Man of Steel m'avait laissé un goût peu recommandable. Pour donner une nouvelle direction au stéréotype de la pop culture par excellence, on y tentait un dosage hasardeux de Nolanismes affectés et de DragonBallages pétaradants, et la thématique quasi-inépuisable de l'étranger qui cherche sa place dans un ordre que lui-même bouscule se trouvait abandonnée aux deux tiers.

Essai peu concluant en résumé, mais l'idée d'opposer au stoïque surhomme sans humour le mythe établi du sombre justicier réveillait en moi un semblant d'enthousiasme ; Batman pourrait s'imposer en contre-pouvoir des humains, Superman découvrirait le potentiel véritable de l'homme, et chacun des deux pourrait en tirer une humilité nouvelle.


Mais ces espoirs se matérialisent-t-ils dans le produit final ?

Presque et à peine.


On sent pourtant que les deux premières heures cherchent à installer une intrigue un peu recherchée, basée sur les retombées bien palpables de l'arrivée de Superman dans un monde un brin paranoïaque. On y trouve aussi un Batman brutal et parfois effrayant, une incarnation quintessentielle fournie par un Ben Affleck que l'on sent à la fois investi d'une responsabilité prise au sérieux et en plein rêve d'enfance.


Mais il s'avère trop vite qu'il est difficile de s'intéresser sincèrement au sort de ces personnages. La plus fautive de ces silhouettes en carton est le dernier fils de Krypton, si peu modeste au sujet de sa supériorité totale, et n'usant presque pas de son identité secrète, facette qui représente pourtant à la fois la prouesse la plus fantastique et la plus tragique du personnage.

L'effort initial est aussi entravé par cette lubie presque navrante de bâtir un univers de superamis et de parsemer l'oeuvre de présages que souvent seul les fans aguerris comprendront. L'aspect forcé de cette stratégie atteint son apothéose durant une séquence regrettable qui nuit plus qu'autre chose aux futurs superhéros, en les présentant dans des saynètes doucement risibles.


Et triste camouflet, finalement le conflit principal ne vient pas d'un véritable différent mais est organisé par un antagoniste cabotin et barbant comme peu peuvent l'être, et le combat tant attendu arrive à terme de façon abrupte et maladroite, sur un motif qui aurait pu paraitre ingénieux en présence d'une subtilité quelconque.

...Mais il ne faudra pas quitter son siège avant le grand final à base du DragonBallisme total et de lourde mythologie gauche avec petits choeurs angéliques, heureusement présent pour épuiser le budget effets spéciaux et dissuader les quelques perplexes qui auraient confondu avec un film d'art et d'essai.


Je mentionnerai par mesure d'exhaustivité la scène de la lance immergée, ou comment cruellement ridiculiser le personnage de Lois Lane, qui mérite mieux que des péripéties faussement importantes et un garde du corps aussi collant.


Alors comment qualifier un film qui cherche plus à placer ses icônes qu'à les utiliser, qui préfère passer à la pyrotechnie plutôt que de finir ses arcs narratifs et qui s'obstine à taper et exploser plutôt qu'à réfléchir ?

Une cour de récréation de collège, disons.

grdscrc
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le 4 avr. 2016

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grdscrc

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Batman v Superman : L'Aube de la Justice
Kelemvor
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Que quelqu'un égorge David S. Goyer svp, pour le bien-être des futures adaptations DC Comics !

Qu'on se le dise, Man of Steel était une vraie purge. L'enfant gibbeux et perclus du blockbuster hollywoodien des années 2000 qui sacrifie l'inventivité, la narrativité et la verve épique sur l'autel...

le 25 mars 2016

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