Déjà Damian Chazelle nous avait prouvé qu'il savait faire, c'est son truc, des gros budget, des gros sujets, des genres assumés, il aime le cinéma, vraiment il l'adore, alors il fait des comédies musicales, il va dans l'espace, il remonte le temps ! On est embarqué, comment faire autrement, mais le grand huit qu'il construit finit par lasser un peu.
Parce qu'on veut bien être secoué, à condition de savoir pourquoi, à condition d'avoir le cœur serré, renversé, ça n'est jamais le cas. Damien Chazelle écrit comme il filme dans l'effet, rien ne vient des personnages, de la situation, des émotions, tout vient de son plaisir à lui.
Le film tourne sur lui-même, on a beau descendre toujours plus profond dans les méandres de Hollywood, ça ne nous dit rien de cette époque, du cinéma, ça surfe, ça hurle, ça chie, ça tire dans tous les sens, effet zéro.
Babylone, dans le mythe, c'est en quelque sorte l'antithèse de la civilisation, et il ne fait pas de doute que le titre fait référence à cela. Le cinéma, c'est sans doute cette folie, cette démesure, cette décadence nécessaire (et trop oubliée aujourd'hui) mais c'est aussi un art véritable, profond, mystérieux, bouleversant.
Dans Babylon pas de trace de ce mystère, d'une dimension sacrée. Une fois la gloire passée, il faut mourir, c'est le cas de personnages-acteurs (et d'ailleurs on s'en moque). Nulle part il n'y a trace des réalisateurs et des scénaristes (un peu avec la géniale Jean Smart). Les créateurs et l'art sont les grands absents aux côtés de l'émotion et du propos.
Mais c'est normal que D.C ne filme aucun création car au fond il ne peut y avoir que lui sur le plateau de son film. On s'est bien fait avoir, Babylon n'est pas un hommage au cinéma ou aux acteurs mais bien au réalisateur lui-même !