Le film étant passé de 1 à 5 (rien que ça), la critique n'était évidemment plus très adaptée. Vous trouverez toutefois encore l'ancienne en fin de page, pour mémoire).

Fort d'un amour immodéré pour Dark Knight et maintenant informé de la présence de ninjas dans l'oeuvre originelle, je reviens vers Batman Begins avec un regard presque neuf.
Film fondateur de ce qui s'annonce comme un renouveau indéniable pour la franchise, il ne demeure quand même à mon sens qu'un tremplin pour Dark Knight à ce jour (la confirmation restant à établir pour le troisième volet).

Les faiblesses relevées auparavant ne s'effacent bien sûr pas par magie.

Si j'ai été bien plus touché que la première fois par tout l'aspect relatif au séjour tibétain, le coeur du film souffre irrémédiablement d'un manque de rythme et de fluidité, que ce soit inhérent à la nature des évènements narrés ou non.

Si Katie Holmes est toujours très mauvaise, physiquement au moins il est un tout petit peu moins difficile d'imaginer que notre chauve-souris géante en tombe amoureux. Elle est un peu plus en chair que la Maggie dans l'épisode suivant, ses yeux ne donnent pas autant l'impression qu'un mort-vivant vous fixe, et c'est tant mieux.

L'intrigue centrale m'apparaît toujours assez pathétique, le plan des méchants toujours aussi mauvais, mais je classe cela au registre des prétextes pour faire un film montrant la naissance de Batman en tant que tel.

Bref comme d'autres avant lui, je qualifierais Batman Begins de réussite relative en terme de forme, mais sur le fond ça reste bien pauvre.
C'est probablement la première fois qu'un film bénéficie d'un capital sympathie de ma part pour sa SUITE, plutôt que l'inverse.

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Ancienne critique
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Batman Begins, c'est l'histoire d'un jeune réalisateur talentueux et donc prometteur, d'une franchise à succès, d'un film à gros budget, d'un casting solide, et de leur rencontre tumultueuse avec un scénario désastreux, une mise en scène épouvantable et un jeu d'acteur absolument incompréhensible pour certaines des pointures présentes.

Après la traversée du désert incarnée par Schumacher, Batman avait bien besoin de se refaire une respectabilité.
Fort d'un concept novateur et attractif (la génèse du héros, jamais traitée au cinéma), Nolan partait donc du bon pied, avec des éléments de comparaison à son avantage.
Rappelez-vous, le dernier portage à l'écran, c'est le cataclysmique Batman & Robin en 1997.
Ceux qui l'ont enduré savent qu'il était difficile de craindre pire.

Pourtant...
Balloté par une intrigue centrale pathétique, le spectateur oscillera entre l'indifférence et le désespoir.
Difficile de déterminer le plus mauvais, de l'organisation des méchants (des... ninjas, si si) ou de leur plan machiavélique autant qu'invraisemblable, stupide et dénué du moindre intérêt stratégique.

Le personnage de Bruce Wayne souffre du manque d'expressivité de Christian Bale et du traitement caricatural de la lente (comprendre : leeeeeeeeente) évolution qui va l'amener vers son destin de chauve-souris géante.
Ah alors bien sûr, profondément marqué par l'assassinat de ses parents (même là on a du mal à se sentir concernés, signe de l'émotion que dégage le film), Bruce Wayne ira se réfugier chez de sages asiatiques (les sages sont toujours asiatiques, sachez-le). Dites coucou à Largo Winch. Mais nous nous égarons.
Y'avait donc déjà trop de monde chez les moines tibétains, parce que vous comprenez, c'est 'achement à la mode, donc du coup le copain Bruce il atterrit chez... des ninjas, si si.
À leur tête il y a Liam Neeson qui, s'il n'a plus de sabre laser, est quand même toujours plus ou moins immortel et vieux de quelques siècles déjà. Il confirme au passage sa capacité à alterner de grands films et des étrons cinématographiques avec une constance stupéfiante (la même année sortira le criminel Monde de Narnia auquel il prête sa voix, c'est vous dire...).
Les ninjas sont organisés en une espèce de secte, ce qui ne donne aucun indice sur le rôle qu'ils joueront dans le film, mais ne spoilons pas un rebondissement scénaristique tellement fouillé et haletant.

Consécutivement, il revient dans ses pénates, où l'Empire Wayne laissé par papa Wayne est en proie à des vautours aussi charismatiques que nuancés dans leurs caractères.
On s'attend presque à les voir attendre le héros dans un siège dos tourné à la porte, pour que celui-ci pivote et révèle un mec avec un monocle qui caresse un chat.
Oui, dans Batman Begins, la nature humaine est un kaléidoscope avec un seul miroir.
Heureusement (pour lui, pas pour nous), Bruce a un side-kick noir, qui a un code de l'honneur, une morale, une loyauté et surtout un gros cerveau et plein de thune (celle de Bruce en fait, mais pas grave).
Bref, un mec chiant mais pratique.

Alfred ferait presque figure de révolutionnaire (inutile) à côté. Michael Caine : pourquoi ?
Ah si j'oubliais, Bruce n'a pas les moyens de se payer un psy, alors c'est son majordome qui analyse ses états d'âme. Comprenez, il l'a connu depuis tout bébé. Séquence touchante.

Côté paf paf boum boum.
L'invraisemblance de certaines situations n'a d'égal que leur manque d'intérêt, que ce soit pour le spectacle ou pour l'histoire.
Des incohérences en physique/chimie aux effets spéciaux trop/mal utilisés, on ne rentre jamais vraiment dans les scènes, puisqu'on ne s'attache pas aux personnages et que les phases d'action ne présentent aucune originalité ni aucun esthétisme.

Je passe sur Katie Holmes, qui a sans doute atterri là parce que la scientologie a vu un parallèle avec les ninjas, j'en sais rien. La vacuité de sa présence ne mérite pas plus d'une ligne.

Bref, Batman Begins c'est cette recette incroyable qui, à base d'ingrédients savoureux, va produire un soufflé qui ne montera jamais, n'a aucun goût, aucune odeur.
On s'étrangle à chaque bouchée, on finit parce qu'on a payé et qu'on est poli, mais on se ressert pas et on n'en mangera plus jamais.

En plus il n'est pas nécessaire de le voir pour comprendre l'excellent Dark Knight (même réalisateur, mêmes acteurs... comme quoi). Donc passez votre chemin et foncez directement sur le deuxième volet.
Comme disait Telerama du temps où c'était encore un vrai magazine : et si ce soir, vous preniez plutôt un bon livre ?
SeigneurAo
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le 26 nov. 2011

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SeigneurAo

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