisateur. C’est bien sûr la part belle faite à la relation entre Benedetta et Bartolomea, mais c’est aussi dans le ton du film, dans ses dialogues et ses interactions, qui ans cesse cherche à désacraliser : fiente d’oiseau, blasphème, outrage, blagues pétomanes… malgré le décor il n’y a rien de sacré, les nonnes et les nonces sont avant tout des femmes et des hommes, et leur foi est en perpétuelle bataille contre leurs désirs de pouvoir, d’argent, de reconnaissance. L’apparition de stigmates et d’éventuels miracles étaient rapidement traités comme une manne financière, et est traité par le clergé en homme d’affaires plus qu’en homme de foi. Le film se joue de leur hypocrisie en le mettant face à une nonne qui entretient le doute entre naïveté et manipulation


Cependant le thème le plus mis en avant est celui auquel j’ai le moins cru. D’une part parce que je n’ai pas été convaincue par le personnage de Bartolomea, et par extension par la relation entre elle et Benedetta. Je trouve la représentation de leur relation peu crédible, grotesque et souvent tirée de grosses ficelles. Le réalisateur fait dans l’excès en permanence et cela peut fatiguer à force, devant un film trop racoleur. J’ai ressenti cette partie comme plus gratuite. Dommage car c’est le moteur du film.


Heureusement l’excellente Virginie Efira est bien entourée avec notamment Charlotte Rampling, qui arrive à garder classe et élégance dans le tourment de la peste, et Lambert Wilson, toujours aussi bon dans les rôles de sale type. C’est donc pour moi un film imparfait, qui possède d’excellents acteurs et de belles scènes, mais qui a du mal à garder l’équilibre dans l’excès.

AlicePerron1
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le 3 août 2021

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Alice Perron

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