Belladonna de la tristesse : tristement meh.

Il y a quelques temps est ressorti au ciné un vieux film d'animation de 1973, Belladonna. Je ne connaissait pas, ni de nom ni du réalisateur, mais beaucoup disent que c'est un chef d'oeuvre, à voir absolument, un truc magnifique, une perle oublié. Soit, un film d'animation japonais qui ressurgit du passé, il ne m'en faut pas plus pour aller voir ça. Je vais cependant bien rapidement regretter de ne pas avoir choisir « Tortues Ninja » au moment de faire imprimer ma place...


Déjà, petit avertissement : si vous êtes traumatisé(e) par tout ce qui attrait au viol, passez votre chemin, vraiment. Ce film en est truffé, que ce soit au début ou c'est montré clairement ou par la suite avec une érotisation du viol a peine assumée.


L'histoire commence au moyen-âge lorsque Jean et Jeanne, désirant se marier vont voir le seigneur local pour avoir sa bénédiction. Mais ce dernier, toisant de haut le couple trop pauvre, décide d'user de son droit de cuissage sur Jeanne, plongeant le couple dans la dépression. Pour surmonter ça, Jeanne va pactiser avec un démon pour devenir une puissante sorcière...


Première chose donc, l'érotisation du viol plus présente qu'il n'y parait. Passé la première scène plus qu'explicite (vraiment, si c'est trigger pour vous, n'y allez pas!) on se rend rapidement compte que pour pactiser avec le démon à tête de zgeg (véridique), Jeanne va tout bonnement lui offrir son corps. Mais là ou ça coince, c'est qu'a chaque fois le consentement bah osef on verra plus tard, Jeanne n'étant pas forcément super motivée et se laissant plus faire qu'autre chose. On a donc une femme qui n’acquière sa puissance que parce qu'elle accepte bon gré mal gré. Mouais...


Bref, à ce moment là c'est déjà un peu le malaise. Mais non content de ça, on se rend compte que Jeanne n'en est réduite qu'a son aspect érotique, et que tout lui vient de là. Elle est belle, olala oh oui, puis elle soigne les gens d'un bisou humm, oh et puis la petite potion qui va permettre au valet de faire accepter à telle comtesse de baiser avec lui aussi c'est tellement cool...


Alors bien sur, on m'a rétorqué que c'est les 70' et qu'a cette époque là c'était à fond la libération sexuelle, soit. Mais ça n'en est pas moins que le propos reste très douteux, et même remis dans son contexte (la nana se libère que parce qu'elle accepte à marche forcée de se faire tripoter par un démon, on a mieux comme libération). Puis bon, on est en 2016, et aujourd'hui je trouve pas que ça a beaucoup d'écho, c'est clairement daté sur le propos, et résumer la libération / vengeance d'une femme (Jeanne) au fait qu'elle est libérée sexuellement c'est un peu réducteur. Alors ça reste peut être intéressant historiquement parlant, comme peut l'être Tintin au Congo ouais, mais pas à balancer ça comme ça comme la perle de l'animation japonais.


A coté de ça, le film attire également les critiques dithyrambiques sur sa beauté, sur son esthétique qui emprunte à tout un panel de peintre connus souvent cités pour briller en société. Et ben là encore...juste meh. On a certes quelques séquences assez spectaculaires et planantes, voir quelques plans fixes jolis, mais c'est globalement très hétérogène, ça va du bien au très bof. Beaucoup de plans fixes, d'animation cheap et de styles changeant d'un plan a l'autre sans trop savoir pourquoi lui donne un aspect très hétérogène. Alors oui, c'est vieux, peut être c'était bien à l'époque (et encore) mais au final je trouve ça globalement pas exceptionnel. Les quelques images promos ici et là qui sont plutôt jolies ne sont qu'une petite partie du film, le tout restant moyen et mou.


Bref, ressortir des chefs d’œuvres anciens pourquoi pas, encore faut il que ça en soit. Ce film là n'a vraiment pas d’intérêt à mon sens à ressortir aujourd'hui, pour son propos daté (au mieux) voir malaisant et sa technique datée qui n'a rien d'extraordinaire. Il ne méritera pas plus de ma part qu'un Reste dans ton époque / 20.

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le 6 juil. 2016

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