Bienvenue dans la réalité, prenez une chaise

Voilà. Bien installé ? C'est formidable...car vous allez devoir être bien accroché, ça oui. Laissez moi dont vous raconter une petite histoire, une merveilleuse et vieille aventure datant d'une décennie déjà : celle de l'empire Marvel.


Voyez-vous, à l'heure où les productions de films de super-héros adaptés de comics n'étaient que projets épars, l'argent coulait mais dans bien trop de sens. C'est ici que Marvel nous joua son plus beau tour : l'établissement d'un conglomérat d'œuvres devant aboutir en une mécanique prospère. Iron man y passa puis ce fut au tour de Thor et enfin de Captain America pour ne citer que les principaux. Par la suite s'est vu rajouté au bordel d'énièmes volets plus ou moins intéressants ainsi que diverses autres têtes désormais familières (Les gardiens de la galaxie, Ant-man, Doctor Strange, bla-bla-bla etc).


Mais ce n'était pas tout car écrire des histoires sur un héros à la fois n'était que le premier acte d'un plan finement ourdi : Les Avengers. Alors là, les bonnes gens de Marvel ils en avaient les boules qui suintent je peux vous dire. Car proposer un All-Star des quatre années précédentes et balancer le tout à la face de spectateurs qui n'étaient pas encore tout à fait habitués à autant de gigantisme super-héroïque sous super-héroïne, ce n'était pas rien.


Hélas, l'intérêt diminuait peu à peu à mesure que les années passaient et ce n'était certainement pas la fausse ambition de sa suite, l'Ère d'Ultron, qui allait rectifier le tire. Au contraire, nous avions l'impression de nous perdre dans pléthore d'histoires les unes repompées sur les autres, n'apportant au divertissement qu'un léger sursaut juste bon à se faire consommer puis oublier le lendemain (à de petites exceptions près).


Alors quand a été annoncé la sortie d'Infinity War, beaucoup avaient de très bonnes raisons de ne pas espérer grand chose. L'envie et le désir avec un film Marvel c'est un peu comme un fast-food vous voyez : plutôt appétissant mais difficilement distingué, mal nourrissant et par trop regretté. Tout cela pour dire qu'on en attendait pas davantage que ce qu'on avait l'habitude de retrouver dans l'assiette : Maxi best-of mc Chicken, frites et Ice Tea. La base.


Et bien, vous pouvez tout remballer parce que...merde...merde et re merde ! C'est bien. C'est bien ? Non, c'est même plus que ça, c'est excellent. Est il prématuré de le considérer comme le meilleur Marvel depuis...disons...toujours ? On dirait bien que non, mazette. J'en reviens presque toujours pas d'un truc pareil, surtout quand on sait à quel point ce type de film peut se montrer assez frileux au niveaux des véritables enjeux de leurs scénarios (dans le sens où l'on devine très généralement leurs fins dès la bande-annonce), et je ne parlerai même pas de la souris démoniaque et de sa capacité à aggraver une certaine forme de censure.


Mais bref, on va parler du présent métrage vu que nous sommes là pour ça. L'histoire est si simple qu'elle tient en une phrase (même si pour bien comprendre tout il vous faut vous farcir dix ans de pellicules) : Thanos se fritte aux Avengers et autres personnages récurrents du MCU pour trouver les six pierres d'infinités et ainsi détenir le pouvoir suprême. Point. Bien évidemment dans les faits tout est un poil plus compliqué mais vous l'avez votre idée.


Déjà, il faut bien préciser que oui, à film d'action hors normes son lot (sa caisse, son cargo, que dis-je son entrepôt) d'explosions, de baston en veux-tu en voilà, de blaguounettes jetées entre deux phases dramatiques, de fonds verts, d'effets spéciaux, de rayons lasers, de gens qui gueulent de partout, qui font des poses comme quoi ils sont hyper cool et intenses, (reprend son souffle), de répliques parfois un peu nazes, de répliques parfois un peu chouettes, de seconds couteaux qui cabotinent, de second couteaux qui s'en sortent à te filer du viagra, de héros, de super-héros plein de valeurs et tout et tout, de méchants, de super-méchants qu'ont aussi des valeurs et tout et tout... C'est un fait. Nous sommes au courant et nous décidons pour autant d'enfoncer les deux pieds dans la vase parce qu'après tout, de la vase il y en a aussi sur de belles plages.


Et puis tout n'est pas réellement du déjà vu, quoi qu'on puisse se penser totalement blasé. C'est dynamique, puissant. L'action est suffisamment bien rythmée pour laisser y voir une forme d'intelligence comme un gamin qui finirait par apprendre à force de persister. L'humour tire évidemment la couverture vers lui mais étrangement celui-ci semble se poser assez naturellement, moitié malaise, moitié second degré assumé. Pas de la mauvaise facture en somme. Visuellement aussi, le boulot est irréprochable, on en vient encore à se dire (et heureusement d'ailleurs) que c'est dingue de parvenir à faire cela aujourd'hui...


Mais alors...au milieu de tout cela il y a le scénario. Et là, si l'on pensait se faire emmener bien sagement vers une résolution aussi attendue que la mort, il y avait bien de quoi déchanter (des gens ont même crié au scandale dans ma salle de ciné c'est dire). Car dans ce troisième opus d'Avengers on ne s'attaque pas au premier vilain venu dont le plan serait celui d'un enfant de quatre ans à qui on a volé son jouet, non, on s'en prend à Thanos, LE grand méchant parmi les méchants, celui-là même qu'on nous tease depuis une éternité. Autant dire que l'arsouille y déconne zéro. Le type est balèze, malin, devient de plus en plus balèze et malin à mesure qu'il s'empare des pierres et surtout...surtout, Thanos a un fond derrière une forme de monsieur propre violet taille XXL, avec des motivations abjectes (certes) mais hautement compréhensibles. Thanos ne souhaite pas la destruction ni semer l'horreur parce que ça la lui ferait lever, mais la paix, une forme de paix difficile à comprendre, à la fois bienveillante et miséricordieuse : deux idées que l'on attribue généralement aux divinités.


Du coup, peut on dire que nous venons d'assister à "Thanos le film", lorsque nos chers héros n'ont que peu de développement psychologique en contrepartie (ce qui est également dû au fait que tout un chacun a en tête les précédentes œuvres) ? Je veux, oui. Dois-t-on croire en Marvel, saint patron du divertissement ? Absolument. Retournerons nous encore au cinéma voir les prochains épisodes ? Cela ne change pas en l'occurrence, hormis le fait que maintenant, peut-être pourra-t-on s'attendre à de bonnes surprises et non plus seulement à du calibrage très précis. Il était temps.

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le 26 avr. 2018

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Fosca

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