Déni de réel : troisième édition

Après deux premiers films fortement idéologiques (militant) très dans la mouvance bobo des intellectuels parisiens et/ou des grandes villes, archi subventionnés par Arte, CNC et les régions (la réalisatrice sort de la FEMIS et sort d'un milieu fort aisé comme par hasard), obtenant prix Louis-Delluc César du meilleur premier film en 2008, la bonne élève et première de la classe bourgeoise sort un 3eme film qui évacue tout le contexte social avec une image léchée d'une bande de jeunes filles noires qui n'ont rien à dire, qui s'amusent, totalement déculturées. Les futures consuméristes qu'une certaine caste leur demande d'être. Version idéologique d'une minorité visible (médiatique) qui efface tous les problèmes réels pour n'en garder que l'emballage, histoire de ne pas trop poser de questions. La réalisatrice déclarait dans Libération : “Oui, le film s’est construit sur des refus, à des niveaux très simples, comme le choix de ne pas faire un «film hip-hop» avec une bande-son hip-hop. Et d’autres décisions plus radicales, comme d’évacuer la question de la police, d’évacuer aussi tous les Blancs et, donc, évacuer la question de la confrontation, évacuer la religion. Pas par peur ou par méfiance. Le film ne s’est pas construit sur des choses qu’il refuse de regarder, mais sur des choses qu’il choisit de regarder très précisément. » C'est-à-dire de ne pas traiter un sujet pour n'en garder que le côté policé et institutionnel. A l'inverse d'un Kechiche et de son naturalisme grossier (pleurs, morve et sauce spaghetti), voici la version publicitaire et léchée de la banlieue. Version cinématographique de la discrimination positive. Du cinéma d'état que de tout miser sur le subjectif-libéral au point de gommer et de nier le réel par une de ses représentantes de classe, ce qui était déjà le cas de Tomboy (lui aussi archisubventionné par Arte et le CNC et le ministère de l'éducation nationale).On comprend que cette entreprise de donner une image positive et féminine (forcément) séduise mais c'est aussi mensonger qu'une publicité ou qu'une promesse électorale version Hollande.
enkidou
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le 22 oct. 2014

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le 22 oct. 2014

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