"I had strings, but now I'm free."

Joss Whedon nous offrait il y a déjà 3 ans de cela, un pot pourri gargantuesque et inespéré de super-héros, un film colossal qui aurait pu se planter lamentablement sans le génie de son réalisateur, qui nous avait déjà pondu par le passé l'excellente série Firefly et son adaptation cinématographique Serenity. On retrouve un peu de ces derniers dans Avengers : l’Ère d'Ultron avec notamment ces jumeaux malmenés pour leurs pouvoirs et une bande de héros pleins d'ironie. Plus gros, plus spectaculaire, ce second volet reste néanmoins plus personnel et intimiste dans son traitement des personnages, avec de nombreux dialogues et quelques scènes plus détendues entre deux affrontements titanesques. Le rythme en prend un coup, comme ce fut le cas dans le premier film avec la seconde partie dans le porte-avions. Néanmoins, on reconnait les premiers amours de Whedon au détour d'une pique lancée par Tony Stark, d'une scène de flirt touchante, d'un mini discours héroïque tourné en ridicule (Hawkeye et Scarlett Witch)...
Nos héros sont plus que jamais dépeints comme des êtres de chair et de sang, bien qu'une pauvre mortelle les qualifiera de "dieux" dans une remarque au final pleine de pitié. Leurs états d'âme ne sont plus laissés au hasard, même si l'on sent que le film pourrait facilement embarquer la fameuse vingtaine de minutes coupées.
Reste que le climax du film se fait longuet, avec des péripéties tellement nombreuses et s'enchaînant avec une telle vitesse que le spectateur en ressort épuisé, comme Whedon le fut à la fin du tournage (un signe ?). Car Avengers : l’Ère d'Ultron envoie du lourd côté action. Les scènes de combats sont longues, soutenues, les effets spéciaux font des merveilles, on y croit. On est dans les airs avec Iron Man quand il affronte Ultron dans ce cargo en Afrique, on se prend les coups de poing dévastateurs de Hulk quand il affronte le Hulkbuster (version améliorée et agrandie de l'armure de Stark).

Des scènes d'action spectaculaires à outrance qui n'oublient pas les personnages, grâce à un humour toujours aussi présent et quelques répliques bien senties parfois lancées en pleine escarmouche (la petite rivalité entre Vif Argent et Hawkeye, savoureuse). D'ailleurs, Whedon prend les spectateurs à revers en offrant à notre archer, bien trop en retrait par le passé, un développement inespéré, bien que léger. L’idylle Hulk/Romanoff est intéressante elle aussi, mais on la sent amputée de quelques scènes ci et là. Le personnage de Stark, toujours meurtri par son voyage spatial et ses crises d'angoisse dans sa dernière aventure, évolue logiquement, se heurtant à la droiture imperturbable de Captain America, fidèle à lui-même, tout comme Thor, malgré tout en proie au doute et aux chimères de Scarlett Witch. Cette dernière et son frère Vif Argent s'intègrent joliment à l'univers, mais là encore, quelques scènes supplémentaires ne seraient pas de refus, notamment pour lui. Enfin, la Vision pouvait faire peur avec son look trop humain (Paul Bettany, immédiatement reconnaissable) mais le personnage s'avère bien fichu et ses pouvoirs sont bien retranscrits à l'écran, même sur la courte durée qui lui est accordée. La fin du film laisse néanmoins présager qu'on le reverra très vite

Mais le clou du spectacle reste notre bad guy en puissance, Ultron. Un robot poète, sadique, drôle, à qui James Spader prête sa voix et donne vie avec un talent stupéfiant. Sublimé par des effets spéciaux parfaitement intégrés et une présence pesante, Ultron s'avère être le méchant le plus intéressant et réussi que l'ont ait pu voir dans un film Marvel, du moins jusqu'à Thanos et Killmonger.

Cette suite est donc une belle réussite qui conclut la phase 2 du MCU de manière incroyable et qui enterre gentiment son prédécesseur.