Les festivals de cinémas ont la possibilités de mettre en avant des créations que l'on ne pourrait pas voir sans. Parmi elles, on retrouve des films qui n’atterrissent pas en salle et vont directement en DVD, et parmi ces films, il y a Beauty Water qui a tout pour intriguer et capter notre attention: un film d'animation 3D d'horreur sud coréenne, passé à Annecy et Gérardmer, qui adapte un Webtoon traitant du monde de la mode et de la beauté, et qui met en scène du body-horror et de l'horreur psychologique. et Verdict: c'est pas vraiment ça, cependant le problème principale du film n'est pas celui qu'on croirait.

A première vu, le défaut principale du film résiderait dans l'animation 3D qui peut paraitre comme incertains et laid, c'est d'ailleurs le défaut le plus relevé et mis en avant lorsque l'on cherche des critiques du film sur internet. Malgré tout je vais modérer la chose car, pour moi, ce n'est pas le défaut principale du film, et résumer la réalisation du film à de mauvais graphismes éclipserait certaines qualités qui méritent d'être relevées. Comme dit en introduction, le film est une adaptation de Webtoon (une bande dessiné en ligne), et le film, voulant se rapprocher au plus près du média de base, adapte très bien le dessin de la bande dessiné. Toutefois, le film fait le choix audacieux de mêler l'animation 2D avec de l'animation 3D. Cette nouvelle technique d'animation a pour objectif de créer une nouvelle physicalité à l'image qui permet de mieux ressentir certains mouvements, d'être plus immergé dans des scènes de danses ou de combat. Mis à part quelques scènes assez rares, la 3D et la 2D se fondent parfaitement et on obtient une harmonie visuel très intéressante. Maintenant, on ne peut pas être aveugle face au fait que le réalisateur, comme la quasi totalité des réalisateurs coréens actuellement, a encore beaucoup de mal avec l'animation 3D. On a bien certains instant où l'animation fonctionne vraiment bien, mais le soucis est que le jeu d'acting, l'animation de personnage, voire même la simple manipulation du rigging (squelette numérique du modèle 3D) d'un personnage devient très laborieuse et incertaines. On obtient un film à l'aspect très intéressant artistiquement, avec notamment une colorimétrie très belle et des designs de personnages très singuliers, mais qui techniquement semble bâclé voire raté. On ne croit pas aux personnages. Tout est très mécanique, les regards sont souvent vides, sans âmes,... mais d'un côté, cette artificialité m'intéresse. On est dans un univers qui est basé sur le paraitre et l'artificialité. Que ce soit une jeune femme qui va dépenser des milliers d'euros en produit de beauté pour être belle ou des mannequins forcés à prendre des pauses et des prises de positions pour leurs images de marques, le film met les deux pieds dans le monde de l'artificialité, et avoir une animation qui fasse autant artificiel pour faire vivre des personnages aussi faux... je trouve ça intéressant. Lorsque l'on nous montre des personnages secondaires ou d'arrière plan, on utilise parfois de la 2D traditionnelle, comme pour les décors, et cela peut avoir un sens. Maintenant le soucis c'est que ce côté artificiel et robotique s'applique aussi à des personnages secondaires plus en premier plan comme les parents ou les collègues du personnage principale, et montre plus une bonne idée accidentelle à travers une galère technique qu'un réel choix intentionnel. Malgré tout on sent une réelle envi de bien faire et de très belles intentions artistiques. Mais mon plus gros soucis réside surtout dans l'écriture même du film.

C'est une galère scénaristique. Le film met en avant une situation, un système pervers avec un personnage principale féminin qui va être victime de ce système, mais à aucun moment le film semble maitriser ce qu'il met en jeu ou ce qu'il raconte. Le soucis est que le film essaye vainement de créer du contraste, tout en voulant garder une forme de neutralité un peu douteuse. On nous présente d'abord un personnage principale opprimé et rabaissé en permanence, mais tout de suite derrière on nous montre ce personnage comme détestable et abject à cause d'un passé trouble qu'on ne développera pas et qui aurait pu nous faire sentir concerné par ce que vit ce personnage qu'on va suivre tout le long du film. Après nous avoir montré que le personnage principale est abject, on est amené à se dire que c'est un personnage qu'on va condamné sans pitié et qu'on va aimer voir souffrir tout le long du film... mais non parce que le film cherche désespérément à créer du contraste, faire des personnages faussement nuancés, et nous essaye de justifier sans aucune bonne raison son comportement en nous disant "Ouais ce personnage est immonde, mais en vrai ce qu'elle vit elle ne le mérite pas tant que ça, c'est pas sa faute, faut la comprendre". On obtient un film sans réelle point de vue sur des personnages détestables qu'on ne remettra pas en question, et qui adoptera un point de vue faussement neutre sur une situation dont on demande de prendre position. On a un personnage principale qui est tombé dans l'obésité, qui s'occupe en insultant des gens gratuitement sur internet pour se sentir puissante et supérieur, qui maltraite ses parents pour recevoir de l'argent, qui va profiter des hommes pour leurs soutirer de l'argent, qui est un parfait portrait d'une certaine partie de la génération actuel qui est totalement perdu et qu'on a abandonné (parfois malgré nous) dans la surconsommation et un univers numérique non maitrisé, mais à aucun moment on ne parle du fait que ce comportement est un problème. Tout est traité comme un trait de caractère, et tous les problèmes de sociétés reflétés par le personnage est banalisé. "Après c'est pas tant sa faute, elle a eut un passé trouble alors qu'elle essayait d'être danseuse étoile". Mais du coup cette personne détestable va être montré comme une personne qui va être condamné pour son comportement et sa cupidité, mais dont on doit compatir et soutenir dans son ascension dans sa sphère sociale. Cette jeune femme va subir de la torture physique et psychologique à base d'hallucination, et on est invité à compatir à sa souffrance parce que ce personnage est présenté comme un reflet du spectateur. Mais problème: qui peut s'identifier à un personnage aussi abject et aussi peu cohérent dans son sa forme ? Comment voulez vous qu'on s'implique émotionnellement envers un personnage aussi détestable gratuitement et qui n'arrive même pas à ressentir de la pitié, que ce soit dans son début, lorsque l'on nous présente son passé trouble, ou même lors de sa fin. La fin du personnage ne fonctionne pas. On essaye de nous donner un propos à la "We live in a society", on peut faire confiance à personne car le système est pourrit, et il est la cupidité appelle la cupidité. Cependant la fin du film, malgré qu'elle soit très malsaine et très belle graphiquement, n'a pas réellement de sens moralement parlante.


On essaye de nous dire que si le personnage principale n'aurait pas cherché à être aussi belle, kit à tuer des gens et à (littéralement) pourrir la vie de ses parents, mais ce qu'il lui arrive à la fin n'a aucun rapport avec sa quête de beauté. Le mec l'a repéré via ses yeux qu'il a trouvé magnifique, mais elle n'avait pas encore entamé sa transformation, elle aurait été agressé et enfermé vivant dans le corps du mec quand même. On peut se dire que c'est une confrontation entre une femme qui cherche l'extrême pour être la plus belle et l'incarnation même de l'extrême qui cherche la beauté parfaite, mais même ça cela ne fonctionne pas tant toute l'histoire nous est relié à sa transformation physique. C'est donc l'histoire d'une fille mal dans sa peau qui se transforme pour changer de vie, mais elle n'est pas satisfaite, du coup elle va dans l'extrême pour être la plus belle et possiblement être plus heureuse, mais ça marche pas, du coup elle va draguer un mec qu'elle a purement apprécié parce qu'il lui a fait un compliment... mais celui-ci est un cinglé qui la séquestre et lui retire les yeux et sa conscience pour le mettre dans son corps parce qu'au final: la société c'est de la merde, et le système est trop pourrit pour qu'on puisse faire confiance à quelqu'un.


Le soucis avec ce genre de propos et ce genre de scénario, en plus du fait que l'on essaye mal de coupler des morales qui vont pas bien ensemble, c'est qu'à adopter un propos aussi neutre, vague, et générale se basant sur un histoire très situationnelle, c'est qu'on peut facilement contredire le propos du film. Plus c'est vague, plus il doit être simple et évident de le justifier, mais plus on se repose sur une situation spécifique, plus c'est facile de contredire le propos. Il faut donc avoir des arguments en béton et une maitrise scénaristique à tout épreuve, chose que le scénario de Beauty Water n'a pas. Nombreux sont les moments où on peut se dire que cela aurait pu être autrement, que tout le scénario se repose beaucoup sur du situationnelle et des deus ex machina, et que le propos du film se repose sur rien de tangible. C'est au final un scénario très bancale pour un film très bancale qui avait de quoi être un pure film intéressant et innovant, mais qui se retrouve pas assez marquant à cause d'une exécution pas assez élaborée voire pas assez travaillée (peu être). Cela reste un objet de curiosité qui a de belles propositions qui peuvent aboutir à des futurs films marquants sud coréens à l'avenir. Dommage que pour celui-là, ça ne passe pas.


9,25/10


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Youdidi
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le 13 févr. 2022

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